II.2 Territoires et réseaux, une nouvelle
géographie économique
II.2.1. Les territoires dans les chaînes de
valeur mondialisées.
La mondialisation de l'économie produit une
géographie profondément différente qui a une traduction
rapide sur les ressources des territoires. Ce qui fait que les territoires
doivent s'inscrire dans des réseaux. Ainsi, la notion de
proximité doit être rediscutée. L'accent mis sur la
capacité d'un territoire à attirer des investisseurs
étrangers est de plus en plus important. Paradoxalement, cela
témoigne pleinement du fait qu'aucun développement n'est
véritablement exogène. Les investisseurs alimentent
généralement des concentrations sectorielles
préexistantes.
II.2.2-L'économie résidentielle, nouveau
ressort du développement territorial
A la pensée de KRUMMER46 (1968) et de Werner
SOMBART47 (1916), généralisée par des auteurs
comme HOYT48 (1954), Douglass NORTH49 (1955) ou
TIEBOUT50 (1956), la variable décisive du
développement territorial est le revenu monétaire capté de
l'extérieur par les territoires (qui est appelé revenu basique).
La rémunération des facteurs locaux de production de la valeur
ajoutée créée localement n'est qu'une modalité
parmi d'autres de captation de ces revenus. Cette base productive est
désormais moins importante que les autres sources de revenu que sont
devenus les salaires associés aux emplois publics, les pensions de
retraite, les prestations sociales ou le revenu des « résidents non
recensés » (résidents secondaires, touristes...).
Les travaux de Laurent DAVEZIES51 (2004-2003)
basés sur un constat macroéconomique : l'augmentation du temps
libre, le développement technologique (Internet, portable...)
participant de plus en plus au découplage entre lieux de production et
lieux de consommation, attestent ainsi de l'importance d'une base
économique résidentielle qui permet de comprendre le
développement de certains territoires. Il en découle que le
véritable enjeu du développement d'un territoire n'est pas de
créer le plus de richesses possible mais d'en capter le plus
possible.
Le mécanisme du « développement basique est
simplifié, le territoire attire de diverses façon des revenus de
l'extérieur qui constituent la base économique, ce revenu stimule
l'activité locale, l'emploi national ou local qui produit des biens de
consommation ou d'équipement et des services vendus localement d'une
part, et détermine ainsi le niveau de revenu, d'emploi et de
cohésion du territoire.
46 Krummer : « Das Urheberrechlich Sschutzbare
verk ( l'oeuvre protégéable en droit d'auteur),Berne,
Stâmpfli et Cie,1968,226 pages.
47 Sombart W. : « Müchen und Leipzig
».Der moderne kapitalismus, 1916.
48 Hoyt : « Economie Résidentielle et
Compétitivité des territoires », 1954.
49 North: « Location Theory and Regional Economic
Growth »journal of Political Economy 63, (Juin 1955), p.243-258.
50 Thiebout : « A pure theory of local
expenditures».Journal of Political Economy,64 ,1956,p.416-424.
51 Davezies L : « Temps de la production et
temps de la consommation, les nouveaux aménageurs des territoires ?
» in Futuribles, Novembre 2003. « Les transferts publics et
privés de revenu au secours du développement territorial »in
l'Etat des Régions, éd.2004, 2004.
Mais alors est il possible de définir
l'intérêt général à partir des
préférences individuelles ?les économistes ont pendant
longtemps comparer le marché et ses défaillances avec
l'intervention d'un Etat présumé parfait. Les travaux de Jan
TINBERGEN (mathématicien) et Ragnard FRISCH
(économiste) tous deux prix Nobel de Sciences économiques en
1969, partisans de la planification se situaient dans cette mouvance. Mais
c'est la théorie du bien être qui s'était surtout
donné pour mission d'explorer la défaillance du marché
justifiant l'intervention de l'Etat. On ignorait une question qui semble
aujourd'hui évidente : qu'advient il de la comparaison si on abandonne
l'hypothèse d'un Etat parfait, si on essaie de voir comment il se
comporte dans la réalité ? C'est la question qu'ont posée,
à partir des années 1950, les économistes fondateurs de
l'Ecole des « Choix Publics ». L'un des plus importants d'entre eux
James BUCHANAN52 (Prix Nobel d'économie 1986) et Gordon
TULLOCK53 (1967)
Ces auteurs expliquent la politique ici à l'aide des
outils développés par la microéconomie. Les hommes
politiques et les fonctionnaires se conduisent comme le ferraient les
consommateurs et les producteurs de la théorie économique dans un
contexte institutionnel différent. La motivation du personnel politique
est de maximiser son propre intérêt, ce qui inclut
l'intérêt collectif. L'hypothèse étant que les choix
individuels sont motivés par l'intérêt personnel dans un
sens plus ou moins large.
|