8. CONCLUSION
Conclusion
L'accessibilité aux soins de santé demeure un
problème au Burkina Faso. L'insuffisance des ressources humaines
grève la qualité et la disponibilité des soins de
santé. Si des efforts ont été consentis dans la mise
à disposition de médicaments génériques moins chers
pour les malades, les moyens de suivis de la sécurité
d'utilisation des ces médicaments sont quasi inexistants. En effet il
n'y a pas de pharmacovigilance organisée au niveau national. Cette
situation est préoccupante pour les populations vulnérables en
particulier les femmes enceintes.
C'est dans ce contexte que nous avons entrepris
d'étudier le risque de toxicité lié aux prescriptions
médicamenteuses chez la femme enceinte dans les formations sanitaires
périphériques de la Commune Urbaine de Ouagadougou.
Cette étude montre que dans les formations sanitaires
enquêtées, un personnel non médecin composé
d'accoucheuses auxiliaires, de sage -femmes / maeuticiens d'Etat a
été l'auteur de toutes les prescriptions médicamenteuses
reçues par les femmes enceintes.
Les ordonnances médicales remises aux patientes
respectaient peu la qualité réglementaire et pharmacographique.
L'identification du prescripteur ou de la patiente faisait défaut sur
plus de 2/3 des ordonnances médicales.
Une moyenne de 2,4 médicaments par ordonnance
médicale a été observée. Par ailleurs, les
médicaments prescrits étaient des compositions de plusieurs
principes actifs dans 1/3 des cas, et des médicaments à
dénomination commerciale dans plus de la moitié des cas.
Les principales situations à risques pour la femme
enceinte ont été (i) une exposition plus importante aux
médicaments durant le premier trimestre de grossesse (période de
l'organogenèse), (ii) la prescription de médicaments
contre-indiqués retrouvés dans 15 % des ordonnances
médicales émises soit 7 % de l'ensemble des médicaments
prescrits, (iii) la prescription de médicaments ne
bénéficiant pas de recul dans leur utilisation chez la femme
enceinte (16 %).
Chez les prescripteurs, des difficultés concernant la
manipulation de certaines molécules chez la femme enceinte, notamment
les Anti-inflammatoires non stéroïdiens, les Cyclines, la vitamine
A et le cotrimoxazole ont été relevées. Ce qui vient
confirmer le constat de la non diversité des sources d'informations
médicales des prescripteurs.
Prescrire d'une manière générale est loin
d'être un acte banal de routine. Prescrire chez la femme enceinte est un
exercice encore plus difficile car il y a là deux vies en jeu.
Seul un raisonnement au cas par cas, fondé sur des
connaissances scientifiques actualisées est gage d'une prescription
rationnelle et sécurisée chez la femme enceinte, à
même de transcender la problématique de la prescription aveugle ou
de la non prescription.
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