2/ Evolution de la population depuis 1950 : peu de
changement de la structure par âge.
source : données issues de la Division de la Population
des Nations Unies (2010).
source : données issues de la Division de la Population
des Nations Unies, 2010.
Entre 1950 et 2010, la population du Burkina Faso passe de 4,3
millions d'habitants à 15,7 millions. Dépassant les 12 millions
en 2000, la population du pays avait triplé en l'espace de 50 ans. Les
pyramides ci-dessus nous permettent de comparer la population de 1950 avec
celle de 2010. Que ce soit en 1950 ou en 2010, les graphiques présentent
tous deux une forme « pyramidale », laquelle illustre la forte
proportion de jeunes (enfants, adolescents et jeunes adultes), et la
très faible proportion de personnes âgées (pyramide
éffilée). Concernant le rapport de sexe, on observe une
légère asymétrie en 1950, la proportion d'hommes
étant légèrement supérieure à celle des
femmes, à tous les âges. En 2010, la part des hommes reste plus
importante aux âges jeunes et adultes, mais l'on commence à voir
apparaître une légère prépondérance des
femmes aux âges élevés. D'une façon
générale, la forme de la pyramide traduit une natalité et
une mortalité élevées, et la première strate en
particulier suggère une forte fécondité associée
à une forte mortalité infanto-juvénile. La pyramide en
2010 présente « affaissement » des flancs, un peu plus du
côté masculin, qui traduit le phénomène
d'émigration, qui touche plus les hommes, et peut-être aussi, dans
une moindre mesure, l'impact de l'épidémie de sida, qui touche
les adultes en particulier, et les femmes un peu plus que les hommes.
3/ Rapport de masculinité selon l'âge :
impact des migrations internes et externes.
Source : données issues de la Division de la Population
des Nations Unies (2010).
Le rapport de masculinité correspond au nombre d'hommes
pour cent femmes. Pour calculer le rapport de masculinité pour une
tranche d'âge on utilise le nombre d'hommes de cette tranche d'âge
rapporté au nombre de femmes de la même tranche d'âge. Le
rapport de masculinité à la naissance est une constante
démographique. Partout dans le monde, il est égal à 105.
En Afrique il est cependant plus proche de 104. Le graphique ci-dessus,
établi à partir des estimations de populations à chaque
âge par la Division de la Population des Nations Unies, présente
une allure étrange en comparaison avec les rapports de
masculinité issus des enquêtes et recensements nationaux. Il est
certainement faussé par la non-prise en compte de certains
phénomènes, en particulier les migrations. Le données
issues des enquêtes et recensements permette d'obtenir le graphe
ci-dessous, dont l'allure est différente.
Source : graphique issu du rapport du RGPH 2006.
Ce graphique nous permet d'observer, pour l'année 2006,
les variations du rapport de masculinité selon l'âge, et selon le
milieu de vie. L'étude du sex ratio va se réveler très
intéressante pour l'étude de la répartition de la
population, ainsi que des mouvements, entre milieu urbain et milieu rural, en
fonction des périodes de la vie. A la naissance, donc, le sex ratio est
légèrement supérieur à 100. Concernant la
population générale qui suit la même progression que la
population rurale, les hommes sont légèrement en surnombre
jusqu'à 10 ans, puis leur part diminue, et ils sont largement
sous-représentés à l'âge adulte, et dans une moindre
mesure aux âges avancés. En revanche, les hommes sont
déficitaires avant 10 ans en milieu urbain, mais deviennent largement
majoritaire à l'âge adulte. Après 60, en milieu urbain de
la même façon qu'en milieu rural, les hommes sont
sous-représentés. Il y a donc plusieurs éléments
à expliquer : 1/ la surmasculinité aux âge jeune en
population générale, 2/ la surmasculinité à
l'âge adulte en milieu urbain, 3/ la sousréprésentation des
hommes dans la population générale à l'âge adulte,
et enfin, 4/ leur sousreprésentation généralisée
aux âges avancés. Le 1/ s'explique par la constante qui fait qu'il
naît plus
de garçons que de filles. Mais ce
déséquilibre à la naissance est en général
compensé par une surmortalité masculine dans l'enfance et autour
de 20 ans (plus de conduites à risque). Le 2/ s'explique probablement
par l'exode rural. A partir de 15 ans, nombreux sont les jeunes hommes actifs
qui migrent vers les centres urbains pour trouver du travail. Et en
général ils y restent. Le 3/ doit s'expliquer par
l'émigration internationale. S'il l'immigration existe aussi, elle est
moins importante. Ces hypothèses semblent confirmer par l'étude
du rapport de masculinité des migrations. Ainsi, en 1985, le rapport de
masculinté des migrations internes était de 130. Concernant les
migrations internationales récentes en 1985, on comptait 144 hommes
immigrants pour 100 femmes, et 394 émigrants. En 1996, le rapport de
masculinité donne 132 pour l'immigration internationale récente,
et 540 pour l'émigration [RGPH 2006]. Enfin, le 4/ s'explique par la
mortalité différentielle aux âges avancés, que l'on
observe dans tous les pays développés, où les gens vivent
de plus en plus vieux. Les femmes vivent en moyenne plus longtemps que les
hommes.
La courbe représentant la population
générale met donc en évidence l'émigration massive
d'hommes actifs vers l'étranger. En effet, des données
qualitatives montrent que beaucoup de Burkinabés migrent vers la
Côte d'Ivoire, le Gahna, le Bénin, pour trouver du travail. Le
Burkina Faso reste aujourd'hui le principal réservoir de main d'oeuvre
de la Côte d'Ivoire.
Nous avons construit la graphique suivant à partir des
effectifs de population par âge et par sexe de l'enquête
démographique de 1960, et du RGPH de 2006, nous permettant de comparer
l'allure des courbes représentant le rapport de masculinité
à chaque âge aujourd'hui et il y a cinquante ans. En 1960, les
hommes sont sur-représentés tout le temps à l'exeption de
la tranche 20- 44 ans. D'après le rapport du RGPH 2006, on observe le
même phénomène à l'issu du recensement de 1975.
L'explication donnée est une sous-déclaration des femmes durant
l'enquête pour des raisons liées à l'impôt de
capitation en vigueur à l'époque. Il est probable que la
même raison explique l'allure de la courbe en 1960.
Nombre d'hommes pour 100 femmes
Evolution du rapport de masculinité selon
l'âge, Burkina Faso, 1960-2006.
140
130
120
110
100
90
80
70
60
50
40
30
20
10
0
SR 1960
SR 2006
Groupes d'âge
Source : enquête démographique (1960), et RGPH
(2006). SR correspond au Sex Ratio, ou rapport de masculinité.
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