INTRODUCTION
Bien que la majorité de personne ait tendance à
limiter l'activité de la microfinance au microcrédit, nous devons
avouer qu'il est tout de mrme assez difficile de donner une
explication précise de la microfinance sans nous référer
à ce que d'autres en ont pensé.
Marc Labie, définit la microfinance comme «
l'octroi de services financiers (généralement du crédit et
/ou de l'épargne), à des personnes développant une
activité productive, le plus souvent de l'artisanat ou du commerce et
n'ayant pas accès aux institutions financières commerciales en
raison de leur profil socio-économique (il s'agit des pauvres, sans
revenus fixes, qui n'offrent aucune des garanties demandées par les
institutions bancaires commerciales) ».
Le CGAP (Groupe consultatif pour l'assistance aux pauvres)
définit la microfinance comme un « ensemble de services financiers
et bancaires à destination des populations les plus pauvres ».
La synthèse de ces définitions nous permet de
définir la microfinance comme un moyen de développement
économique permettant aux personnes à faibles revenus exclues du
système bancaire formel, d'améliorer leur mode de vie,
d'augmenter leurs revenus, en leur offrant un ensemble de services
financiers
Avec le temps, et le développement de ce secteur
particulier de la finance partout dans le monde, y compris dans les pays
développés, la micro finance s'est élargie pour inclure
désormais une gamme de services plus large (crédit,
épargne, assurances, transfert d'argent, etc. ). Dans ce sens, la
microfinance ne se limite plus aujourd'hui à l'octroi de
microcrédit aux pauvres, mais plus tôt à la fourniture d'un
ensemble de produits financiers à tous ceux qui sont exclus du
système financier classique ou formel.
En termes simples, nous pouvons définir, une
Institution ou Etablissement de microfinance (IMF ou EMF) comme une
organisation qui offre des services
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Réalisé et soutenu par WOMEGNE POKAHA
Achille Landry
financiers à des personnes à faibles revenus et
qui ont difficilement accès au secteur financier formel.
Telle que pratiquée aujourd'hui, la microfinance a
été pendant longtemps, l'apanage des pays d'Asie et
d'Amérique Latine et ne s'est développée en Afrique noire
et particulièrement au Cameroun qu'en début des années
1990.
En effet, la grave crise économique qui a frappé
l'Afrique en général et le Cameroun en particulier au milieu des
années quatre vingt a eu pour conséquence sur le système
financier, la restructuration voire la fermeture de nombreuses banques (S.C.B ;
CAMBANK ; BIAO ; MERIDIEN BIAO ; BICIC ; etc.). C'est ainsi que de nombreuses
localités se sont retrouvées sans aucune structure
financière dans laquelle effectuer leurs opérations. Dans les
localités où les guichets de banque ont été
maintenus, les conditions d'entrée en relation ont été
rendues tellement rudes que plusieurs personnes se sont retrouvées
contraints de clôturer leur compte dans ces établissements. Dans
le but de ne marginaliser aucune frange de la population et permettre aux
couches défavorisées et éloignées des grandes
métropoles (oil sont concentrées les établissements
financiers restants) d'accéder aux services financiers, le gouvernement
du Cameroun a décidé de promouvoir l'activité de micro
finance qui jusqu'ici était l'apanage des seules provinces « dites
anglophone » par la loi dite « des GIC-COOP » dans le but de
stimuler et encourager la création des sociétés
coopératives d'épargne et de crédit avec l'appui des
bailleurs de fonds avec pour objectif à terme d'en faire un instrument
privilégié de lutte contre la pauvreté.
Quoique le nombre de bénéficiaires des services
de la micro finance ait été multiplié par 6 en moins d'une
décennie et que l'action de ce secteur d'activité se fasse de
plus en plus sentir dans les couches aussi bien défavorisées
qu'auparavant abandonnées, force est de constater que de nombreuses voix
ne cessent de s'élever pour décrier le coIt des services
appliqués par la micro finance dès lors qu'il faut les comparer
à ceux offerts par les banques classiques.
Cette comparaison devient de plus en plus récurrente
surtout que la micro finance compte désormais dans son portefeuille une
clientèle assez nantie qui aimerait bien se voir appliquer les
mêmes conditions que celles ayant cours dans les banques ayant pignon sur
rue.
Hors ces réclamations sont faites sans tenir compte du
mode de fonctionnement des EMF ainsi que de l'environnement hautement sensible
qui est leurs.
Notre étude après avoir présenté
l'origine et l'évolution de la microfinance dans le monde et au
Cameroun, situera le lecteur sur l'environnement (cadre juridique et
concurrentiel) dans lequel fonctionnent les EMF (et qui est le plus
déterminant dans la taxation de leur service) avant d'expliquer comment
la tarification des services est déterminée dans ces EMF. Nous
confluerons le présent essai en faisant quelques propositions
grâce à notre expérience dans le secteur dont nous estimons
que la prise en compte améliorera jà coups srs
l'amélioration des conditions de vie des plus pauvres qui est et devrait
rester la préoccupation majeure des EMF.
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