2.2.2 L'acteur issu du milieu associatif, l'AMO103
Selon le directeur de cette ASBL, la plupart des écoles
associent104 l'AMO Transit au Droits des jeunes. Cette association
crée des tensions et des difficultés pour les acteurs issus du
milieu associatif pour collaborer avec les écoles. En effet, la
dénonciation des renvois et du fonctionnement de l'école aux
Droits des jeunes peut influer sur l'image de l'établissement scolaire
et donc, sur sa réputation. De ce fait, les collaborations avec les
écoles se font rares sur le territoire louvièrois105.
Cependant, l'AMO a pour partenaire privilégié l'acteur scolaire,
le CPMS. Aussi, le directeur met en évidence les besoins de l'AMO pour
faire face aux difficultés que rencontre la jeunesse. À
l'époque, le directeur a demandé à son pouvoir subsidiant
(Communauté française) de financer davantage son service pour
engager du personnel afin de répondre aux analyses de besoins de l'AMO.
En parallèle, les Contrats de Sécurité ont eu des moyens
financiers pour davantage contrôler la jeunesse. Le directeur et
l'assistant social ont mal vécu cette situation et l'ont traduite comme
une non reconnaissance du secteur associatif. De plus, l'AMO va connaître
des plans de restructuration et des diminutions de son enveloppe
budgétaire. Il en résultera (peut-être ?) pour le
directeur, plusieurs licenciements (un directeur et trois assistants sociaux)
et l'extinction du service. De ce fait, l'avenir de l'AMO Transit reste
incertain.
2.2.3 L'acteur judiciaire, le SJF106
Malgré les démarches et les avertissements du
SJF auprès du jeune et de la famille concernant l'obligation scolaire,
il existe une discordance entre ce qui est dit et ce qui est fait. L'acteur
judiciaire s'appuie également sur une loi qui encourage les parents
à tout mettre oeuvre pour faire respecter cette obligation. Les parents
sont passibles d'une amende. Celle-ci est gérée par le tribunal
de la Police. Dans les faits, outre les contrôles du SJF, cette loi n'est
pas appliquée sur le terrain. Il en résulte à la fois, un
sentiment d'impunité des parents et des
103Nous retrouvons les discours de l'acteur scolaire
en annexe 3, p. 26-27.
104L'association se rapporte à la
vérification du respect de la procédure de renvoi du jeune. Il
arrive que les procédures ne soient pas respectées (renvois
abusifs) par les établissements scolaires. Voir page 59.
105Peut-on y voir des tensions entre droit et
devoir du jeune face à des écoles qui exigent de leurs
élèves des comportements adaptés pour préserver une
image de leur établissement scolaire ou une inadaptation de
l'école à garder ce type d'individus au sein de ses murs?
106Nous retrouvons les discours de l'acteur scolaire
en annexe 3, p. 42-43.
jeunes et un sentiment d'impuissance pour le SJF. L'acteur
judiciaire rencontre des élèves en souffrance psychologique qui
demandent des compétences plus spécifiques pour les soutenir et
les accompagner vers les circuits de réinsertion socio-éducative.
Dans ce contexte, les agents de quartier orientent les jeunes en
difficultés et les familles vers des services compétents.
Ensuite, un procès verbal est envoyé au Parquet de Mons afin de
le prévenir de la situation du jeune. L'agent de quartier rencontre dans
sa pratique des élèves ayant plus de trente demi-jours d'absences
non déclarés à la DGEO ou au CPMS. Selon l'acteur
judiciaire, certaines écoles ne jouent pas le «jeu», ne
faisant pas les démarches nécessaires pour dénoncer le
décrochage scolaire du jeune107. Enfin, dans la
réalité de terrain de l'acteur judiciaire, le manque de personnel
et les missions ne permettent pas une collaboration optimale dans les suivis
des décrocheurs car cela demande du temps et de l'énergie
(téléphoner aux différentes institutions, faire des
retours, etc.). L'agent de quartier suggère un temps plein pour
répondre à cette lacune.
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