Conclusion du chapitre I
Le chapitre qui s'achève nous a permis de retracer
l'évolution théorique du débat sur l'inexistence d'un
effet de la monnaie sur l'activité économique, il nous permet de
faire ressortir par le biais de cette controverse tout l'enjeu que
représente cette question pour la politique monétaire de la zone
CEMAC à l'heure où elle est en proie à de profondes
mutations. Tout d'abord dichotomique, l'analyse théorique s'est
progressivement orientée vers une analyse intégrée de la
monnaie. Le pas décisif fut l'analyse keynésienne de 1936. Les
critiques portées à cette dernière et les
améliorations apportées à d'autres théories
achèveront la construction théorique de l'analyse des effets de
la monnaie sur l'activité économique. De nos jours, les
autorités monétaires sont au centre de nombreuses
préoccupations concernant notamment le soutient de politique
monétaire à l'activité et à l'emploi. Les
réponses auxdites préoccupations passent inéluctablement
par la maîtrise des fondements théoriques de chaque doctrine. Les
pays de la CEMAC sont donc interpellés par ce grand débat autour
de la monnaie dans la conduite de leur politique monétaire, d'où
l'importance de tirer des enseignements à la lumière de
l'expérience de cette sous-région.
CHAPITRE II
MONNAIE ET CROISSANCE : LES ENSEIGNEMENTS A PARTIR DE L'EXPERIENCE DES PAYS DE
LA CEMAC
|
Introduction
Les variations de la production de richesses sont des
conséquences de modifications diverses intervenues dans la sphère
réelle, tandis que les variations des prix et de la quantité de
monnaie en circulation sont un phénomène purement
monétaire. La croissance économique est alors
appréhendée par la croissance du capital productif et, partant,
par la croissance de la production, tandis que l'inflation est saisie dans les
variations des prix, changements qui sont expliqués par la variation de
la masse monétaire ou de la vitesse de circulation de la monnaie.
Pourtant une évolution progressive aboutira à une analyse
intégrée fondée sur une critique de la dichotomie qui
caractérise les premières théories. Par la suite il s'agit
des améliorations des écrits des précurseurs. Ce chapitre
se propose d'analyser d'une part l'impact de la politique monétaire
axée sur le rôle joué par les agrégats de monnaie
à la réalisation de tout objectif de croissance
économique.
A cet effet, la première section du chapitre
étudie la relation entre monnaie et croissance économique, tandis
que la deuxième effectue une vérification empirique de la
neutralité de la monnaie dans les pays de la zone CEMAC.
SECTION 1 : MONNAIE ET CROISSANCE EN ZONE CEMAC
Nous avons montré précédemment qu'il
existe une vive controverse dans la communauté des économistes
autour des effets de la monnaie sur l'activité. Il est question dans la
présente section d'analyser les fondements théoriques et la
dynamique de la politique monétaire des pays de la CEMAC qui est
définie et mise en oeuvre par la Banque des Etats de l'Afrique Centrale
(BEAC) puis nous d'étudierons l'évolution de la monnaie en
relation avec l'activité économique dans la
sous-région.
1 - 1) La politique monétaire de la BEAC de 1972
à nos jours
Six pays d'Afrique Centrale (Cameroun, RCA7, Congo,
Gabon, Guinée-équatoriale 8et Tchad) forment, dans le
cadre de la Zone Franc, une union monétaire. Le privilège de
l'émission de la monnaie commune, le Franc CFA (Franc de la
Coopération Financière en Afrique Centrale), est confié
à la BEAC, établissement public multinational africain
régi par les conventions de coopération monétaire des 22
et 23 Novembre 1972. Le régime des changes des pays de la CEMAC repose
sur deux principes de base : une parité fixe entre le Franc CFA
et le Franc français et maintenant l'Euro
(depuis le 1er Janvier 1999) ; une convertibilité du
Franc CFA garantie par la France, assortie d'une liberté totale
des opérations de change entre les pays de la Zone franc.
Depuis la création de la BEAC, la politique
monétaire a connu une évolution en deux phases. La
première phase va de 1973 à 1990, année au cours de
laquelle sont initiées les réformes qui marquent le début
de la deuxième phase.
|