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Politique monétaire et croissance économique en zone CEMAC: une évaluation empirique en données de panel

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par SIMONYANNICK FOUDA EKOBENA
Université de Yaoundé II - DEA / Master 2 2010
  

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PREMIERE PARTIE :

MONNAIE ET CROISSANCE

ECONOMIQUE EN ZONE CEMAC

INTRODUCTION DE LA PREMIERE PARTIE

Principal instrument de la politique économique, la politique monétaire est l'ensemble des modalités suivant lesquelles les autorités monétaires emploient certains instruments pour influencer les objectifs opérationnels et intermédiaires de la politique économique à travers les variables monétaires. La politique monétaire poursuit les mêmes objectifs que la politique économique générale qui sont : la stabilité des prix ; l'emploi ; l'équilibre extérieur et la croissance économique. Cependant, si on lui reconnaît une certaine efficacité en matière de lutte contre l'inflation, l'existence et la nature d'un impact sur l'activité économique et plus précisément sur la croissance économique continuent d'alimenter les débats parmi les économistes. Si pour certains économistes, les impulsions monétaires sont déterminantes dans les variations de la production, de l `emploi et des prix, pour d'autres par contre la monnaie n'a aucun effet sur l'activité.

Cette partie, intitulée : « Monnaie et croissance économique en zone CEMAC » se propose de revisiter le débat sur l'existence ou non d'un effet de la monnaie sur l'activité (Chapitre 1) avant de valider ou non l'existence d'un effet de la monnaie sur l'activité en zone CEMAC (Chapitre 2).

 

CHAPITRE I
MONNAIE ET CROISSANCE : UNE APPROCHE THEORIQUE

Introduction

On reconnaît d'emblée le problème de l'influence de la monnaie sur l'activité en débat depuis l'antiquité qui a agité et agite encore la communauté des économistes. On peut ainsi reprendre cette célèbre remarque de John Stuart Mills dans ses Principes de l'économie politique (1848) « Il n'est pas dans l'économie d'une société quelque chose de plus insignifiant que la monnaie ». Cette idée d'une neutralité de la monnaie s'est particulièrement affirmée dans l'économie libérale classique voulant rompre avec la conception de monnaierichesse des mercantilistes, elle proclame que la monnaie n'est qu'une « fiction ». L'école néo-classique à la suite de l'école classique croit pouvoir assurer la prééminence des mécanismes économiques naturels fondés sur le marché. Nous retrouvons cette tradition de nos jours sous les formes différentes de monétarismes, nuancées chez Friedman ou radicale pour la Nouvelle Economie Classique (NEC). Mais cette position ne va pas sans contradictions qu'une tradition parallèle depuis le 18e siècle soulignera avant qu'avec Keynes la monnaie ne soit remise au centre d'une économie monétaire de production.

Afin de faire revivre ce vif débat, la première section de ce chapitre présente l'opposition entre les traditions neutralistes et l'approche intégrationniste de la monnaie, alors que la deuxième s'attellera à ressortir le débat entre économistes monétaristes et keynésiens.

SECTION 1 : DE l'APPROCHE DICHOTOMIQUE à l'APPROCHE
INTEGRATIONNISTE

Les controverses sur la nature de la monnaie se poursuivent depuis des siècles. Pour les uns, la, monnaie est externe au monde de la production. C'est une marchandise particulière dont l'offre est exogène (approche dichotomique). Pour les autres, elle est la contrepartie du crédit qui est indispensable à la production, elle est donc interne (approche intégrationniste). Son offre est endogène. L'enjeu n'est pas que de pure théorie parce que la monnaie est un levier de l'action collective pour réguler la macroéconomie. Afin de mieux comprendre ce débat, il convient de revenir sur les fondements des thèses neutralistes de la monnaie avant de voir les critiques qui leur ont souvent été formulées.

