Chapitre 2 : Le décrochage scolaire ou
l'émergence de nouveaux dispositifs en Communauté
française de Belgique
1 Introduction
Selon Abraham Franssen (2002), on observe depuis une quinzaine
d'années une multiplication de «dispositifs sociaux»
destinés aux publics à «la marge» de la
société dans différents champs (éducation,
formation, emploi, aide sociale, politique de la jeunesse, politique de la
ville...) en vue de favoriser leur (ré)-insertion, leur autonomie et
leur «activation». « Ces dispositifs ont bien pour
finalité explicite d'assurer la « cohésion sociale» en
agissant directement sur les comportements autant que sur les psychismes des
«marginalisés» de la société de
marché31.»
Selon Jacques Pain (2000) : « dans la conjoncture
actuelle, l'école est le fil conducteur
(institutionnel) du contrôle social, et de la
socia(bi)lité. C'est en effet d'abord l'école
quidénonce la déscolarisation, juste avant les
organismes et les instances de contrôle et
d'inspection sociale, et avant les parents ou la police.
Le rapport belge pourtant soulève une idée intéressante.
Les trois « piliers » de l'accrochage scolaire sont les piliers
scolaire, judiciaire et « communal », et la proposition est
d'instaurer une concertation communale, de créer littéralement
une « mentalité » communale très certainement. Le
problème de fond reste en effet un peu partout le même :
l'émiettement sociétal, le manque de synergie et de collaboration
»32.
Dans ce chapitre, nous décrirons la base commune des
différents acteurs concernés par le décrochage scolaire en
Communauté française. L'objectif est que le lecteur puisse cerner
les normes instituées par l'État qui encourage les
opérateurs à collaborer et à prendre en
considération les jeunes en difficultés. Ensuite, nous nous
intéresserons, en partie, aux différents acteurs scolaires,
associatifs, communaux et judiciaires traitant le décrochage scolaire
sur La Louvière. Enfin, nous ciblerons, le champ de l'accrochage
scolaire sur le territoire louvièrois émanant de l'arrondissement
judiciaire de Mons en Communauté française de Belgique.
31Ibid.
32 Pain, J. (septembre 2000). VEI Enjeux,
n°122.
2 Les décrets et normes étatiques qui
balisent les opérateurs sociaux traitant le décrochage scolaire
en Communauté française
2.1 Loi du 29 juin 1983 concernant l'obligation scolaire,
art. 1er, § 1er, al.1er
« Le mineur est soumis à l'obligation scolaire
pendant une période de douze années commençant avec
l'année scolaire qui prend cours dans l'année où il
atteint l'âge de six ans et se terminant à la fin de
l'année scolaire, dans l'année au cours de laquelle il atteint
l'âge de dix-huit ans ». « En Belgique, tous les mineurs
d'âge, y compris ceux de la nationalité étrangère
qui y séjournent, sont soumis à l'obligation scolaire. Cette
obligation incombe aux parents, à la personne investie de
l'autorité parentale ou à la personne qui assume la garde en fait
du mineur33. » La loi de l'obligation scolaire impose aux
jeunes de fréquenter l'école jusqu'à 18 ans. L'obligation
se traduit pour la jeunesse par un devoir à respecter. Celui-ci est un
devoir scolaire qui est contrôlé non seulement par l'école,
mais également, par plusieurs opérateurs, à savoir : la
Direction Générale de l'Enseignement Obligatoire, la police et le
parquet qui convoque le jeune et ses parents pour un rappel à la loi
sous peine de sanction.
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