3.4. Utilisation des médicaments chez la femme
enceinte
3.4.1 Pharmacocinétique chez la femme enceinte
Les modifications physiologiques et métaboliques dues
à la gestation vont avoir des répercussions sur la
pharmacocinétique et, éventuellement la pharmacodynamie des
médicaments. L'étude de ces modifications tient également
compte de la présence d'un compartiment pharmacocinétique
supplémentaire constitué par le foetus et ses annexes (liquide
amniotique et placenta).
3.4.1.1. Résorption
- Résorption
gastro-intestinale : le temps de vidange gastrique et le
temps de transit intestinal sont souvent majorés de 30 à 50 %
chez la femme enceinte. Ceci est en rapport avec la forte concentration
plasmatique en progestérone qui réduit la motilité et le
péristaltisme intestinaux. La sécrétion gastrique acide
est abaissée de 40 % de même que l'activité peptique, alors
que la sécrétion du mucus est favorisée. Par ailleurs, le
flux sanguin gastro-intestinal est augmenté. L'augmentation du pH
gastrique modifie l'ionisation des médicaments. Les médicaments
bases faibles seront non ionisés, donc mieux résorbés. La
résorption gastro-intestinale des médicaments apparaît
ainsi variable chez la femme enceinte.
Par exemple, la résorption des médicaments comme
la riboflavine, l'hydrochlorothiazide, la spironolactone, la
carbamazépine est augmentée alors que celle de
l'érythromycine, et du phénobarbital est diminuée.
- Résorption
intramusculaire : elle dépend des flux sanguins
régionaux et de la perfusion des tissus périphériques.
Chez la femme enceinte ces flux sanguins sont augmentés en raison d'une
vasodilatation générale et de la diminution des
résistances périphériques. Cependant en fin de grossesse,
le flux sanguin peut être nettement ralenti au niveau des membres
inférieurs par la présence d'oedèmes.
- Résorption pulmonaire : le
volume respiratoire par minute et la ventilation sont augmentés au cours
de la grossesse. La vitesse d'équilibration des gaz et des substances
solubles dans les liquides alvéolaires est
accélérée. Les particules des aérosols
médicamenteux (bronchodilatateurs, anesthésiques)
pénètrent rapidement à travers l'arbre respiratoire
jusqu'aux alvéoles, améliorant ainsi la résorption des
médicaments administrés par cette voie. Le débit sanguin
pulmonaire est majoré de 30 %. Ainsi, l'éthanol, le chloroforme
et l'halothane par inhalation pulmonaire atteindront très vite des
concentrations tissulaires élevées.
- Autres niveaux de
résorption : l'augmentation des débits
sanguins régionaux favorise la résorption des médicaments
au niveau cutané et muqueux. La résorption au niveau de la
muqueuse vaginale devient plus importante [79].
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