3.3 La solidarité fusionnelle
Elle est fondée sur des valeurs : « les gens
sont liés entre eux par une communauté de convictions :
ils partagent une foi, des croyances, des valeurs, une idéologie, une
utopie, le même projet d'avenir qu'ils croient bon, non seulement pour
eux-mêmes, mais aussi pour les autres123
».
3.3.1 L'acteur scolaire, l'école et le
CPMS124
En ce qui concerne les collaborations avec les autres
acteurs, l'efficacité et le fait d'être professionnel
sont des valeurs importantes pour le directeur d'école. Ces valeurs
donnent du crédit à l'AAS et le CPMS, acteurs
privilégiés de l'école125. Aussi, la notion de
temps dans l'intervention pour accrocher l'élève en
décrochage scolaire est capitale. En effet, pour le directeur, il ne
sert à rien d'intervenir un mois après avoir constaté
l'absence du jeune. Plus vite on intervient, au mieux l'école peut
envisager son accrochage scolaire.
Selon l'éducateur, le CPMS et l'AAS répondent
favorablement à chaque demande de l'école pour les jeunes en
difficulté. De plus, l'éducateur donne de l'importance au retour
que ces services peuvent lui faire. Pour l'éducateur, la motivation et
l'investissement de l'AAS peuvent diminuer le décrochage scolaire.
En ce qui concerne la CAS, l'éducateur soulève
que, pour combattre le décrochage scolaire, il faut que tous travaillent
dans le même sens et fonctionnent de la même façon. Sans
cette conviction, il ne sert à rien d'y participer. Selon l'assistant
social du CPMS, les membres de la CAS se centrent sur une valeur commune,
c'est-à-dire, l'épanouissement du jeune.
122Nous retrouvons les discours de l'acteur communal
en annexe 3, p. 62.
123Bajoit, G. (2003). Le changement social :
Approche sociologique des sociétés occidentales
contemporaines (p. 137). Paris: Armand Collin.
124Nous retrouvons les discours de l'acteur scolaire
en annexe 3, p. 15-17.
125De ce constat, pouvons-nous en déduire que
la direction ne travaille pas avec d'autres services parce qu'ils ne sont pas
efficaces et donc, peu professionnels ?
3.3.2 L'acteur issu du milieu associatif, L'AMO126
Selon l'assistant social, il existe une vision commune du
décrochage scolaire malgré les différences entre les
organisations présentes au sein de la CAS, la collaboration à
celle-ci faisant office de valeur. Il précise que le critère
primordial pour collaborer est l'envie de réaliser un projet et de
s'impliquer. La collaboration est quasi inévitable pour répondre
à la problématique du décrochage scolaire.
3.3.3 L'acteur judiciaire, le SJF127
L'AAS est le partenaire le plus important pour le SJF. Il est
considéré comme un service dynamique qui ne se limite pas aux
difficultés scolaires du jeune. Le travail de l'AAS s'oriente
également sur les difficultés relationnelles du jeune avec son
entourage. Aussi, selon la coordinatrice, l'AAS développe une
très bonne collaboration avec le réseau de l'accrochage scolaire
en gardant son indépendance et son professionnalisme lors des entretiens
individuels. Il existe une solidarité fusionnelle dans la mesure
où le SJF met un point d'honneur - malgré qu'il n'a pas
systématiquement de retour de la situation du jeune - sur le fait qu'il
y a une véritable prise en charge du décrocheur tenant compte de
sa situation globale. Aussi, outre le besoin de travailler en partenariat, la
coordinatrice estime que pour que cela soit faisable, il faut réunir les
différents acteurs autour d'une table de façon à exploiter
les idées de chacun. C'est la cohésion entre les acteurs qui
permettra de faire face au décrochage scolaire. L'agent de quartier
relate que, face au décrochage scolaire, il n'y pas de
compétition128 mais plutôt de la collaboration et du
partenariat entre les intervenants sociaux parce qu'ils oeuvrent, pour la
plupart, dans l'intérêt du jeune. Même si les moyens et les
objectifs sont différents, ça n'empêche pas de travailler
ensemble.
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