§3. Du Parlement
A. Définition
Le Parlement est un terme générique
désignant une instance représentative composée d'individus
à qui le peuple a confié la responsabilité de le
représenter en lui soumettant le soin de définir le cadre
légal dans lequel la société sera gouvernée et de
veiller à ce que ces prescriptions légales soient mises en
oeuvres de manière responsable par le pouvoir
exécutif36.
D'après Charles et Yves YAUDET, ils désignent le
terme Parlement : toutes institutions politiques délibérantes au
niveau national formées d'une ou des plusieurs assemblées ou
chambres en générale investies du pouvoir
législatif37.
C'est une institution politique formée d'une ou
plusieurs assemblées ou chambres, assez élevé de membres,
l'ensemble disposant de pouvoir de décision plus ou moins
important38.
Quant à nous, le Parlement désigne l'organe
législatif d'un Etat qui peut être monocaméral ou
bicaméral avec les deux compartiments ci après : le Sénat
et l'Assemblée Nationale. Il se diffère d'un Etat à un
autre et peu dans certain cas avoir la suprématie sur le Gouvernement
selon qu'il s'agit d'un régime Parlementaire ou semi-
Présidentiel.
36 L'UNESCO « Guide de la pratique
Parlementaire », publié par l'ONU pour l'éducation, la
science et la culture, 7 place de Fontenay 75352, Paris 675P France, p.5
37 Charles et Y. YAUDE, Lexiques des termes
politiques, Paris., DALLOZ, 2e éd, 1978, p.22
38 DUVERGER (M), Op. Cit., p.134
B. L'autonomie du Parlement
L'autonomie du Parlement vis-à-vis de l'exécutif
découle d'une part de la procédure de désignation de ses
membres et d'autre part de leur statut.
1. La désignation des Parlementaires
De la modalité de recrutement des Parlementaires
dépend le degré d'indépendance du Parlement, organe par
excellence de la représentation du peuple ou de la Nation.
Généralement, les Parlementaires sont élus. Ce qui les
fait jouir d'une grande indépendance à l'égard du
Gouvernement, car ils ne dépendent pas de lui quant à la
dissolution, forme de « révocation collective » en
régime Parlementaire. La désignation et le maintien de chaque
Parlementaire dépendent de la confiance des électeurs de sa
circonscription.
L'élection donne aux Parlementaires plus de
légitimité que les Ministres du fait qu'ils peuvent
prétendre tenir directement leur pouvoir du peuple, titulaire de la
souveraineté. C'est ce qui, par ailleurs, justifie, dans un
système bicaméral, que la chambre élue dispose de plus de
prestige et d'influence que la chambre haute, non élue.
2. Le statut des Parlementaires
Le statut des Parlementaires garantit leur indépendance
par rapport au Gouvernement grâce aux immunités Parlementaires,
aux incompatibilités et à l'octroi d'une indemnité
Parlementaire.
2.1. Les immunités Parlementaires
Les immunités Parlementaires visent à assurer
l'indépendance des Parlementaires à l'égard des pressions
extérieures. On peut le faire remonter au 23 juin 1789 lorsque Mirabeau
invita l'Assemblée à déclarer « inviolable la
personne des députés aux Etats généraux »,
notamment contre le force des baïonnettes. Les immunités mettent
à l'abri des poursuites judiciaires qui peuvent être
exercées contre eux. On distingue généralement
l'irresponsabilité et l'inviolabilité :
> L'irresponsabilité couvre les Parlementaires pour
les actes accomplis dans l'exercice de leurs fonctions. Aucun membre du
Parlement ne peut être poursuivi, recherché, arrêté,
détenu ou jugé pour les opinions, discours, interventions ou
votes émis par lui dans l'exercice de ses fonctions. Cette
irresponsabilité couvre aussi bien les poursuites pénales que les
actions civiles en dommages- intérêts intentées contre un
Parlementaire.
> L'inviolabilité concerne les actes commis en
dehors de l'exercice des fonctions Parlementaires. Il s'agit des infractions
pénales de droit commun. Le but est d'éviter que le Gouvernement
engage des poursuites injustifiées contre ses adversaires politiques,
dans le but d'empêcher leur participation aux débats politiques.
Ainsi, pendant ou en dehors des sessions, aucun membre du Parlement ne peut
être poursuivi ou arrêté en matière pénale
qu'avec l'autorisation de l'Assemblée dont il fait partie, sauf cas de
flagrant délit.
2.2. Les incompatibilités
Les incompatibilités apparaissent comme des conditions
indispensables aux fins d'assurer l'indépendance des pouvoirs et
à renforcer leur séparation. Ainsi, pour éviter la
confusion des pouvoirs, les fonctions de membre du Gouvernement sont
généralement incompatibles avec l'exercice de tout mandat
Parlementaire.
Aux fins d'assurer l'indépendance des élus
vis-à-vis de l'Administration, il est prévu que les fonctions
publiques (non électives) sont incompatibles avec le mandat
Parlementaire. L'exercice d'un nombre important de mandats Parlementaires par
des fonctionnaires porterait sérieusement préjudice à leur
liberté. Cependant, les fonctionnaires peuvent devenir
députés après s'être fait mettre en position de
disponibilité ou de détachement. Ceci permet d'empêcher que
le Gouvernement corrompe les Parlementaires en leur distribuant des postes
avantageux.
2.3. L'indemnité Parlementaire
L'indemnité Parlementaire est une somme versée
par le budget aux Parlementaires pour les indemniser de leur frais de mandat.
Elle doit être à même de sauvegarder leur
indépendance. Elle permet aussi de compenser la perte ou la diminution
éventuelle de leur revenu professionnel du fait du mandat.
Il faut noter que l'indemnité a contribué
à démocratiser le recrutement des Parlementaires, car elle a
permis aux citoyens n'appartenant pas aux catégories sociales
élevées d'accéder au mandat Parlementaire et de l'exercer
convenablement.
Lorsque les fonctions Parlementaires étaient gratuites,
les gens sans fortune en étaient écartés ou étaient
placés sous la dépendance des bailleurs de fonds.
L'indemnité contribue à la moralisation du comportement des
élus, en le mettant à l'abri des tentations financières et
en permettant qu'ils se consacrent entièrement à leur
fonction.
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