La problématique d'acquisition du statut de membre permanent au Conseil de sécurité. Cas du Brésil( Télécharger le fichier original )par Eustache Fiston KILWA SIBUMBA Université de Lubumbashi - Licence en relations internationales 2011 |
Section 2 : De la légitimité du Brésil à demander la permanence au Conseil de Sécurité.Le Brésil, candidat à la permanence du Conseil de Sécurité, a aujourd'hui toute légitimité de demander le siège de membre permanent au sein de cet organe. Afin de bien l'illustrer, nous avons subdivisé la présente section en trois paragraphes. Le premier va chercher à démontrer comment le Brésil est leader régional ; le second quant à lui va démontrer comment cet Etat est leader des pays en développement alors que le dernier cherchera à démonter comment le Brésil est aujourd'hui un intervenant mondial majeur. §1. Le Brésil, leader régionalLe Brésil est à ces jours la première puissance de l'Amérique du Sud, souvent à la base de beaucoup d'initiatives régionales. En effet, dès son entrée en fonction, le 1e Janvier 2003, Da Silva fait de la relance du Mercosur (marché commun du cône Sud, regroupant depuis le 26 Mars 1991, le Brésil, l'Argentine, le Paraguay et l'Uruguay) sa priorité en matière de politique extérieure145(*). Avec les potentiels énormes du Chili et de la Bolivie, membres associés du Mercosur depuis 1996, l'accord regroupe plus de 200 millions d'habitants et constitue le quatrième marché du monde après l'accord de libre-échange de l'Amérique du Nord (ALENA), l'Union Européenne et le Japon.146(*) En prenant la tête de la relance du processus, Brasilia tente non seulement de faciliter la coopération dans les secteurs politiques, économiques, sociaux et culturels et de favoriser l'accès de la région aux institutions multilatérales internationales ; elle cherche également à s'imposer comme leader régional et international. Lula a manoeuvré pour réduire la portée de l'ALCA, il a également participé à la mise en échec de la réunion de Cancun où le groupe des 20 (Brésil, Inde, Afrique du Sud, Chine, ....) s'oppose à l'agenda de Doha, qui vise à étendre la libéralisation du commerce à des nouveau secteurs (santé, eau, etc.).147(*) Toujours à l'initiative du Brésil, en Juin 2003, le Brésil, l'Inde et l'Afrique du sud s'unissent pour défendre conjointement leurs intérêts face au Nord et à cette fin, les trois concluent une nouvelle alliance stratégique qui formera le G3 à Brasilia. Ces puissances revendiquent une plus grande place pour les pays du Sud dans les organisations multilatérales et, surtout, dans leurs organes de décision. L'objectif clair est de jouer un rôle politique et stratégique et économique. A eux trois, l'Inde, le Brésil et l'Afrique du Sud représentent près de 1,5 milliards de dollars, soit environ 12,5 du PIB mondial.148(*) Plus que le BRIC (Brésil, Russie, Inde, Chine), il faudrait aussi le G3. Ce qui permet de donner une nouvelle impulsion aux relations Sud-Sud qui modifieront la géographie économique et commerciale du monde. Le G3 a conduit au G20. En effet, au lendemain d'une de leurs premières sorties publiques, quelques jours avant la conférence de l'Organisation Mondiale du Commerce (OMC) à, Cancun, le G3 a conduit à la formation d'une seconde coalition de pays du Sud, également mecontents de la tournure des négociations du cycle de Dora, le G20. Créé à l'instigation des pays membres du G3, le Brésil en tête, le G20 a comme objectif d'éviter un résultat prédéterminé à Cancun et d'ouvrir un espace de négociation en agriculture.149(*) La consolidation du Brésil comme nouvelle puissance économique du Sud trouve en partie sa source dans la politique commerciale menée par le président Lula Da Silva. Depuis l'arrivée au pouvoir du gouvernement du Parti des Travailleurs (PT) en 2002, la stratégie commerciale du Brésil est claire et parait se résumer en une phrase : devenir le porte-étendard des pays en voie de développement (PED) et le gardien de leurs intérêts (par le biais du Mercosur) dans les grandes instances multilatérales. Axée sur l'affirmation du Sud, elle opère sur trois fronts : favoriser l'intégration régionale en oeuvrant au renforcement du Mercosur et à la consolidation d'un accord Sud-Américain ; instaurer une diplomatie commerciale offensive et développer des partenariats stratégiques avec d'autres pays du Sud pour s'assurer d'une participation active dans les instances multinationales. Dès son entrée en fonction, Lula a cherché à conforter le Brésil dans son statut de leader régional et à consolider ses appuis politiques dans le contexte éventuel d'une réforme de l'ONU.150(*) La stratégie commerciale offensive du Brésil et la création de partenariat Sud-Sud semblent avoir porté fruit, si l'on considère les victoires acquises auprès de l'OMC dans les dossiers des médicaments génétiques du coton et du sucre. L'un des premiers gains remportés par le Brésil est sans contredit d'avoir réussi à freiner la puissante machine des négociations commerciales du cycle de Doha à Cancun et du même coup, l'imposition de dossier agricole. Avec ce conflit, les grandes puissances ont pu mesurer la volonté du nouveau gouvernement brésilien d'apporter des changements dans le fonctionnement des grandes instances multilatérales. Hormis le fait que le Brésil soit leader régional incontesté, ce géant de l'Amérique du Sud est aussi un leader des pays en développement. (PED) * 145 FOURCAS, N., « l'élection de Lula et la politique extérieure brésilienne : changement ou continuité ? », centre d'études interaméricaines, 20 novembre 2002, in http : www.cei.ulaval.ca/, consulté le 29 mars 2011 * 146 CEI, « Mercosur et Chili », in http : www.cei.ulaval.ca/, consulté le 29 mars 2011 * 147 RELINTER, « Relations internationales de 1945 à nos jours : le Brésil », in http : www.rabac.com/dem/relinter/Bresil.html, consulté le 29 mars 2011, * 148 Ibidem * 149 RELINTER, « Relations internationales de 1945 à nos jours : le Brésil », in http : www.rabac.com/dem/relinter/Bresil.html * 150 Ibidem |
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