7.2.3. Les prescriptions de médicaments
7.2.3.1. Caractéristiques des ordonnances
médicales
- Qualité réglementaire et
pharmacographique des ordonnances médicales
Au plan réglementaire, les prescripteurs dans leur
majorité ne s'identifient pas sur leur prescription : 2,8 %
des ordonnances portaient le nom du prescripteur et 7,3 %
en précisaient la qualification. Cela rend impossible tout
contact avec le prescripteur si besoin l'était, par exemple pour les
besoins de la dispensation à l'officine. D'autre part, l'ordonnance
médicale en tant que document médico-légal engage les
responsabilités du prescripteur, d'où toute l'importance d'une
identification correcte de celui-ci.
Dans 68,9 % des cas, la prescription n'a pas
mentionné le nom de la patiente et il était exceptionnel qu'une
prescription mentionne l'adresse ou l'âge de la femme. Il se pose ainsi
un problème de traçabilité des prescriptions
médicamenteuses.
L'authentification de la prescription était bonne dans
l'ensemble puisque dans plus de 80% des cas, les prescriptions
comportaient la date et le cachet et 61,2 % des prescripteurs
ont signé sur leur prescription.
Dans l'ensemble, il apparaît que la plupart des
prescripteurs n'accordent guère de l'importance à l'entête
de l'ordonnance où doivent être mentionnées
l'identité du prescripteur et celle de la patiente. Ils
préfèrent passer directement au corps de l'ordonnance pour y
lister les médicaments. Nos résultats corroborent ceux de
Compaoré et collaborateurs [17].
- Qualité pharmaceutique des ordonnances
médicales
Au total 286 ordonnances médicales ont été
prescrites à 282 patientes sur un total de 378 patientes reçues
en consultation.
Le nombre de médicaments par ordonnance variait de 1
à 7.
Une polymédication avec au moins 4 médicaments
prescrits a concerné 17 % des ordonnances. Ceci est en
contradiction avec les principes de prescription chez la femme enceinte qui
préconisent de prescrire le moins possible de médicaments
à la fois [33 ; 96].
Le nombre moyen de médicaments par
consultation a été de 1,8 dans notre
étude. Il est proche de celui trouvé par Compaoré et
collaborateurs en 2000 qui était 1,9
[17].
Le nombre moyen de médicament par ordonnance a
été de 2,4 dans notre étude. Il est
comparable à celui de Zoungrana qui a trouvé le même
chiffre en 1993 à Ouagadougou
[100] et à celui de Hérique et collaborateurs
qui ont trouvé une moyenne de 2,1 en 2000 dans le
Département de l'Aube en France [38].
Il existe une relation statistiquement significative entre le
nombre moyen de médicaments par ordonnance médicale et
l'âge de la grossesse (P= 0,01). La moyenne la plus
élevée (2,8 médicaments par ordonnance) a
été observée chez les femmes au premier trimestre de
grossesse. Ainsi, le premier trimestre correspond à la période de
plus grande exposition aux médicaments dans notre étude.
Zoungrana avait fait le même constat en 1993 [100]. Or, cette
période de la grossesse est connue pour être la plus sensible aux
médicaments eu égard à l'organogenèse en cours [18
; 19 ; 33 ; 58; 72 ; 73 ; 78 ; 89 ; 96].
Au plan adéquation des prescriptions d'avec le terrain
gravidique, cinq ordonnances médicales comportaient des
interactions médicamenteuses (IAM) mais aucune interaction majeure n'a
été observée. Cette faible proportion de prescriptions
comportant des IAM (moins de 2%) ainsi que le caractère
mineur des IAM identifiées (interactions à prendre en compte)
pourraient s'expliquer par une certaine tendance à la standardisation
des prescriptions dans les FS périphériques (CSPS). De toute
évidence, la prise en compte des interactions médicamenteuses
contribue à la qualité des prescriptions.
Par ailleurs, 15% des ordonnances contenaient
au moins un médicament contre-indiqué chez la femme enceinte.
Parmi elles, 3 ordonnances avaient 2 médicaments contre-indiqués.
Le pourcentage de prescriptions contre-indiquées dans notre étude
est inférieur à celui trouvé par Zoungrana en 1993 qui
était de 24,6 % [100]. Cette différence pourrait
s'expliquer d'une part par une amélioration de la qualité de la
prescription avec le temps. D'autre part, dans notre approche, nous avons
considéré à part l'ensemble des médicaments pour
lesquels on ne dispose pas de données chez la femme enceinte, soit
16% du nombre total de médicaments prescrits. D'aucuns
diraient qu'ils sont contre-indiqués.
L'analyse des prescriptions contre-indiquées montre que
celles-ci sont plus ou moins uniformément réparties aux
différents âges de la grossesse (P = 0,86) (tableau XVI). Par
ailleurs, nous n'avons pas trouvé de lien statistiquement significatif
entre prescriptions contre-indiquées et qualification de l'agent
prescripteur (P = 0,23) (tableau XVI). En revanche il existe une relation
apparente entre prescriptions contre-indiquées et DS (P =
0,01). Ce résultat pourrait être attribué à
une différence dans les habitudes de prescription ou à une
différence de mise à niveau des agents d'un district sanitaire
à l'autre.
Au plan modalités de prise des médicaments
(schéma thérapeutique), il ressort que seulement
8% des ordonnances médicales comportaient le moment de
prise des
médicaments par rapport aux repas. Or, le moment
d'administration peut influencer considérablement la cinétique
des médicaments et par voie de conséquence, leurs effets
pharmacologiques. Par ailleurs, moins de 12% des prescriptions
ont précisé la durée du traitement. La non
précision de la durée du traitement peut être à
l'origine d'une prise du médicament au delà du temps requis pour
le traitement, ce qui pourrait potentialiser leurs effets toxiques.
L'analyse des ordonnances médicales a montré
deux catégories de personnel, les accoucheuses
auxiliaires et les sages-femmes et maeuticiens d'Etat, commises à la
tâche de prescription médicamenteuse dans les FS. Ces
catégories de personnel ont totalisé un nombre de prescriptions
comparable (48,6% versus 48,2%). Ceci met à nu le
problème des ressources humaines dans nos FS. En effet, les accoucheuses
auxiliaires, agents dits de
première ligne, n'ont pas été
outillées lors de leur formation pour prescrire des
médicaments.
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