1-1) L'analyse neutraliste ou dichotomique des classiques et des néoclassiques

Les premiers économistes analysent l'économie en la divisant en deux sphères distinctes, à savoir : la sphère réelle dont l'intérêt réside dans la détermination du volume de la production nationale et de la quantité de transactions à financer par le stock monétaire, d'une part, et la sphère monétaire dont l'analyse concerne la monnaie et le niveau général des prix, d'autre part. ainsi, la première sphère est celle de la mesure de la croissance économique tandis que la deuxième est celle de l'évaluation du taux de variation de la monnaie et du niveau général des prix. A priori, les pré-classiques, les classiques et les néoclassiques soutiennent donc une absence de lien entre la croissance et l'offre de monnaie.

Les traditions neutralistes et quantitativistes vont être essentiellement confrontées au délicat problème de la demande de monnaie : pourquoi la monnaie externe est-elle acceptée par des sujets économiques qui obéissent à la loi de la valeur sans pour autant faire partie des marchandises qui ont une valeur, sinon ce ne serait pas une monnaie externe.

Smith (1776) propose une réponse une solution quantitativiste pour la monnaie métallique (même si comme toujours chez lui certains passage peuvent induire une autre piste) ; l'or et l'argent ne font pas partie de la richesse des nations et n'ont pas de valeur intrinsèque. La monnaie trouve sa valeur dans la quantité des autres biens ce qui suppose que

la vitesse de circulation de la monnaie est constante. Comme l'or-monnaie n'a pas d'utilité directe, n'étant qu'un intermédiaire de la circulation, l'élasticité de la quantité d'or par rapport à son prix est égale à l'unité, ce qui suppose ainsi qu'il n'y a pas de thésaurisation, la monnaie n'a aucune incidence sur l'activité économique. Voici chez Smith clairement exprimé le coeur de la théorie quantitativiste traditionnelle déjà partiellement formulée précédemment avec Jean Bodin au 16e siècle ou Locke à la fin du 17e.

Ricardo va donner une forme plus achevée à ce quantitativisme classique en développant une théorie de la neutralité de la monnaie dans le régime du papier monnaie inconvertible : l'institut d'émission peut imposer à l'économie l'offre de monnaie qu'il décide d'émettre mais il ne peut pas en contrôler la valeur c'est à dire le pouvoir d'achat sur les marchandises. Ce pouvoir d'achat vient de la demande de monnaie pour la circulation qui n'est pas construite comme celle des autres biens mais qui ne peut être définie qu'une fois connu le système des prix relatifs d'équilibre de tous les autres biens. Par conséquent la monnaie est neutre parce que sa demande n'est pas construite comme celle des autres biens.

On peut qualifier ce quantitativisme ancien de « neutralité triviale » (Aglietta, 2003), car le marché de la monnaie est juxtaposé aux autres marchés sans effet sur eux.

Irvin Fisher (1911) va formuler une équation qui exprime à merveille cette neutralité triviale :

M.V=P.T

Dans cette équation Fisher établit une relation causale de la quantité de monnaie en circulation (M) et le niveau général des prix (P), la vitesse de circulation de la monnaie (V) étant supposée constante ; où (T) est le volume de transactions.

Fisher écrit plaisamment : « Un volume supérieur de monnaie achetant le même volume de marchandises, il faut que les prix montent. C'est exactement comme du beurre qu'on étale sur du pain : si on met plus de beurre, il faut que la couche soit plus épaisse ». Mais un problème se pose quant à la formation de l'équilibre sur le marché de la monnaie : comment va -t-elle retrouver son équilibre sous régime d'inconvertibilité puisqu'il n'ya plus la force de la monnaie métallique ? Le pouvoir d'achat de la monnaie reste indéterminé si on quitte le monde de l'indexation sur l'or défendu par Ricardo et la Currency school pour le monde réel qui s'impose dès le 19e siècle d'une monnaie scripturale induite par le développement économique.

La théorie quantitative de la monnaie affirme donc que la monnaie n'a pas d'effet sur l'activité économique, il existe une séparation stricte ou dichotomie entre sphère réelle

(consommation, investissement, emploi, production) et sphère monétaire et l'inflation est un phénomène monétaire. Le fonctionnement distinct de la sphère monétaire et de la sphère réelle fait perdre tout intérêt à une politique voulant jouer sur la masse monétaire pour favoriser la production et l'emploi. La seule conséquence constatée serait une augmentation générale des prix. La politique monétaire est donc incapable d'influencer l'activité économique.

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