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Le décrochage scolaire: du contrôle social aux logiques de solidarité entre les différents intervenants

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par Antonio Rizzo
Université catholique de Louvain - Master en sciences de l'éducation 2010
  

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3.2.3 L'acteur judiciaire, le SJF

Le SJF fait appel à plusieurs services de par ses missions et les directives de sa hiérarchie. Les acteurs suivent des procédures bien spécifiques et font appel à différents acteurs, à savoir : l'acteur judiciaire (le Parquet de Mons, le tribunal de la Police), l'acteur scolaire (écoles, CPMS) et l'acteur communal (l'AAS). Comme nous l'avons soulevé dans les pages précédentes, le SJFP aiguille (si nécessaire) les décrocheurs vers le service le plus apte à répondre à sa demande. En théorie, le SJFP s'appuie sur la Circulaire PLP 41 pour favoriser le partenariat avec les écoles117. Il est demandé à la police locale de créer un point de contact permanent pour les écoles de son territoire. Pour la DGEO, « tant la circulaire que les projets de convention examinés se réfèrent aux situations de décrochage ou d'absentéisme scolaire118.» En revanche, selon la coordinatrice du SJF, le partenariat consiste à travailler sur la problématique de la délinquance juvénile plutôt que sur le décrochage scolaire (celui-ci étant un phénomène à identifier pouvant conduire à la délinquance juvénile). Dans les faits, la PLP 41 n'a pas influencé les relations avec les écoles réfractaires à ce type de collaboration. Cependant, les contacts se sont intensifiés avec certaines directions d'écoles. L'agent de quartier souligne qu'il y a une légère amélioration. Il ne sait pas si c'est lié à la Circulaire dans la mesure où l'acteur judiciaire n'a pas attendu ces normes pour établir des partenariats avec d'autres acteurs. Enfin, la participation à des réunions de concertation (CAS) avec les acteurs du champ de l'accrochage scolaire déstygmatise et relativise l'image de la Police (outre la répression, il y a un réel travail de prévention et d'orientation vers les services compétents) favorisant ainsi la collaboration avec de nouveaux acteurs (ex : la DGEO, les équipes mobiles). De plus, dans le cadre de la CAS, la Police s'est inscrite dans le projet Pass scolaire où elle figure comme l'un des acteurs principaux. En effet, sans les contrôles en rue, ce projet n'a pas de sens. Cette outil permet aux agents de quartier, d'une part, de leur fournir

116Nous retrouvons les discours de l'acteur issu du milieu associatif en annexe 3, p. 30-35.

117Pour rappel, le Ministère de l'Intérieur publiait une Circulaire relative à la collaboration de la police avec les établissements scolaires. L'accord de collaboration doit se traduire dans des conventions écrites associant établissements scolaires, police, procureur du Roi et bourgmestres compétents dans la zone de police concernée. 118Direction Générale de l'Enseignement Obligatoire, (Circulaire 2007-2008). Obligation scolaire, inscription des élèves, fréquentation scolaire, sanctions disciplinaires et gratuité dans l'enseignement secondaire ordinaire subventionné par la Communauté française.

plus d'informations sur le décrocheur et, de l'autre, de faciliter les collaborations avec les acteurs scolaires119. Dans le cadre des missions de SJF, les agents doivent répondre aux demandes du Procureur du Roi (Juge de la Jeunesse), des intervenants sociaux qui traitent le décrochage scolaire, des parents et des jeunes. Outre les Circulaires et les Décrets susceptibles de baliser leurs actions, le SJF a le besoin de s'informer sur la fréquentation de l'élève (est-il élève libre ?), sur son comportement et ses résultats scolaires. Pour atteindre cet objectif, les acteurs judiciaires travaillent en partenariat avec les acteurs scolaires (direction d'école, CPMS) et l'acteur communal (AAS) pour traiter la problématique du décrochage scolaire et éviter que la situation du jeune se judiciarise et se détériore (au contraire, il faut déjudiciariser sa situation). La collaboration avec les écoles et l'AAS se limite à des relais et des échanges d'informations. L'agent de quartier aiguille le décrocheur vers l'AAS afin d'identifier les causes du décrochage scolaire en tenant compte de son environnement familial. Selon l'agent de quartier, dont le rôle est limité (elle ne peut pas travailler l'aspect thérapeutique), l'AAS, de par ses compétences et son rôle, peut développer une vision plus globale de la problématique du jeune. Dans la même dynamique, en fonction du contexte, il contacte le CPMS et les écoles dans l'objectif de signaler la situation du jeune et si possible, d'intervenir au sein du foyer familial et - après la visite à domicile du CPMS - de donner un retour à la Police de façon à réagir en conséquence. Cette démarche est multilatérale dans la mesure où le CPMS active également le SJF lorsque c'est nécessaire.

Selon la coordinatrice, lorsque certains directeurs se trouvent dans l'impasse face des élèves «ingérables», ils font appel aux agents de quartier pour gérer la situation et être informés des institutions susceptibles de répondre à leurs demandes. La coordinatrice explique que ces demandes relèvent actuellement d'une prise de conscience commune aux différents acteurs, dans la mesure où l'on ne peut pas travailler seul dans son coin. Elle ajoute que chaque problème demande une réponse adaptée et qu'il y a des services spécifiques pour y répondre. Aussi, si l'agent de quartier relaie vers l'AMO, la collaboration est limité, il n'existe pas d'échange réel et de retour quant au suivi du jeune. Il précise que ce service est difficilement joignable et que le manque de personnel et de temps au sein du SJF ne favorisent pas les contacts120.

119Nous retrouvons les discours de l'acteur Judiciaire en annexe 3, p. 43. 120Nous retrouvons les discours de l'acteur Judiciaire en annexe 3, p. 46-52.

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