B. APPROCHE PRATIQUE DES EMF
La croissance et le dynamisme de la micro finance trouvent
leur explications dans son mode opératoire qui se distingue de celui des
banques commerciales par leur souplesse, leur proximité et toute absence
de discrimination dans les entrées en relation. En effet, alors que les
clients sont souvent
marginalisés selon qu'ils n'ont pas une capacité
de dépôt assez développés ou selon qu'ils ne
réalisent pas un chiffre d'affaire attrayant, dans les EMF par contre,
la proximité est la règle de travail au point qu'il se
crée très souvent entre la clientèle et le personnel des
liens aussi étroits qui vont au delà des relations
professionnelles. Dans le suivi de sa clientèle, les EMF
développent une politique de porte à porte qui se
caractérise par les visites permanentes à ses clients sur le
terrain en leur domicile voire aux paysans isolés dans les campagnes et
prêtent une oreille attentive à leurs besoins. Toute chose qui a
pour avantage de nouer des liens solides avec cette clientèle et
anticiper sur les éventuelles difficultés que ceux-ci pourront
rencontrer dans le remboursement des crédits mis à leur
disposition.
En prêtant une oreille attentive aux besoins de sa
clientèle, ça permets à l'EMF de concevoir des programmes
(ou produits) spécifiques pour chaque couche de la population et
à chaque lieux d'implantation sans oublier les jeunes et les femmes dont
l'importance dans le développement social et économique des pays
en voie de développement n'est plus à démontrer.
L'osmose ainsi créée entre l'activité de
la microfinance et les aspirations de la population apparait comme la
technologie financière la mieux appropriée aux besoins de la
majorité de la population Camerounaise.
Cette démarche des EMF fait dire à certains que
la micro finance joue non seulement un rôle d'intermédiation
financière, mais aussi d'intermédiation sociale en
développant des produits adaptés aux besoins de sa
clientèle et en assistant ceux-ci dans tous les actes et
évènements de la vie. La banque
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Achille Landry
mondiale (2001) déclarait : « la microfinance est
autant offre d'argent que livre des services intégrés d'aide,
d'information, d'éducation, de conseils et de formations ». En
plus, les EMF favorisent la constitution des groupes de solidarités en
exigeant des emprunteurs le regroupement en association afin de faire jouer la
caution mutuelle des membres comme garantie du crédit. Une fois le
crédit remboursé, de telles associations perdurent et constitue
de véritable vecteurs de cohésion sociales et pouvant se muer en
groupe de pression sur un pan de l'activité économique (exemple :
une association des producteurs d'ananas qui en contrôlant le
marché pourra obtenir une meilleure valorisation des prix de leurs
produits).
C. ORGANISATION DE LA MICRO FINANCE
S'il est généralement admis qu'un Etablissement
de Microfinance (ou Institution de Microfinance, IMF dans d'autres pays) est
une organisation qui offre des services financiers à des personnes
à faibles revenus qui n'ont pas accès ou difficilement au secteur
financier formel, de nos jour, ce terme renvoie jà une grande
variété d'organisations aussi bien diverses que par leur taille,
leur degré de structuration et leur statut juridique.
Très souvent l'image que les uns et les autres se font
des EMF est celle d'ONG financières exclusivement dédiées
à l'offre de service financiers de proximité qui vise à
assurer l'autopromotion économique et sociales des populations à
faibles revenues, ce qui explique les difficultés pour beaucoup
d'accepter ces structures comme des opérateurs économiques
à parts entières ayant un but mercantile.
La réglementation du secteur dépend du pays et
des lois sous-régionales (COBAC pour le Cameroun et l'Afrique centrale)
ainsi que leur supervision sans oublier le type d'opérations et de
clientèles auquel ils ont accès.
