II- LA GUERRE ET LA VIOLENCE
Ces deux concepts vont de pairs. Où il y a la guerre, il y
a la violence,et vice-versa.
La guerre selon Artaud, n'est pas cette lutte armée
entre deux Etats ou entre des populations, mais plutôt celle
là-même qui fait office de conflits intérieurs. Il est vrai
que par les disputes, les cries, les tortures, les vengeances, le concept de la
guerre s'installe, mais son sens va au-delà de la réalité.
Elle a un sens philosophique comme la cruauté, définit dans la
partie I de notre étude.
La manifestation de la guerre et de la violence est
intérieurement conflictuelle. Son but est de permettre la reconstruction
d'une nouvelle espérance.
La Puissance de Um présente l'image de cette
guerre et de cette violence. L'oeuvre est une tragédie donc il y a mort
d'hommes. Il y a la mort par assassinat.
Les personnages de Ntep Ntep, Ngond Libii, les 3 hommes et
tout le village entier s'accusent et accusent son prochain de l'assassinat de
Ntep Iliga : « Assassins ; vampires UR9RYV IYW RI f-W
»33.
Cette réplique de Ngond Libii est conflictuelle. Hormis
ces différentes répliques, il y a le conflit que vivent les
enfants écartelés entre les deux mondes : celui de la tradition
et de la modernité. Ce conflit ici caractérise le personnage
33 La puissance de Um.- Op. Cit., p 25
des enfants. Il relève en eux leur personnalité,
leur souffrance, leur amertume face aux agissements des plus
âgés.
Le caractère de la guerre chez Artaud n'est pas
destructif, mais unificateur.
Cette union dans l'oeuvre de Werewere-Liking se justifie vers la
page 52. Oütout le monde après s'être dit des
propos injurieux, accusateurs s'unit main dans la main pour l'amorce d'une
nouvelle espérance.
III- LE CERCLE ET LE CHAOS
La forme du théâtre artaudien est circulaire. Cette
idée de la circularité fait partie de ses caractéristiques
principales.
Comme le feu et la guerre, le cercle aussi a son vocabulaire.
Ainsi, les vocables de globe, courbe gravitation, spirale, rotation,
reflète toujours l'idée de la circularité.
Le cercle se décèle dans un spectacle, selon
Artaud, sur le plan pratique. Mais pour ce qui est de notre étude
scientifique sur l'oeuvre de WerewereLiking, le cercle se désigne par
l'action continue de la fable jusqu'à son terme. L'oeuvre
présente un rituel de mort qui se déroule sans interruption
jusqu'à la fin. L'action dans ses rebondissements se replie sur
elle-même pour nouer l'intrigue afin d'aboutir au chaos.
L'idée de chaos n'est pas tout à fait le
néant, l'irrémédiable, engloutissement. C'est un
abîme d'où l'on peut rejaillir.
C'est la marque de renouveau, de la nouvelle espérance de
vie.
Le sens du chaos n'est pas péjoratif, il doit être
pris dans le sens de cruauté, de la guerre.
L'image circulaire n'a pas toujours la forme d'une
circonférence parfaite ; d'un simple incurvement, d'un mouvement
ondulatoire.
Elle se combine dans l'expression scénique par des angles,
des pointes, des ruptures.
Le cercle est de pair avec le chaos. C'est le signe de la
déchéance. C'est pourquoi, dirait Siegfried Kracauer, que le
cercle est la marque de l'homme en proie au chaos.
Tout le village est bouleversé par la mort de Ntep
Iliga dont on ne se retrouve pas le coupable. Mais après maintes
tractations, tout se remet en ordre pour clamer la paix, l'amour, la
cohésion, la solidarité de manière unanime.
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