II.2.3. Vision libérale du rôle de
l'Etat
Partant du principe que les hommes politiques et les
fonctionnaires sont motivés par la même recherche de
l'intérêt personnel qui fonde l'analyse néoclassique, la
théorie des choix publics suppose qu'ils cherchent alors à
maximiser leur utilité personnel (utilité qui peut contenir des
composantes plus complexes que simplement leur revenu : l'intérêt
collectif, l'altruisme, la recherche du pouvoir, etc.).Elle utilise ensuite les
outils de l'analyse néoclassique pour expliquer le processus de prise de
décision politique, afin d'exposer les dérives
systématiques en faveur des politiques gaspilleuses.
Par contraste avec la pensée économique classique
qui cherche à savoir quelles politiques seraient les plus efficaces
si elles étaient mises en places, les libéraux traitent de la
question de
52 Buchanan J. « External Diseconomies,Corrective
Taxes and Market Structure » American Review, 1969.
53 TULOCK G. (1967): « The general irrelevance of
the general impossibility theorem» Quaterly Journal of Economics,
81, p 256-270.
savoir quelles décisions ont le plus de chance
d'être prises étant donné le contexte politique ? A partir
de là, et dans un second temps, elle traite la question de comment faire
en sorte que les politiques les plus efficaces gagnent les meilleures chances
d'être mises en oeuvre.
Egalement dans le processus de choix publics, on doit tenir
compte d'autres intermédiaires que sont les groupes
d'intérêt formés par les citoyens qui ne sont pas vraiment
des intermédiaires. Toutefois, il est clair que ce ne sont pas tous les
intérêts qui s'organisent de manière aussi efficace et que
les groupes d'intérêt les mieux organisés deviennent un
interlocuteur privilégié du Gouvernement et de l'Administration,
dressant une barrière entre les préférences des citoyens
et les choix publics.
D'une part Mancur OLSON pense que les petits groupes ont moins
de difficultés de s'organiser que les groupes plus nombreux. Dans les
grands groupes en effet, le passager clandestin, celui qui profite des
avantages des autres sans participer aux coûts, risque d'avantage de
faire dérailler l'action collective. Chaque individu se dit que l'impact
de sa propre participation, qu'il s'agisse de manifester ou de payer une
cotisation, sera négligeable, alors qu'il devra supporter des
coûts bien tangibles. D'autre part, il est plus difficile de
contrôler les passagers clandestins, en les intimidant ou en les
boycottant, dans un grand groupe impersonnel que dans un petit groupe. Donc les
petits s'organiseront mieux pour exploiter les grands que l'inverse. Le fait
que les petits groupes ont souvent des intérêts concentrés
(chaque membre retire beaucoup de l'action collective du groupe) alors que les
grands groupes ont fréquemment des intérêts diffus (par
exemple chaque contribuable paie une partie infime d'une subvention) ajoute
à la surreprésentation des petits groupes dans l'action
collective.
Il importe alors de comprendre que la force des
intérêts organisés vient essentiellement du pouvoir de
l'Etat d'accorder des mesures protectionnistes, monopoles, subvention et autres
privilèges. C'est pour obtenir ces avantages que les groupes
d'intérêt s'engagent dans le lobbying, les campagnes d'opinions
publiques et d'autres moyens de pression. C'est ce que les économistes
appellent la course aux rentes ou le rent seeking.
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