Section 1 : La gestion du risque de contrepartie selon
les normes reglementaires
Les banques sont tenues, dans des conditions definies par les
autorites en charge du secteur, de respecter les normes reglementaires
destinees a garantir leur liquidite et leur solvabilite a l'egard des deposants
et, plus generalement, des tiers, ainsi que l' equilibre de leur structure
financiere. Ces normes sont obligatoirement assumees par les banques dans leur
gestion courante ; elles visent a prevenir et a traiter le risque de
defaillance des banques. Ces mesures sont de deux ordres. D'une part,
developper au niveau international, notamment les normes baloises ; d'autre
part, celles instaurees au niveau de la sous-region, c'est-a-dire les normes
CEMAC.
1.1 Les normes internationales ou du Comite de Bale
Le Comite de Bale a pour mission de definir les modalites
d'une cooperation internationale visant a renforcer le controle prudentiel et a
developper la qualite de la surveillance des banques. Ce Comite definit des
accords qui sont constitues d'exigence en fonds propres et de normes
prudentielles destinees a apprehender les risques bancaires, notamment les
risques de contrepartie. Il convient de rappeler que le dispositif de Bale est
constitue de 25 principes.
Le Comite de Bale ne dispose que d'une autorite « morale
». Il edicte des recommandations sur les pratiques de contrnle que les
autorites nationales sont chargees de mettre en oeuvre. Il a ete cree en
decembre 1974 par les gouverneurs de dix banques centrales (G10), a la suite de
graves perturbations financieres bees a la faillite de la banque HERSTATT en
Republique Federale d'Allemagne. Aujourd'hui, l'audience du Comite de Bale
&passe le cadre des seuls etats membres du groupe des dix.
Les travaux qui ont precede la publication de l'accord de
juillet 1988 sur les normes de fonds propres des banques internationales
partaient d'un double constat. Tout d'abord, les
fluctuations observees sur les marches financiers
internationaux ainsi que la manifestation a une echelle macro-economique du
risque de credit avaient considerablement affecte la solvabilite des banques.
Ensuite, les travaux avaient mis en evidence d'importantes divergences sur le
calcul des fonds propres entre les banques des pays du Groupe de 10.
Ces reflexions ont abouti a la publication de l'accord de
juillet 1988 relatif au ratio international de solvabilite. Ce ratio appele
« Cooke », a pour objectif de couvrir le risque traditionnel de
l'activite bancaire, a savoir le risque de contrepartie. Les qualites reconnues
au ratio Cooke resident dans le fait qu'il a permis d'accroitre la solidite du
systeme bancaire international grace au renforcement des fonds propres. Il a
permis egalement de reequilibrer la concurrence entre banques actives sur le
plan international.
L'accord de Bale de 1988 a etc adopte par plus de 100 pays
dans le monde et s'est institue comme une norme internationale. La COBAC en a
aussi fait une reference dans l' elaboration de la reglementation prudentielle
applicable dans la CEMAC9.
Toutefois, malge les qualites qui lui ont etc reconnues, Bale
I est apparu en retrait par rapport aux developpements
enregistres dans le secteur financier au cours des dix dernieres annees. Les
limites mises a jour, telles que l'estimation incomplete des risques (risque de
marche et risque operationnel) et, les possibilites d' arbitrage de nature
reglementaire ont amene le Comite de Bale a introduire un nouveau dispositif
d'adequation des fonds propres. Ce dernier a etc adopte et public en juin 2004
et reconnu sous l'appellation de « Bale II » ou «
Nouvel accord de Bale II ». Bien que les normes
de Bale II, soient toujours en vigueur, la crise de 2007 a
pousse le Comite a revoir les normes de Bale II et conduiront
a des nouvelles normes applicables a partir de janvier 2012, et s'intituleront
« normes de Bale III »
1.1.1 Les normes de Bale II
Le nouveau dispositif denomme Bale II, revient a substituer au
ratio dit « Cooke », un nouveau ratio de solvabilite dit « Mc
Donough » ; ce ratio a pour ambition de maintenir un taux plancher de 8%
entre fonds propres et risques ponderes, tout en obtenant une adequation au
plus juste des fonds propres adaptes au profil de risque reel de la banque. En
effet, le ratio Cooke est
9 Commission Bancaire de 1'Afrique Centrale, Mise en
oeuvre de Bale II dans la CEMAC, COBAC, Libreville, Juillet 2009.
critique parce qu'il est juge trop rigide et trop
simplificateur en matiere de risque de credit. Il est egalement insuffisamment
précis (ce qui nuit a la differenciation des banques) et presente une
reconnaissance limite des techniques de reduction des risques. L'architecture
du nouvel accord repose sur trois piliers qui se renforcent mutuellement.
a- Le pilier I : les exigences minimales de fonds
propres
Le premier pilier couvre les exigences de fonds propres
reglementaires au regard des risques que les banques encourent du fait de leur
activite. La definition des fonds propres reglementaires reste inchangee par
rapport a l'accord de 1988. Toutefois, les risques encourus par les banques
integrent desormais les risques operationnels, en plus des risques de credit et
des risques de march& La norme minimale demeure, toujours fixee a 8%.
Pour le calculer les exigences en fonds propres au titre de
chaque type de risque, une serie d'options est propos& aux banques. Les
fonds propres exigibles sont repartis entre les risques, hauteur de 85% pour le
risque de credit, 10% pour le risque operationnel et 5% pour le risque de
morello.
b- Le pilier II : processus de surveillance
prudentielle
Le deuxieme pilier vise a identifier des que possible, toute
erosion des fonds propres des banques de nature a les affaiblir, en developpant
des techniques efficaces de gestion et de controle de l'ensemble des risques
bancaires, et en invitant les autorites de controle a prescrire les textes ad
hoc. II pose quatre (4) principes :
· l'appreciation par les banques des fonds propres qui leur
sont necessaires (capital economique),
· la revision prudentielle (par les autorites de controle)
de ces mecanismes internes d'appreciation du niveau des fonds propres,
· la possibilite, pour les autorites de controle,
d'imposer des fonds propres superieurs au minimum reglementaire determine dans
le pilier I, en fonction du profil de risque de chaque banque,
· l'intervention preventive des autorites de controle, en
cas de besoin (prompt corrective action).
c- Le pilier III : discipline de marche
Ce troisieme volet du nouveau dispositif prevoit des exigences
relatives a la publication d'informations quantitatives et qualitatives portant
principalement sur :
· le perimetre d' application de l' accord,
· les fonds propres (niveau, structure et adequation),
· les risques (mesures et expositions ainsi que l'approche
utilisee).
Les banques devraient mettre regulierement, a la disposition
du public des informations claires sur toutes les caracteristiques essentielles
des fonds propres detenus en vue de se premunir contre les pertes et les
risques susceptibles de provoquer ces pertes (communication financiere et
strategie en matiere d'allocations des fonds propres par types de risques).
Les piliers ci-dessus presentes sont complementaires et
concourent a l'amelioration de la securite et la solidite du systeme bancaire,
par le truchement des fonds propres qui est au centre du dispositif des accords
de Bale. Ces fonds propres sont destines a couvrir le risque de credit a
concurrence de 85% de sa valeur. l'importance accord& par le Comite de Bale
au risque de credit.
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