VI-3-La microfinance, un outil efficace pour
l'amélioration des conditions de vie des populations.
La majorité des adhérents des IMF affirment
qu'avec la mutuelle, leurs besoins ne sont que moyennement satisfaits
(confère les données du tableau 15). Cela s'explique par
plusieurs causes, notamment la non information de ceux-ci de certaines
pratiques de leurs mutuelles. En effet, beaucoup sont ceux qui ne savent pas le
taux d'intérêt qui leur est appliqué, ce pourquoi ils
n'arrivent pas à l'apprécier (confère les données
du tableau 20). Pour certains adhérents, les conditions d'octroi de
crédit sont compliquées (confère les données du
tableau 19). Ces conditions varient en effet d'une mutuelle à une autre
et en général sont :
> Etre déjà en exercice d'une activité et
être membre de la mutuelle depuis au moins 3 mois.
> Présenter dans son compte une garantie de 25% du
montant du crédit demandé.
> Présenter une garantie matérielle (un bien
immobilier en général) et une caution (personne physique comme
témoin).
Les responsables des IMF expliquent ces conditions comme pour
aider le bénéficiaire à bien gérer ses
activités et à rembourser le crédit. C'est justement
pourquoi les adhérents affirment en majorité que le recours aux
services de leurs mutuelles a entraîné un changement dans leurs
conditions de vie.
Comment s'est fait alors ce changement ?
La contribution de leurs mutuelles a permis aux
adhérents d'être, selon eux, financièrement autonomes. En
effet, autrefois avant leur adhésion aux IMF les populations avaient
comme source de financement l'épargne traditionnelle personnelle, la
tontine consensuelle ou un parent ou un ami (confère les données
du tableau 6). Désormais, ils arrivent à financer tant bien que
mal leurs activités après avoir eu le crédit.
De plus les populations arrivent désormais à
satisfaire à leurs besoins familiaux. Parmi ces besoins, les soins de
santé sont les plus prioritaires. Cela illustre d'abord que les
populations dans la préfecture de Tchaoudjo sont confrontées aux
multiples maladies, notamment le paludisme et la tuberculose. La recrudescence
de ces endémies s'explique souvent par la non maîtrise des
méthodes de leur prévention et de leur traitement. Le second
domaine dans lequel elles investissent est l'alimentation et l'habillement. En
effet, l'alimentation et l'habillement sont des besoins
élémentaires de l'homme depuis que les hommes ont commencé
la vie en société. Cependant, si l'habillement attire autant
d'investissement, c'est qu'il est devenu progressivement un luxe. Toutefois,
ces dépenses colossales dans l'habillement ne sont pas les mêmes
chez tous les individus. D'un côté, il met en évidence
l'affirmation du statut social de l'individu du fait que ce dernier veut se
faire remarquer par son habillement ou se distinguer (cas des Azia qui sont
influentes dans la prise de certaines décisions concernant les femmes).
De l'autre côté, cela est la conséquence d'une imitation du
fait de la tendance à l'uniformisation des modes vestimentaires. Un
autre domaine dans lequel les bénéfices sont investis concerne la
scolarisation et l'apprentissage des enfants du fait des taux de scolarisation
croissants dans le milieu. Donc, on remarque que les principaux domaines dans
lesquels les bénéfices sont investis sont des domaines
improductifs. On voit donc que les populations dépensent une grande
partie de leurs revenus dans un domaine qui n'est pas directement productif.
Toutefois, certains de ces domaines comme la santé et l'éducation
sont prioritaires pour un développement durable. Investir dans ces
domaines revient à poser des bases solides pour un tel
développement. Il faut quand même noter qu'il y a une infime
partie des bénéfices issus des activités qui est investie
dans l'accroissement du capital chez certains bénéficiaires
(confère les données du tableau 13).
L'accroissement du capital chez certains semble être en
effet moins préoccupant du fait de la mévente ; qui est un
problème qui explique la dégradation des conditions de vie d'une
infirme partie des adhérents, qui se trouvent contraints de payer le
crédit qui leur est octroyé même s'ils devraient s'endetter
auprès d'une tierce personne.
Notons en définitive que les IMF grâce aux micros
financements qu'elles accordent aux personnes morales et physiques constituent
une bouffée d'oxygène pour les populations dans la
préfecture de Tchaoudjo.
Certes, tout n'est pas parfait, mais il faut noter que leur
action a un impact sur les conditions de vie de ces populations. En effet,
même si certains adhérents pensent que les montants des
crédits qui leurs sont octroyés ne sont pas suffisants, il faut
noter que vue les réalités socio-économiques du milieu ces
crédits tant ordinaires que particuliers peuvent augmenter la
capacité des bénéficiaires puis que leurs montants peuvent
aller jusqu'à un million de francs CFA (1.000.000 F CFA).
Aussi, si chez certaines IMF l'épargne a évolué
de 50 Millions en 2004 à 145 millions en 2010, soit un accroissement
moyen de près de 300% en 6 ans ou 50 % par an (WAGES), il faut noter que
chez d'autres (FUCEC- Gaieté), elle dépasse 1 milliard de FCFA en
2010. Si certains constatent que ces crédits leur ont permis d'augmenter
leurs revenus, alors pourquoi pas d'autres ? Tout dépend donc non
seulement de la gestion et des activités et du crédit reçu
par le concerné lui-même, mais aussi de son esprit
d'investissement et de la gestion de ses revenus en vue de l'accroissement de
son capital.
Même s'ils ne bénéficient pas de
crédits, à travers l'épargne et d'autres services non
financiers comme les formations et l'appui institutionnel qui consiste à
faciliter la constitution des clients en associations ou en groupes de
solidarité, certains adhérents aux IMF affirment qu'ils ont
constaté un changement positif dans leurs conditions de vie.
Ils arrivent désormais à mieux gérer
leurs revenus et la tontine leur permet d'épargner progressivement assez
d'argent sans pour autant sentir cela dans leur quotidien. De plus les clients
se sentent désormais engagés et ils doivent par là
réguler leurs activités (maximiser le profit) et s'auto
réguler si nécessaire (contrôle des dépenses).
Cependant, la microfinance si elle constitue un important
outil de lutte contre la pauvreté n'est pas un baton magique qui
viendrait transformer la société. Ce n'est pas une solution
miracle à la pauvreté. C'est plutôt un « instrument
>> dont on peut s'en servir pour éradiquer la pauvreté.
S'en servir, suppose une méthode constituée des techniques et des
procédures d'application de ces techniques. Dans le cadre de notre
milieu d'étude, il faut dire que beaucoup reste à faire vu les
réalités que vivent les populations locales. Des efforts doivent
être faits par différents acteurs sociaux si des solutions
pérennes veulent être mises en place pour améliorer
véritablement les conditions de vie des populations.
Notre étude serait en quelque sorte «
stérile >> si des approches de solution ou des suggestions
n'étaient pas proposées sous forme de recommandations pour
augmenter l'efficacité de l'action de la microfinance en tant qu'outil
de développement local, durable et participatif.
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