II- MICRO FINANCE AU CAMEROUN
A. LA NAISSANCE ( 7 / I( 9 2 / 8 7, 2 1
Il faut remonter à plus d'un siècle pour voir
apparaitre au Cameroun, les premiers signes de la micro finance sous forme des
tontines regroupant très
souvent, les ressortissants des régions de l'ouest
Cameroun. Ce n'est qu'en
1963, sous l'impulsion des missionnaires catholiques
hollandais que les premiers établissements s'ouvrent dans les zones
anglophones sous la forme des « Crédits Unions a»
afin de sécuriser l'épargne des paysans et faciliter
l'accès de ceux-ci aux crédits en l'absence des banques dans ces
zones. Pendant longtemps, cette activité a été l'apanage
des zones anglophones avant de s'étendre à l'ensemble du
territoire national après la grave crise bancaire des années 1990
et la restructuration qui en a suivi mettant ainsi au chômage de nombreux
cadres de banque en manque de reconversion qui ont trouvé en la micro
finance le tremplin idéal.
La microfinance telle que pratiquée au Cameroun
actuellement s'est faite on peut le dire en trois grands étapes :
La première comme nous l'annoncions ci-dessus a
été la restructuration bancaire des années 1990 qui a eu
pour conséquence non seulement la faillite de nombreuses structures
ainsi que la mise au chômage des cadres de banques, mais aussi qui a
accentué la mise à l'écart d'une bonne couche de la
population jà l'accès aux services bancaires, créant par
là une clientèle potentielle pour la micro finance qui a su les
séduire grâce à sa proximité, et la simplification
de son approche commerciale.
Cet afflux de nouveaux acteurs provoque une croissance
exponentielle de l'activité qui s'étends également dans
tout le pays mais ceci dans un environnement malheureusement non
sécurisé et non encadré, ce qui va provoquer au cours des
années 1990 de nombreux incidents tels que la
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Réalisé et soutenu par WOMEGNE POKAHA
Achille Landry
disparition des gérants avec la caisse, la
multiplication des contentieux et des fermetures intempestives ; ce qui
constitue la deuxième étape de l'évolution de la micro
finance au Cameroun.
Ne pouvant rester insensible devant tous ces
mésaventures, l'Etat (garant de l'épargne publique) par le
truchement du gendarme sous ~ régional (COBAC) va entamer dès les
années 2000, la restructuration (troisième étape de
l'évolution) du secteur à travers trois grandes mesures :
L'assainissement du fichier pollué par de nombreux EMF n'ayant jamais
existé ou ayant fermé les portes depuis longtemps
Le renforcement du cadre institutionnel du secteur par la mise
en place des textes réglementaires régissant le secteur de la
micro finance
La mise en place des mécanismes d'appui en faveur des
EMF par la création d'un organisme de renforcement des capacités
aussi bien techniques, humaines que financières : le PPMF
Cette implication des hautes autorités étatiques
matérialisée par l'institutionnalisation du secteur ainsi
que la mise en place des mécanismes d'appui et de financement
permet au secteur de la micro finance de revendiquer la qualité
d'intermédiaire financier officiel au mrme titre que les banques
commerciales mrme si l'accès à certaines opérations leur
demeure interdit (cautions, endos des chèques, transferts
internationaux, etc.). Elle témoigne aussi l'adhésion des pays de
la CEMAC à l'engouement mondial en faveur de la micro finance qui se
voit promue au rang d'instrument privilégié de lutte contre la
pauvreté. D'ailleurs, l'ONU avait fait de l'année 2005,
l'année mondiale de la micro finance.
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