5 Conclusion
Depuis que l'école publique existe, le
décrochage scolaire a toujours existé. Les
«décrocheurs» scolaires, au temps de l'État providence,
étaient une main-d'oeuvre pour le marché du travail en
période de quasi-plein-emploi et trouvaient ainsi leur place dans la
société. Aujourd'hui, la crise économique ne favorise pas
l'emploi et les chiffres du chômage ne sont pas prêts de diminuer
(bien au contraire). Avant cette crise, le manque d'emploi était
déjà au rendez-vous et justifiait pleinement l'intervention de
l'État. Le taux de chômage des jeunes reste élevé et
a tendance à augmenter ces dernières années. La
disparité marquée par les taux de chômage des jeunes
diplômés et non diplômés justifie ainsi, les
dispositifs d'aide vers des actions ciblées. Aujourd'hui, si le
décrochage scolaire est considéré comme un problème
relevant de l'ordre public voire de la sécurité publique, les
décrocheurs sont devenus une classe dangereuse qu'il faut investir. Par
l'insertion des jeunes dans le marché de l'emploi, la réussite
scolaire est devenue un enjeu politique, économique et social. En vue
d'une réinsertion socio-éducative et socioprofessionnelle, les
dispositifs de remédiation dans l'Union européenne, en
l'occurrence en Communauté française de Belgique, proposent aux
jeunes un parcours de réinsertion linéaire, qui, dans la
pratique, n'est pas forcément mis en oeuvre. L'objectif est de donner
une seconde chance de qualification aux jeunes qui ont
«décroché» du parcours scolaire traditionnel,
producteur d'abandon scolaire. Le nouveau référentiel de
l'État social actif nous propose une nouvelle approche qui va encourager
ou décourager une série de pratiques. L'ESA va conforter une
certaine conception du problème et va permettre de construire un espace
de sens dans lequel les acteurs vont élaborer leur rapport au monde
(pour notre étude, on parlera du décrochage scolaire). Ainsi, ce
référentiel inclut un ensemble de dispositions qui se rapporte
à la manière d'intervenir sur le problème. C'est au niveau
local qu'il faut trouver les ressources pour agir face à ses propres
problèmes. En prônant la gestion et le contrôle des jeunes
en difficulté, l'État décentralise son pouvoir au niveau
des autorités politiques locales en finançant les Contrats de
Sécurité.
Si le décrochage scolaire met en évidence «
les lacunes» de l'individu et la déresponsabilisation du
système éducatif, la socialisation du jeune peut se structurer
autour du diplôme (la réussite scolaire) ou par le maintien, dans
la mesure du possible, dans des dispositifs d'insertion (prise en charge
spécifique de l'élève en difficulté) sous peine de
devenir hors-la-loi.
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