7.2.3.2. Les médicaments prescrits
L'ensemble des ordonnances médicales analysées
totalise 675 lignes de prescription de médicaments. La chloroquine
(8,9%) et l'association Sulfadoxine-Pyriméthamine
(4,6%) sont parmi les médicaments les plus
fréquemment prescrits. Le rang occupé par la chloroquine
témoigne d'une certaine lenteur dans la mise en route des
recommandations du nouveau protocole de prévention du paludisme chez la
femme enceinte, notamment le Traitement Préventif Intermittent (TPI)
intervenu en 2005 [62] et dont le délai d'application avait
été fixé à Juin 2006 (avant le début de
notre étude). L'application de ce protocole doit permettre de faire face
aux échecs thérapeutiques liés à la
résistance du Plasmodium falciparum à la chloroquine
[46].
L'échec de la couverture prophylactique antipalustre au
moyen de la chloroquine peut favoriser l'automédication et partant
potentialiser le risque toxique des médicaments chez la femme
enceinte.
Il en est de même de la non prise en compte du
coût des médicaments dans les prescriptions au regard des
caractéristiques socio-économiques des patientes
enquêtées (Tableau II). En effet 18 % des
médicaments prescrits ne figurent pas sur la LNME [64] et 54 %
des médicaments étaient prescrits en dénomination
commerciale. Cette situation pourrait s'expliquer par le marketing pressant des
délégués médicaux.
Du point de vue présentation pharmaceutique des
médicaments prescrits, 36,7% d'entre eux étaient
des associations d'au moins deux principes actifs. En dehors des
associations
telles que sulfadoxine-pyriméthamine et fer/acide
folique dont l'intérêt est indiscutable, de tels
médicaments composés amplifient l'exposition
médicamenteuse au cours de la grossesse.
Les médicaments prescrits se repartissent entre 15
familles différentes. On remarque une prédominance des
antiparasitaires (31,6%), des antianémiques
(24,6%), des médicaments gynécologiques,
(10,8%) et des antispasmodiques (9,8%). Les
médicaments anti-infectieux ont représenté 4,7 %
de l'ensemble des médicaments prescrits.
En comparant nos résultats avec ceux issus d'autres
études, il se dégage une différence dans la consommation
médicamenteuse chez la femme enceinte :
- Zoungrana a trouvé en 1993 à Ouagadougou une
prédominance des antibiotiques et des antalgiques [100] ;
- Hérique et collaborateurs dans le département de
l'Aube (France) ont trouvé en 2000
une prédominance des vitamines/minéraux et des
antalgiques/antipyrétiques [38] ;
- Damase-Michel et collaborateurs ont trouvé en 1995
à Toulouse (France) une
prédominance des médicaments utilisés en
Hématologie et en Cardiologie [18] ;
- Lacroix et collaborateurs ont trouvé en 1996 en
Haute-Garonne (France) une
prédominance du fer et des médicaments du tractus
gastro-intestinal [51].
Les différences observées sont probablement
imputables aux contextes épidémiologiques
et, dans une certaine mesure, aux habitudes de consommation
médicamenteuse.
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