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Politique monétaire et croissance économique en zone CEMAC: une évaluation empirique en données de panel

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par SIMONYANNICK FOUDA EKOBENA
Université de Yaoundé II - DEA / Master 2 2010
  

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SECTION 2 LE DEBAT AUTOUR DU TANDEM STABILITE DES PRIX

CROISSANCE

L'influence de l'inflation sur la croissance économique est appréhendée dans le cadre d'analyses empiriques se référant aux modèles de croissance à moyen et long terme. Afin de préciser les résultats quant aux divers aspects de la relation entre l'inflation et la croissance économique, diverses méthodes ont été employées à l'intérieur d'un groupe de modèles. Cette section se propose de mener une brève revue de l'ensemble des modèles et outils mathématiques qui ont déjà été utilisés jusqu'à ce jour pour analyser les divers aspects de la relation qui lie l'inflation et la croissance économique.

2-1) les analyses faisant intervenir les modèles de croissance exogène et endogène

i) Analyses par le modèle de croissance exogène

Les modèles de croissance exogène seront les premiers à être employés pour analyser la relation entre inflation et croissance économique. Le résultat est qu'un accroissement de la monnaie ou de l'inflation entraîne un accroissement de l'investissement, du capital et du produit (Tobin, 1965). Une extension de ces modèles est l'ensemble des modèles néoclassiques de type Cass-Koopman26.

26 Ce sont des modèles où le taux d'épargne est endogenéisé par le biais de la maximisation de l'utilité.

Il sera reproché à ces modèles que le taux de croissance ne peut être affecté par le taux d'inflation puisqu'il est exogène. C'est alors que les modèles de croissance endogène vont être utilisés.

ii) Analyses par le modèle de croissance endogène

Les modèles de croissance endogène revêtent plusieurs formes. Il y aura par exemple les modèles à capital unique, c'est-à-dire des modèles ne contenant que le capital humain27 ou ne contenant que le capital physique28.

D'autres modèles prennent en compte tout type de capital, c'est le cas du modèle utilisé par Gomme (1993), Jones et Manuelli (1995), Gillman et Kejak (2002). Gillman et Kejak (2002) ont mené une belle revue de ces différents modèles de croissance endogène. Il en ressort que, globalement, l'effet de l'inflation sur la croissance économique est négatif. Toutefois, l'ampleur de cet effet négatif peut être variable du fait d'un certain nombre de facteurs tels que la présence ou non d'un effet Tobin29.

2-2) Les autres analyses empiriques

i) Analyses avec les modèles d'équilibre général

Un certain nombre d'auteurs vont utiliser les modèles d'équilibre général, basés sur l'hypothèse d'une croissance endogène de long terme. Ils intègrent le taux d'inflation du modèle afin de voir les effets des externalités sur la relation ou mieux la stabilité de la relation entre l'inflation et la croissance économique. C'est le cas de Phaneuf (1994), Ambler et Paquet (1996), Ambler et Cardia (1997). A l'issue de leur étude, ces derniers recommandent l'utilisation de modèles plus structurels pour l'analyse de la relation entre l'inflation et la croissance économique, au regard des études qui ont précédés la leur et des résultats qu'ils ont eux-mêmes obtenus.

27 Le capital humain est l'ensemble des connaissances et talents acquis par les travailleurs par le biais de l'éducation, l'apprentissage et l'expérience. Voir Stokey et Junior (1989) ; Gillman, Kejak et Valentinyi (1999) ; Gylfason et Herbertson (2001)...

28 Voir Stockman (1981) ; Ireland (1994) ; Halsag (1998) ; Lucas (2000)...

29 L'accroissement de l'inflation entraîne un accroissement de l'investissement, du capital et du produit.

On peut aussi évoquer les travaux de Dotsey et Ireland (1996) qui ont consisté à présenter un modèle d'équilibre monétaire général dans lequel l'inflation cause des distorsions dans plusieurs décisions marginales. Ces distorsions étant faibles prises individuellement, c'est leur association qui entraîne un coût en termes de bien-être. Les résultats révèlent qu'un modèle d'équilibre partiel sous-estime le coût de l'inflation.

ii) Autres analyses macroéconométriques

Ces analyses ont aussi pour hypothèse que le taux de croissance est endogène. Ce sont les spécifications qui diffèrent. On trouve ainsi les modèles de série temporelle, les modèles en coupe transversale et les modèles de panel. Cela est l'apanage d'auteurs tels que Barro (1995,1996), Malik et Chowdhury (2001). Ces modèles tentent de répondre à des interrogations diverses. Il est question de déterminer le sens de la causalité, préciser la nature linéaire ou non de la relation, déterminer le seuil d'inflation, rechercher la courroie de transmission des effets de l'inflation à la croissance économique.

Une comparaison des modèles de série temporelle sera menée par Marcellino (2005). Il conclut que le modèle linéaire simple, quand il est bien spécifié, est meilleur que d'autres modèles plus sophistiqués. Globalement l'effet de l'inflation sur la croissance économique est négatif. Toutefois, il existe selon les résultats des études qui y ont été menées, des pays (Afrique du Sud [Nell, 2000]) ou groupes de pays (pays appartenant au FMI) dans lesquels la relation est positive.

Les modèles à données de panel seront aussi utilisés dans les travaux d'Alexander (1997), Khan et Senhadji (2001), Gillman et al. (2002), Drukker et al. (2005) et d'autres. Il en ressort qu'une faible inflation a un effet positif sur la croissance, tandis qu'une inflation élevé a un effet négatif sur la croissance économique. En ce qui concerne le sens de la causalité, les résultats sont divers. Les trois cas de figure peuvent se présenter. C'est ainsi que dans une étude comportant soixante-dix pays, Mallik et Chowdhury (2001) trouvent que 40% des pays ne présentent aucune causalité entre inflation et croissance, 20% des pays possèdent une causalité bidirectionnelle et dans les 40% restants on retrouve des pays dont la causalité va de la croissance à l'inflation et des pays dont la causalité va de l'inflation à la croissance.

iii) Analyses avec le concept du bien-être

Un groupe d'auteurs va utiliser le concept du bien-être afin d'analyser les effets de l'inflation. Le premier est Bailey (1956). C'est père du « welfare triangle » qui sera repris par d'autres auteurs. On retrouve entre autres travaux, ceux de Bullard et Russel (2004) qui utilisent un modèle d'équilibre général dans lequel les changements permanents dans la politique monétaire entraînent d'importantes conséquences pour les ménages en termes de bien-être.

De même, Apergis et al. (2005) utilisent les données de l'Union Européenne dans le but d'évaluer les performances de deux règles de politiques économiques alternatives sous un régime de ciblage d'inflation, à savoir : la règle d'anticipation ou la règle d'ajustement spontanée.

Craig et Rocheteau (2006) utilisent la méthodologie du « welfare triangle » de Bailey (1956) et Lucas (2000) pour estimer le coût de l'inflation en terme de bien-être, puis ils dérivent une fonction de demande de monnaie du modèle de Lagos et Wright (2005) avec les données des Etats-Unis sur la période 1900-2000 ; cela constitue une nouvelle façon de mesurer les effets de l'inflation sur le bien-être. Dans la même période, l'on peut évoquer les travaux de Cysne, Rubens et Penha (2006) qui utilisent une approche « inta-ménages » des coûts de l'inflation en termes de bien-être.

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