VI-2- L'importance de la consistance du montant des
crédits pour une efficience
Les services offerts par les IMF se composent des services
financiers qui sont le produit épargne, le produit crédit, le
virement des salaires
etc. et des services non financiers
notamment la formation et l'appui institutionnel. La principale cause qui
pousse les populations à y adhérer est de pouvoir obtenir un
crédit (confère les données du tableau 7).
Il faut noter que cependant, certains adhérents ne
demandent pas de crédit et cela ne leur permet pas a priori de
promouvoir leurs activités (confère les données du tableau
8). Cela ne profite non plus aux IMF du fait qu'elles ne participent pas
à la formation du capital. Cette situation s'explique globalement par
des causes socio culturelles et religieuses. En effet, la religion dominante du
milieu (l'Islam) aurait interdit le prêt à intérêt.
Ce qui fait que certains ne demandent pas de crédit car s'ils ont
adhéré à la mutuelle, c'est qu'ils pensaient au
départ que les prêts sont sans intérêt. Alors ceux
là qui ne demandent pas de crédit se sentent quelque fois exclus
du secteur d'activité des IMF, même si plus de la moitié de
nos enquêtés trouve que le taux d'intérêt qui leur
est appliqué est peu élevé (confère les
données du tableau 20), certains refusent tout de même de demander
du crédit parce que selon eux, la religion interdit
d'intérêt quel qu'il soit. Pour les responsables des IMF, cette
situation s'explique par l'ignorance de certains textes religieux par les
adeptes sinon cet intérêt n'a rien à voir avec les
interdits religieux. Cette situation constitue un véritable carcan
social et des efforts sont en train d'être faits pour palier à ce
problème. Il faut aller jusqu'à l'expliquer comme la valeur
ajoutée d'un bien produit ou d'un service rendu. Pour ceux qui demandent
du crédit la presque totalité d'entre eux l'obtient au moins une
fois. (Confère les données du tableau 9) Pour les IMF, cela
s'explique par le fait que leur objectif principal est de promouvoir les
activités des populations à faibles revenus par des micros
financements. Le crédit est donc un
outil efficace à cette promotion et à
l'éradication de la pauvreté. Il arrive même que certaines
IMF se retrouvent dans l'incapacité de satisfaire à toutes les
demandes de crédit (l'encours des crédits étant
supérieur à l'épargne totale) et font donc appelle aux
services des banques classiques pour renforce leurs capacités.
Cependant, si chez certaines IMF le porte feuille à
risque se chiffre à 2%, il va jusqu'à 8% chez d'autres. Comment
expliquer donc cette situation ? Comment expliquez la réticence des
bénéficiaires des crédits à les rembourser dans les
délais prévus ?
Il faut noter que certains bénéficiaires pensent
que le montant des crédits dont ils bénéficient est peu
suffisant et insuffisant (confère les données du tableau 21).
Cette insuffisance du montant des crédits fait que la capacité du
bénéficiaire à mener ses activités ne se trouve pas
être renforcée. Son capital est émietté et cela
n'agit pas véritablement de manière favorable sur ses
activités. Ainsi, certains pensent qu'ils ont une activité qu'ils
exercent, qu'ils la maîtrisent bien. Pour se faire, ils se sont
dirigés vers les IMF pour demander du support, mais que malgré ce
support, ils se retrouvent sans moyens d'action et sont obligés de
rembourser le crédit qui leur est octroyé. C'est ce qui les
oblige à prendre des fois en toute illégalité deux ou
plusieurs crédit à la fois auprès de plusieurs mutuelles :
c'est la cavalerie de crédit. Cette pratique met en effet
l'intéressé dans un cercle vicieux et il se retrouve dans
l'incapacité de maximiser ses revenus et de rembourser ses
crédits.
