Les économistes ont distingué plusieurs
coûts générés par l'inflation, à savoir : le
coût d'usure qui est lié au rognement des avoirs monétaires
; le coût d'affichage lié à la multiplication des
révisions des prix ; les variations inattendues des charges fiscales
liées à la non indexation de la fiscalité ; les confusions
ou gênes liées à la variation des unités de compte ;
les distributions arbitraires de richesses des créditeurs vers les
débiteurs ; et enfin la variabilité des prix relatifs et
l'allocation inefficace des ressources.
Si tous ces coûts sont importants en période
d'hyperinflation, leur importance est plus discutable dans l'hypothèse
d'une inflation modérée.
Comme effets négatifs de l'inflation, nous pouvons
citer entre autres les pertes de pouvoir d'achat de la monnaie. L'analyse des
conséquences de l'inflation nécessite la distinction entre
inflation anticipée et inflation non anticipée.
· l'inflation anticipée
La majeure partie des problèmes causés par
l'inflation provient de son caractère imprévisible. Si
l'inflation pouvait être parfaitement anticipée, les prix
incorporeraient systématiquement les effets futurs de l'inflation et les
contrats seraient correctement indexés.
En général toutes les décisions
économiques vont incorporer les variations des prix anticipés.
L'inflation est assimilable à un impôt car elle réduit la
valeur des encaisses réelles, ensuite la taxe à l'inflation
25constitue un fardeau pour les détenteurs des encaisses
monétaires.
La monnaie étant le moyen de paiement le plus
sûr dans une économie moderne, une inflation anticipée
élevée entraîne une augmentation du taux
d'intérêt qui, à son tour augmente le coût
d'opportunité de détention de la monnaie.
En période d'inflation même anticipée,
les agents économiques font beaucoup de transactions financières
pour réduire leur volume d'encaisses réelles. Ils peuvent parfois
réduire leur consommation courante au détriment des biens
durables pour se protéger contre la taxe à l'inflation. Tout
ce-ci se fait au prix des coûts réels qui sont
considérables lorsque l'inflation devient beaucoup plus
élevée (Baumol, 1952).
Une autre conséquence de l'inflation anticipée
concerne la modification des étiquettes des prix dans les magasins (cf.
coût d'affichage). Malheureusement, les attentes correspondant rarement
à la réalité, les agents économiques font des
erreurs dans leur appréciation du futur.
· l'inflation non anticipée
L'inflation non anticipée surprend et intervient avant
que les agents n'aient le temps de modifier leur comportement. Les
décisions des agents économiques peuvent être induites en
erreur et l'inflation a alors une incidence réelle sur l'économie
parce que les décisions des agents seront éloignées de ce
qu'elles seraient en cas d'information parfaite.
L'inflation non anticipée entraîne une
redistribution du revenu et du patrimoine entre différent groupes de
population : des créanciers vers les débiteurs. Une
réduction de l'inflation non anticipée agit en sens contraire.
Pour protéger les agents économiques détenteurs d'actifs
tels que la monnaie et les obligations, les économistes ont
préconisé l'utilisation des instruments financiers
indexés.
Une inflation prolongée et galopante change les
habitudes des consommateurs. En confrontant ces derniers aux augmentations des
prix et des pressions dans leurs achats, elle les pousse à douter de
leur capacité à maintenir leur standard de vie, et par là
même dégrade la valeur de leur carrière professionnelle
ainsi que leur épargne à long terme (Okun, 1975). Une inflation
élevée réduit la demande d'encaisses réelles, en
particulier la détention de très peu d'encaisses réelles
peut être substituée par une détention forte du capital
physique, ce qui à terme
25 La taxe à l'inflation désigne la
perte en capital dont souffre les détenteurs des encaisses
monétaires à cause de l'inflation
augmente la production par tête et réduit le
taux d'intérêt réel. En dehors des effets de portefeuille
sus mentionnés, l'inflation influence également l'épargne
si le taux de celle-ci dépend du taux d'intérêt
réel. En période d'inflation, il est avantageux d'emprunter,
l'augmentation des demandes d'emprunt pousse les banques à consentir des
prêts à des taux élevés, ce qui constitue un
obstacle à l'investissement.