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à‰valuation socio économique de la démarche de Conseil aux Exploitations Familiales Agricoles mise en Å“uvre par l'Association pour le Développement des Exploitations du Centre Cameroun

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par Nestor NGOUAMBE
Université de Dschang - Ingénieur agronome (économie et sociologie rurales) 2008
  

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2.3. Revue de la littérature.

2.3.1. Le CEF : historique, évolution, expériences

2.3.1.1. Historique et évolution du CEF

C'est grâce à une étroite collaboration entre la section d'économie rurale de l'Institut National de Recherche Agronomique (l'INRA) et de la chaire d'économie rurale de l'Ecole Nationale Supérieure d'Agriculture (ENSA) de Grignon, conduite par le professeur Chombart de Lauwe qu'est née l'idée des centres de gestion des exploitations agricoles. Considéré comme le père de la gestion agricole en France, Chombart de Lauwe a mis au point une méthode de gestion des exploitations en 1957 (Legile, 1999). L'évolution des problèmes de gestion des exploitations et des cadres de représentation n'a pas été sans influence sur les méthodes et outils développés, même si d'autres facteurs y ont aussi concouru (informatisation, et obligations administratives). Parmi ceux-ci, l'un des plus importants actuellement est certainement la prise en compte du savoir-faire gestionnaire des agriculteurs. Si pendant longtemps la gestion a uniquement été associée à l'obtention de «résultats>>, aujourd'hui elle commence à être déclinée en terme de pratique, de raisonnement.

Cette nouvelle approche mise sur pied par Chombart de Lauwe, vient combler les limites de la vulgarisation classique (Havard et al., 2002, 2003) qui était caractérisée de « top down >> car elle ne prenait pas en compte les savoirs locaux et les besoins réels des paysans (Tchouamo et Steele, 1997, Tchouamo et al., 2006). D'ailleurs Misté (2008) rapporte que la « vulgarisation en Afrique a souvent été conçue dans le but de faire adopter par les producteurs, grâce à des dispositifs d'encadrement, des techniques mises au point par la recherche agronomique ».

Tchouamo et Steele (1997), Havard et al. (2001), et Djoukam (2003), précisent que le système «Training and Visit » de la Banque Mondiale et les approches du Programme National de Vulgarisation et de recherche Agricole de l'ex MINAGRI ont longtemps répondu à ce modèle au Cameroun. Bien qu'ayant contribué à la diffusion de nombreuses innovations techniques, ces

approches ont rarement contribué à l'amélioration du fonctionnement global de l'exploitation (Tchouamo et al., 2006 ; Legile 2006, Misté, 2008). Pour corriger cette lacune, Havard (2002), Daouda et Havard (2003) , Legile et al. (2004) pensent qu'un diagnostic de l'exploitation est nécessaire en préalable au conseil. Dans le cadre de la définition des nouvelles politiques agricoles, la plupart des Etats et les bailleurs de fonds cherchent à ressortir les limites de la vulgarisation classique pour laisser place au conseil (Misté, 2008). Le tableau 4 indique quelques limites de la vulgarisation classique.

Tableau 4. Quelques limites de la vulgarisation classique (Training and Visit)

Vulgarisation «classique»

· Diffusion de thèmes surtout techniques.

· Conseillers détenteurs du savoir : les producteurs sont des récepteurs des messages.

· Importance des démonstrations sur le terrain mais les groupes sont rarement constitués par affinité.

· Paysans ne gérant pas les dispositifs et ne choisissant pas les conseillers.

· Savoirs paysans peu valorisés.

· Liens forts avec les recherches agronomiques publiques et/ou privées qui mettent au point les thèmes

Source : adapté de Daouda (2002) et Misté (2008)

L'approche conseil (de gestion) était considérée comme une aide à la prise de décision (Legile, 1999). Sa démarche et ses outils étaient beaucoup plus basés sur les calculs, la comptabilité-gestion, l'animation de groupe, la technique du questionnement, de la participation des paysans, des visites de terrain. Legile (1999) précise que l'application du conseil de gestion nécessitait un certain niveau de scolarisation et une certaine connaissance en agriculture et en comptabilité tant de la part des paysans que des conseillers.

Ainsi, Dugué et al. (2004) rapportent que lors de l'atelier de Bohicon en 2001, le terme conseil de gestion (CdG), jugé trop restrictif, car connoté «comptabilité-gestion», ne reflétait pas la diversité des expériences présentées par les participants. D'où la proposition d'employer le terme de conseil aux exploitations familiales (CEF) qui recouvre plusieurs types de conseil conçus et mis en oeuvre dans des contextes différents et selon des approches distinctes. Le CEF permet de renforcer la capacité du producteur à maîtriser le fonctionnement de son exploitation, à améliorer ses pratiques en combinant innovations paysannes et innovations extérieures, à prendre de meilleures décisions pour atteindre les objectifs qu'il se fixe avec sa famille. En ce sens, les démarches de type CEF peuvent utilement contribuer à la réforme des systèmes de vulgarisation classique, en dotant les producteurs de capacités à définir leurs besoins, à préciser leurs objectifs tant au niveau de leur exploitation que de leur famille, à maîtriser leurs actions et, plus largement, les processus de gestion concernant leurs unités familiales de production.

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