WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Les enfants en situation de rue du Sénégal. L'identité et la socialisation dans le processus de sortie de la rue

( Télécharger le fichier original )
par Corentin SIROU
Université Lumière Lyon 2 (ISPEF) - Master 1 sciences de l'éducation 2011
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

3.2. Arrivée dans la rue

Elle trouve quelques éléments de réponse sur la carrière des enfants en situation de rue au Sénégal. En s'intéressant aux raisons du départ du milieu familial et aux conditions de vie dans la rue, quelques études dévoilent ainsi en partie le parcours de ces enfants.

Un étude menée par le Samu Social du Sénégal dans les rues de Dakar se penche en particulier sur
ces étapes de la carrière des enfants. On distingue les enfants qu' un certain nombre de causes va

80 Unicef, Banque Mondiale et BIT, op cit, p. 27

81 Unicef, Banque Mondiale et BIT, op cit, p. 27

82 Ibid, p. 28

pousser à la rue, et ceux que la rue va attirer à elle. Dans le premier cas, les premiers facteurs sont la fragilisation des liens familiaux. Les divorces et les familles recomposées, ou l'arrivée d'une nouvelle femme pour le père dans le foyer sont autant de facteurs qui peuvent contribuer à créer un climat néfaste aux yeux de l'enfant. Une autre régularité mise en évidence dans les cas présentés dans cette étude est la répétition de fugues. Parfois de plus en plus longues, ces dernières vont faire s'éloigner progressivement l'enfant de son milieu familial d'origine, et ainsi le faire s'ancrer de plus en plus durablement dans la rue. Ainsi, la découverte de la rue se fait progressivement, jusqu'à ce qu'au terme d'un bilan (entre la rue et la famille par exemple), elle lui apparaissent comme plus apte que le milieu d'origine à répondre aux besoins de l'enfant, qu'ils soient affectifs, matériels, identitaires, ou en terme de reconnaissance, etc. Les migrations sont aussi un élément que l'on retrouve au travers de l'histoire de ces enfants. Par exemple, les migrations familiales qui se font pour des raisons économiques, pour fuir les sécheresses, trouver du travail dans les villes, etc. Certains enfants proviennent de la campagne. Leurs parents les auront placés chez un membre de la famille en ville. C'est donc cette nouvelle situation que va rencontrer l'enfant qui va progressivement le pousser à la rue. Par exemple, l'enfant peut se retrouver être la personne à tout faire de la maison d'accueil. Sur lui vont peser, plus que sur les autres enfants de la maison, certaines charges, peut-être certaines violences, qu'il jugera injuste et ne va pas supporter. Il en va de même pour les migrations des daaras saisonniers, où les marabouts, accompagnés de leurs talibés, arrivent en ville, soit de façon temporaire, soit avec la volonté de s'y sédentariser. Mais « les récits des enfants mentionnent pourtant moins la sécheresse des terres que la dureté des relations familiales et les violences subies au sein du foyer d'éducation (maison ou daara), comme motif décisif du départ »83. Ces éléments vont donc jouer en faveur de la création d'un contexte qui va pousser l'enfant dans la rue. A leurs côtés, on peut parfois voir des éléments qui vont attirer l'enfant vers la rue. Parmi ces facteurs, on trouve les représentations que les enfants ont de la ville, comme une aubaine, un lieu où la vie est facile. Ces représentations, suggérant l'Eldorado que peut représenter la ville pour l'enfant, viennent accentuer un milieu d'origine déjà repoussant. Un deuxième facteur attrayant pour l'enfant est la présence d'une ou plusieurs personnes, servant de référence à l'enfant. Ainsi, l'accueil, l'initiation et les récits de la rue de cette personne sont des éléments qui constituent un avant-goût prometteur de la vie dans la rue, et vont y attirer l'enfant. Voilà donc deux perspectives complémentaires (facteurs poussant à la rue et attraits de la rue pour l'enfant) qu'il nous faut tenir pour éclairer les trajectoires de ces enfants au moment de leur arrivée.

Il nous faut aussi faire cas des talibés mendiants, qui sont dans une situation particulière. Ils se

83 Fatou Dramé, Nàndité . Enquête sur les enfants des rues à Dakar , Samusocial Sénégal - UNICEF Sénégal ,Dakar , 2010, p. 65

retrouvent confiés au marabout très jeunes, dans le but d'y apprendre le Coran et les valeurs de l'Islam. Dans la majorités des cas, c'est un membre de la famille, souvent le père, qui décide d'envoyer son fils dans un daara. Dans son enquête, Human Right Watch constate que la moyenne d'âge d'arrivée dans les daaras est de sept ans84. Les plus jeunes n'ont parfois que trois ans. A cette âge, la rupture avec le milieu familial les place alors en situation de dépendance vis à vis du marabout. Ces enfants, en contact avec la rue, constituent donc des cas d'arrivées forcées, de part leurs placements dans les daaras qui leur imposera une présence dans la rue.

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Il faut répondre au mal par la rectitude, au bien par le bien."   Confucius