4.3.2.3. L'analyse économique
La mise en oeuvre de ce module n'a pas été
facile tant pour les animateurs que les paysans. Puisqu'il fait appel aux
calculs surtout arithmétiques et à une grande vigilence. Ce
module s'articule autour de la détermination du profit, le choix des
spéculations rentables, la répartition du revenu dans le
ménage, l'élaboration du budget, du bilan et du compte
d'exploitation prévisionnelle. Le choix des cultures a été
fait à la fin d'une série de calculs des marges brutes de chaque
spéculation. Les critères de choix des cultures étaient :
la durée du cycle végétal, le nombre de jour de travail,
le coût total de production, et le revenu total de la culture. Les
paysans considèrent comme culture rentable, celle qui a un cycle
végétal relativement court, occupant moins de temps et bon
marché c'est-à-dire est vendu à temps à un bon
prix.
Tous les points importants de ce module ont été
enseignés. Puisque, 64 % ont traité la détermination du
profit, le choix des spéculations rentables et l'élaboration du
budget, du bilan et du compte d'exploitation. 21 % ont traité uniquement
la répartition du revenu, 6 % ont traité uniquement la
détermination du profit, 3 % uniquement le choix des spéculations
et seuls 2 % des paysans ont traité tous les points de ce module. Les
paysans ayant traité tous les points de ce module sont tous de
Mingeumeu. Aussi, 4 % des paysans, tous de Mvan et Ndibidjeng, n'ont rien fait
de ce module. La figure 9 ci après présente une
répartition des points traités en fonction des zones
d'interventions.
zone d'intervention
Mvan Dibidjeng Mingeumeu Ondeck Ndéllé
100,0%
80,0%
20,0%
0,0%
Pour-cent
60,0%
40,0%
Légende :
1 et 2 : détermination du profit, choix des
spéculations, élaboration du budget, bilan et compte
d'exploitation.
1-2 et 3 : tous les points prévus dans ce module
Figure 9. Points essentiels traités par les
paysans dans le module analyse économique
Chaque paysan a retenu quelque chose dans ce module. Mais ce
sont les plus éduqués qui ont le plus retenu. Ceci est dû
aux opérations de calcul qui dérangent la plupart de ces paysans.
Ainsi 73 % des paysans savent comment déterminer le profit net,
établir un budget, bilan et compte d'exploitation, et choisir les
cultures les plus rémunératrices. Parmi ces paysans, se trouvent
ceux qui ont le probatoire, près de 85 % des titulaires du BEPC et 45 %
titulaires du CEPE. Neuf pourcent des paysans enquêtés savent
calculer leur profit et élaborer leur budget ; parmi eux, 5 % ont le
BEPC et 15 % ont le CEPE. Huit pourcent d'entre eux ont retenu soit comment
déterminer le profit, soit comment élaborer le budget et le
bilan, soit comment choisir une culture rentable. Parmi eux, 10 %
ont le BEPC et 20 % ont le CEPE. Enfin 10 % des paysans n'ont
rien compris sur ce module tous ayant le CEPE et représente 20 % des
titulaires du CEPE.
Au terme de la formation, la plupart des paysans (87 %) ont
déclaré avoir mis en pratique les enseignements reçus et
les autres (13 %), affirment ne pas voir estimer l'importance de
connaître son profit ou faire le budget. Les paysans appartenant à
cette deuxième catégorie sont les personnes âgées
ayant plusieurs personnes à charge et qui cultivent d'abord pour
l'autoconsommation. Bien que la majorité des paysans appliquent les
connaissances acquises dans ce module, tous affirment rencontrer des
difficultés lors de leur application. Parmi ces dernières, ils
ont cité la difficulté de considérer la main d'oeuvre
familiale comme rémunérée, la difficulté de
déterminer les jours de travail consacrés à une culture
donnée, la difficulté dans l'estimation de la proportion de
récoltes qui est auto-consommée, etc. C'est à cause de ces
difficultés que chaque paysan a apporté des modifications par
rapport à ce qui a été enseigné.
Quatre vingt quatorze pourcent des paysans ont dit avoir
modifié les fiches proposées par les animateurs parce que
jugées trop complexes et difficiles à comprendre surtout les
fiches de recettes et de dépenses. Ces paysans ne tiennent donc pas
compte de la valeur de leur main d'oeuvre ni de celle du terrain qu'ils
exploitent ; ils remplacent tout ceci par le coût du défrichage,
de l'abattage et du dégagement. D'autres ne tiennent pas compte des
intérêts sur leur épargne.
Les paysans appliquant l'analyse économique dans leur
exploitation ont en majorité (70 %) un registre où ils
mentionnent toutes les transactions (des récoltes et d'argent). Certains
évaluent le profit uniquement pour les cultures vivrières (ce
sont les jeunes et les femmes) ou uniquement pour les cultures de rente (cacao
et café pour les vieillards et banane plantain pour les jeunes et les
femmes) ceci parce que ce sont les cultures qui leur génèrent le
plus de revenu.
En cas de difficultés dans l'application de ce module,
seuls 9 % des paysans retournent chez l'animateur ; chacun essayant à
son niveau de les résoudre. Certains négligent juste ce qui
dérange tels que l'inclusion de la main d'oeuvre comme
rémunérée. Ce faible pourcentage peu s'expliquer par le
fait que les paysans n'aiment pas qu'une autre personne connaisse ce qu'ils
gagnent.
En somme le CEF à Akonolinga n'a pas été
mis en place comme dans le Nord Cameroun. La formation des paysans s'est faite
en un temps très court, ce qui n'a pas permis aux uns et aux autres de
se rattraper. Trois modules ont été enseignés et mis en
application par les paysans même si la majorité des paysans ont du
mal à appliquer l'analyse économique dans leurs exploitations.
L'application du CEF s'est véritablement faite en début de
campagne 2007 puisque en 2006, les paysans suivaient encore les formations. Il
n'y a que quelque uns qui ont appliqué le CEF à la seconde
campagne de 2006. Ce n'est donc qu'à la fin de la campagne 2007 et en
début de l'année 2008 que les paysans perçoivent les
premiers effets du CEF.
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