- Mon séjour dans la rue remonte à longtemps,
mais si je me rappelle bien, on m'avait accusé d'avoir volé un
vélo. Et ma mère m'a dit de ramener le vélo sinon elle
m'amène à la police. C'était des menaces, mais
[C-AM(i)][C-AP(l)] je suis parti sur ce coup de tête et je suis
resté dans la rue.
- Comment s'est passé ton arrivée dans la rue
?
- [C-SA] Mon séjour dans la rue à Pikine a
pris fin quand l'ambulance du Samu Social est venu me récupérer.
Au centre, on m'a posé des questions, ils ont fait des
recherches jusqu'à trouver ma mère qui est venue me rendre visite
au centre. Et du coup, je n'ai pas voulu rentrer avec elle et j'ai dit au
personnel du Samu Social que je voulais être dans un centre dans
le but d'apprendre un métier pour travailler. Ils m'ont
amené dans un premier temps dans un centre qui s'appelle « E.
» et c'était plein. Ils ne pouvaient pas me recevoir donc on m'a
ramené au Samu Social et je suis venu jusque la Liane.
- Tu dis être parti sur un coup de tête, mais il y
avait autre chose avant ça ? d'autres problèmes ?
- Auparavant, j'étais fatigué dans la maison et
spécialement, c'est mon père qui rentrait tard le soir, et
à chaque fois qu'il rentrait, il me réveillait pour me faire
faire des commissions et j'avais peur car le quartier est dangereux. Il
m'envoyait à la boutique, et le chemin à traverser était
très dangereux.
- Comment s'est passé ton intégration dans la rue
? Tu étais seul ? Avec un groupe ? Qu'as-tu dû apprendre pour
t'adapter ?
- [S-IG] J'avais comme référence quelqu'un
de plus grand que moi, mais que de taille. Il avait de l'argent sur
lui, il me payait le petit déjeuner et c'est celui là qui
m'a fait rencontrer M. et c'est aussi lui qui m'a orienté au
Samu Social.
- Combien de temps as-tu passé dans la rue ?
- Je ne sais pas trop
- Tu étais avec d'autres personnes ?
- Il y avait des grands aussi mais c'était des fakhmans,
qui faisaient le ginz. Il y avait parmi eux un nommé B. F. qui nous
posait pas mal de problèmes et quand le Samu Social est venu me
récupérer, je suis allé avec le Samu Social.
- Et sinon, à part ces fakhmans, il y avait des jeunes
avec qui tu t'entendais ?
- Oui
- Tu passais ta journée avec eux ? Comment ça se
passait ?
- Moi, [S-AI(g)] je n'avais pas l'habitude
d'être dans la rue, mais c'est N. C. et un autre, qui m'ont convaincu de
rester dans la rue, mais [I-SP] je les avais suppliés
pour qu'ils m'accompagnent jusque chez moi et c'est eux qui m'ont
convaincu de rester. « On va bien s'occuper de toi ici dans la rue ».
On a pas mal d'activité, c'est les vols et tout ça.
- Et est-ce que ça c'est bien passé ? Ils se sont
effectivement « bien occupé de toi » ? - ... La rue, c'est
mauvais.
- Mais pourquoi tu es resté avec eux alors ?
-
...
- Donc, quelles activités tu avais dans la journée
?
- La principale activité, c'était de trouver de
l'argent en faisant des petits commerce. Cet argent c'était juste pour
pouvoir aller jouer dans les salles de jeux, jouer au baby-foot. [SIG]
Et la nuit venue, il y avait parmi nous un membre du groupe qui habitait chez
des Baay Fall, et en général c'est là-bas qu'on passait
nos nuits.
- Pendant la rue, tu as senti des changement dans le groupe ?
Dans les activités ?
- Nos activités changeaient, il y a des jours
où on allait dans le grand Dakar pour faire autre chose, par exemple,
porter des fardeaux pour des gens qui vont au marché, et parfois aussi
on allait à la plage pour le poisson et pour se baigner. Donc ça
changeait quoi !
- Qu'est-ce qui t'a fait rester au Samu Social ensuite ?
Qu'est-ce que tu ne voulais plus dans la rue ?
- Le Samu Social est mieux car les gens là-bas sont
bien.
- Et les gens qui étaient dans la rue n'étaient
pas bien ?
- [C-R] Je peux juste dire que la rue c'est pas bon... c'est pas
bon.
- Il y avait des moments où tu étais bien ?
Où ça se passait bien ?
- Parfois j'étais bien oui, j'avais la gaieté au
coeur.
- A quels moments ?
- J'ignore, c'est des sensations.
- Ok, tu veux rajouter quelque chose ? Corriger ou
compléter ce que tu as dit ? Que j'aurai mal compris ?
- Non, rien.