A l'origine placée sous tutelle du Ministère de
l'agriculture, la micro finance a depuis la réforme du secteur par la
COBAC été placée sous l'autorité du
Ministère des finances plus amène à y diligenter les
contrôles et suivis nécessaires.
a) Catégorisation du secteur
Au Cameroun et en Afrique Centrale, les EMF se repartissent en
trois catégories qui ont chacune ses modalités de fonctionnement
et des obligations bien particulières telles qu'il ressort du tableau
ci-dessous :
Catégories
|
Types activité
|
Capital minimum
|
Forme juridique
|
1ère Catégorie
|
Epargne et Crédit uniquement avec les membres
|
Non déterminé
|
Coopérative ou
Mutuelle
d'épargne et de
Crédit
|
2ème Catégorie
|
Epargne et Crédit avec membres et avec les tiers
|
Cinquante millions
|
Société Anonyme
|
3ème Catégorie
|
Crédit aux tiers
sans collecte de l'épargne
|
Vingt cinq
millions (sauf
pour les projets)
|
Diverses (projets, sociétés,
Entreprises individuelles, etc.)
|
Le rattachement à une catégorie se fait
dès la création et le changement d'une catégorie à
l'autre ne peut se faire sans l'accord de la COBAC. Si la première
catégorie fonctionne suivant le modèle et la compréhension
originelle des sociétés coopératives (opérations
uniquement avec membres), il en est autrement des structures de
troisième catégorie (de plus en plus rare sur le
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terrain) et surtout de celles de deuxième catégorie
qui fonctionnent pratiquement comme des banques en miniatures.
b) Le contrôle du secteur :
Le contrôle des EMF est effectué à
plusieurs niveaux et par des intervenants divers. La COBAC a prescrit un
premier niveau de contrôle à l'interne effectué par les
propres employés de l'EMF, ensuite un contrôle effectué par
le commissaire aux comptes, et enfin un troisième niveau de
contrôle effectué par la COBAC elle-même de façon
périodique.
Ce contrôle de la COBAC est très redouté
par les promoteurs d'EMF, ceci pouvant aboutir jusqu'au retrait de
l'agrément en cas de défaillances graves constatées par
les émissaires lors de leurs travaux.
c) L'association professionnelle :
ANEMCAM
Bien qu'il existe une association des établissements de
Micro finance au Cameroun (ANEM-CAM), nous notons que l'égoïsme et
l'individualisme qui caractérisent les prometteurs du secteur ne
permettent pas à cette association de jouer pleinement son rôle
d'où le non prise en compte au niveau politique de la majorité
des doléances des acteurs de la microfinance au Cameroun.
C'est ainsi que bon nombres d'EMF n'adhère à
l'ANEMCAM qu'en respect de la prescription légale.
Au fil des années, l'ANEMCAM est ainsi devenue nous
pouvons le dire une « coquille vide a», n'ayant ni locaux,
ni de représentants crédibles ; pourtant la
nécessité de regrouper les EMF dans une association oil leurs
difficultés seront analysées et solutionnées est plus que
jamais d'actualité, car ceci permettra aussi de mettre fin à la
concurrence barbare que se livrent les EMF fonctionnant dans une même
localité.
En dehors des EMF fonctionnant en réseau (au sein
duquel des concertations sont fréquemment organisées), aucun
cadre consultatif réel n'est observé entre les nombreux EMF
fonctionnant au Cameroun.
Nous dénombrons fin 2010, 440 EMF agréés
repartis en 186 EMF indépendants et 254 affiliés à un
réseau. On entend par réseau d'EMF, un regroupement de plusieurs
établissements (1ère catégorie) placé
sous un organe faitier qui y joue un rôle de régulateur et de
supervision de ces établissements afin d'assurer leur
pérennité. Il existe cinq (05) réseau agréés
au Cameroun et une ayant eu l'avis conforme de la COBAC :
Le réseau CAMCCUL (177 établissements)
Le réseau CVECA Centre (33 établissements)
Le réseau CVECA Grand Nord (8 établissements)
Le réseau CMEC Ouest (19 établissements)
Le réseau CMEC Nord Ouest (8 établissements)
Le réseau CMEC Grand Nord (9 établissements) non
encore agréé par le ministère des finances bien qu'ayant
déjà reçu l'avis conforme de la COBAC.
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