Pour les mutuelles, il faut éviter des crédits
complaisants qui en fait sont des crédits dont les montants sont
relativement élevés pour pouvoir réduire le
détournement d'objet de crédit. En effet, si le montant du
crédit dépasse les besoins financiers du
bénéficiaire pour ses activités, le surplus est investi
automatiquement dans un domaine improductif et le met dans l'incapacité
de reconstituer progressivement le montant du crédit. L'augmentation du
montant des crédits n'est donc pas selon elles une solution au
problème de non
remboursement des crédits. Un crédit dont le
montant est justement conforme aux besoins du bénéficiaire l'aide
à développer l'idée de réinvestir les
bénéfices dans ses activités et d'accroître ses
revenus (idée centrale du capitalisme). Parlant justement de
l'accroissement des revenus, il faut noter que la majorité des
bénéficiaires de crédits, malgré l'insuffisance de
leurs montants estiment qu'ils leur ont permis d'augmenter leurs revenus. Il
faut noter à ce sujet, que les crédits reçus permettent
aux bénéficiaires de mieux contrôler leurs
activités. A titre d'exemple, il y a le crédit saisonnier
accordé aux commerçants et aux agriculteurs pendant des
périodes précises de l'année (période des
récoltes pour les commerçants et la période des semences
pour les agriculteurs). Ces crédits permettent aux commerçants de
faire des stocks de céréales afin de maximiser les
bénéfices à la vente en période de pénurie.
On se rend donc compte qu'ils maîtrisent mieux les achats et les ventes
de leurs produits. Ce qui contribue énormément à
l'amélioration de leurs conditions de vie. D'ailleurs, une
majorité de notre échantillon trouve que sa situation actuelle
après avoir eu le crédit est acceptable. Il y a même
certains qui trouvent qu'elle est meilleure comme le montrent les
données du tableau 14.
Pour ceux qui pensent que le crédit reçu n'a pas
permis d'augmenter leurs revenus, ils expliquent cela par la mévente,
l'émiettement de leur capital ou un capital insuffisant. Nous avions dit
précédemment que l'émiettement du capital est dû
selon les adhérents à l'insuffisance du montant du crédit,
aux conditions compliquées d'octroi de crédit. Quant au
problème de la mévente, il faut noter que c'est un
problème crucial dans le milieu qui est évidemment dû
à une offre supérieure à la demande, mais aussi à
la non diversification des secteurs d'activité. En effet, il y a une
sorte de tendance à l'exercice d'une seule activité qui est le
commerce et par conséquent, les produits proposés deviennent
alors abondants, malgré que les prix chutent on a du mal à les
écouler. Cela rend improductif et inactif le capital investi. C'est pour
palier à ces problèmes qu'il y a un développement
progressif des activités particulières comme la boucherie, la
cordonnerie ou la menuiserie. Ce développement
étant en partie aussi dû à leur adhésion aux IMF et
aux crédits qu'ils reçoivent. Ces crédits leur permettent
non seulement d'améliorer leurs conditions de vie (confère les
données du tableau 16), mais aussi promeuvent également ces
nouveaux secteurs d'activité. Cette émergence de ces nouveaux
types d'activité vient donc appuyer l'action des IMF afin que les
besoins des populations soient satisfaits.
Notons en définitive que si le crédit obtenu ne
permet pas aux bénéficiaires d'améliorer leurs conditions
de vie cela est dû au domaine dans lequel leurs bénéfices
sont investis. Considérons le paradoxe selon lequel la majorité
de ceux qui prennent les crédits trouve que le montant de ces
crédits sont insuffisants ou peu suffisants ; mais au même moment,
ils trouvent que leurs conditions de vie sont devenues acceptables voir
même meilleures.
Cet état de chose illustre qu'en réalité,
les montants des crédits sont suffisants, mais c'est la manière
de vouloir gérer leurs activités qui fait croire aux
bénéficiaires que les montants des crédits ne sont pas
suffisants. Comme l'affirment donc les responsables des IMF, si les
crédits sont complaisants, ils « poussent » leurs
bénéficiaires à investir dans des domaines improductifs,
à ensuite se retrouver incapables de les rembourser et enfin à
trouver leurs conditions de vie dégradées. Des crédits
consistants mais sur mesure sont donc importants pour une meilleure
efficience.
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