La femme enceinte constitue un terrain particulier en
matière de pharmacothérapie au regard de la sensibilité du
produit de conception aux médicaments. Ainsi, la prescription de
médicaments chez la femme enceinte obéit à une certaine
attitude visant à prendre en charge la patiente tout en
préservant la grossesse.
L'attitude optimale réalise un compromis entre d'une
part l'indication au traitement, et d'autre part l'importance du risque que
celui-ci fait courir au foetus et à la mère. Dans la pratique,
deux situations peuvent se présenter :
- une femme traitée au long cours (cardiopathies,
diabète, épilepsie, maladies rhumatismales, pathologies
psychiatriques, etc.) désire une grossesse ;
- un traitement médicamenteux s'avère
nécessaire chez une femme enceinte (infections, douleurs, etc.).
Dans l'une ou l'autre de ces situations, la question qui se pose
est comment envisager une thérapeutique maternelle efficace, la moins
nocive possible pour le futur enfant.
Dans tous les cas, le respect des principes suivants peut aider
dans la démarche [31 ; 33 ; 40 ; 58 ; 72 ; 78 ; 96] :
· La prescription médicamenteuse sera
évitée au premier trimestre de la grossesse dans la mesure du
possible ;
· Si possible opter pour les traitements non
médicamenteux ;
· La mère est prioritaire et si un traitement
s'avère potentiellement délétère pour le foetus
mais vital pou la mère, il doit être prescrit après
discussion ;
· Tout agent prescrivant un médicament à une
femme en âge de procréer devra avoir en tête
l'éventualité d'une grossesse ;
· En général, la notion de
tératogénicité dépend du médicament, de la
dose administrée, de la voie d'administration, de la durée du
traitement et surtout de l'âge de la grossesse ;
· On préférera aux nouveaux
médicaments ceux bénéficiant d'un recul quant à la
sécurité de leur utilisation pendant la grossesse ;
· Pour un médicament donné, on prescrira la
dose minimale efficace possible et pour une durée de traitement la plus
courte possible ;
· On préférera les médicaments
à un seul principe actif bien connu par rapport aux médicaments
comportant plusieurs principes actifs ;
· Expliquer la prescription à la patiente et la
rassurer afin qu'elle adhère au traitement ;
· Ne pas oublier que les données de la
littérature sur le risque médicamenteux sont peu nombreuses,
parfois contradictoires et pouvant être mises à jour à la
faveur des résultats issus de nouvelles études
épidémiologiques ;
· Enfin, toute exposition médicamenteuse
problématique devrait être déclarée aux centres de
pharmacovigilance afin d'alimenter les données sur la question.