Deuxième partie : recherche empirique
Chapitre 4 : Méthodologie
1 Problématique
Comme nous l'avons soulevé dans notre premier chapitre,
le décrochage scolaire est devenu un problème public tant au
niveau politique, économique que social. Outre un cadre politique qui
s'oriente davantage vers le sécuritaire et le contrôle social,
l'environnement des acteurs scolaires, communaux, judiciaires et issus du
milieu associatif est balisé par des lois, des décrets et des
normes. De plus, ces opérateurs sont invités à
échanger, à collaborer avec des services de réinsertion
socio-éducative77. Si l'État crée les
règles du jeu et s'il développe des nouveaux dispositifs (par
exemple : l'Antenne Accrochage Scolaire du Plan Stratégique de
Sécurité et de Prévention subsidié par le
Ministère de l'Intérieur ; le Service Accrochage Scolaire et les
équipes mobiles de la Communauté française), sa vocation
est de faciliter, d'encourager les initiatives locales en
décrétant la concertation et la collaboration avec les
organisations qui traitent le décrochage scolaire. « Dans ces
nouvelles politiques, les « décideurs » supra-locaux se
contentent de définir les grandes lignes, de suggérer des
hypothèses d'interprétation des problèmes visés, et
laissent aux acteurs locaux le soin de spécifier ces orientations
générales en fonction des contextes locaux. À ce niveau,
les autorités communales sont investies de la responsabilité de
réunir des acteurs locaux dont l'action est significative par rapport
aux problèmes visés, et d'organiser entre eux une concertation de
manière à mettre au point un projet local
spécifique78 ». On retrouve sur le territoire
louvièrois en Communauté française belge, une Commission
Accrochage scolaire gérée par l'AAS (CS). Cette commission est un
lieu de concertation où gravitent les différents acteurs qui se
rencontrent dans le cadre de réunions trimestrielles et ce, dans une
logique adhocratique. Ces opérateurs ont chacun des
représentations bien spécifiques du décrochage
77Nous invitons le lecteur à la page 32 de
notre étude : malgré la collaboration entre les différents
opérateurs, la solidarité sociale des opérateurs atteint
ses propres limites face au manque de place dans les structures d'accrochage
scolaire.
78Hubert, H.-O. (1999). L'Etat face à
l'insécurité : Dérives politiques des années 90
(p. 168). Bruxelles : Labor.
scolaire et fonctionnent avec leurs propres règles,
leurs propres procédures, leurs propres normes, leurs propres
idéologies, leurs forces et leurs faiblesses. Dans un contexte où
l'on retrouve une multitude d'intervenants traitant le décrochage
scolaire et en prenant en considération leur organisation, nous
formulons les questions suivantes : (1) Quelles sont les perceptions de la
gestion du décrochage scolaire et les logiques de solidarité
mobilisées par les acteurs scolaires, communaux, judiciaires et issus du
milieu associatif au sein de leur organisation qui participent à la CAS
? (2) Comment la CAS traite la diversité des organisations qui y
participent et comment influence-t-elle leur logique de solidarité et
leur perception de la gestion du décrochage scolaire ?
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