DEUXIEME PARTIE :
STABILITE DES PRIX ET
CROISSANCE ECONOMIQUE EN
ZONE CEMAC
INTRODUCTION DE LA DEUXIEME PARTIE
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L'étude que nous avons menée tout au long de la
première partie met en évidence le dynamisme de la discussion au
centre de laquelle se trouve le tandem monnaie-croissance économique.
Ayant abouti à la conclusion que la monnaie n'a pas d'effet significatif
sur la croissance en zone CEMAC. Il semble dès lors opportun
d'étudier les différentes facettes de la relation
stabilité des prix croissance économique dans notre contexte
d'étude, bien qu'il soit prétentieux d'embrasser toutes les
caractéristiques d'une telle relation dans une seule étude.
Aussi, cette deuxième partie intitulée « Stabilité
des prix et croissance économique en zone CEMAC » a pour objectif
d'établir les spécificités de la relation qui existe entre
la stabilité des prix et la croissance économique en zone CEMAC
compte tenu de l'hétérogénéité des pays.
Pour atteindre cet objectif, nous commencerons par revisiter les enjeux
théoriques du tandem stabilité des prix croissance (Chapitre 3),
puis nous procéderons à une vérification empirique de la
relation, spécifique aux pays de la CEMAC, (Chapitre 4). Ce dernier
chapitre s'achèvera par quelques recommandations de politiques
économiques qui découleront de nos résultats.
CHAPITRE III
LES ENJEUX THEORIQUES DE LA RELATION STABILITE DES
PRIX CROISSANCE ECONOMIQUE
Introduction
La plupart des Banques Centrales ont connu ces trente
dernières années de profondes mutations au niveau de leurs
stratégies de politique monétaire, afin de mieux répondre
aux défis qu'imposent les transformations perpétuelles de
l'environnement économique mondial. Au rang de ces défis on note
la maîtrise de l'inflation. Cette question préoccupe les
économistes depuis presqu'aussi longtemps qu'on parle de monnaie. Il est
devenu impensable aujourd'hui d'évoquer la politique monétaire
sans soulever la question de l'inflation. Si d'une manière incontestable
l'inflation doit être maîtrisée, les grands courants de
pensée en économie n'arrivent pas à se mettre d'accord sur
son origine et les manières de résorber ce
déséquilibre. Ce chapitre se propose de revisiter les enjeux
théoriques qui entourent qui entourent la relation stabilité des
prix et croissance afin de cerner tous les contours de ce tandem.
A cet effet, le chapitre commence en première section
par présenter les explications théoriques et les
conséquences de l'inflation sur la croissance. La seconde section quant
à elle retrace le débat autour du tandem inflation croissance.
SECTION 1 L'INFLATION : EXPLICATIONS THEORIQUES ET
CONSEQUENCES
Tout d'abord, il faut signaler qu'inflation et
déflation (baisse du niveau général des prix dans
l'économie) ne sont pas symétriques et que la désinflation
(atténuation ou diminution de l'inflation) permet d'ouvrir un autre
débat.
L'histoire économique nous révèle qu'il
existe essentiellement trois types d'inflations, à savoir : l'inflation
modérée ; l'inflation galopante ; l'hyperinflation.
On parle d'inflation modérée lorsque
l'augmentation des prix est lente. Dans ce cas, le taux d'inflation ne
dépasse pas un chiffre. Les prix sont relativement stables, les agents
économiques ont confiance en la monnaie et sont disposés à
conclure des contrats à long terme monétaire parce qu'ils croient
que le niveau des prix connaîtra une évolution raisonnable.
On parle d'inflation galopante lorsque le taux d'inflation
effectue des bonds d'une année à l'autre, sans toutefois
exploser. Ce fut le cas des pays développés dans les
années 1970, à la suite des chocs pétroliers ou encore des
pays de la Zone Franc après la dévaluation du franc CFA de
Janvier 1994. L'inflation galopante présente des taux à deux
chiffres. Dans ce cas, les gens se font des réserves de biens, et
prêtent l'argent à des taux élevés.
L'hyperinflation quant à elle désigne une
augmentation exponentielle des prix. C'est la forme la plus redoutée
d'inflation, sa principale cause est l'accroissement colossal de la masse
monétaire, qui généralement provient de la
nécessité de financer d'importants déficits
budgétaires. L'arrêt de l'hyperinflation nécessite la
maîtrise du taux de change, de la masse monétaire, des
dépenses publiques et des mécanismes de fixation des salaires et
des prix.
1-1) les explications théoriques de
l'inflation
Afin de répondre à la question savoir
d'où provient l'inflation, l'analyse économique distingue deux
grandes catégories d'explications. La première catégorie
regroupe toutes les théories non strictement monétaires
(l'approche par les chocs d'offre notamment) et la deuxième toutes les
théories monétaires (approche par la demande excédentaire
entre autres).
· approche par les chocs d'offre
L'analyse de l'inflation insiste sur l'explication de
l'inflation par la demande et par les coûts. Les tenants de l'inflation
par les coûts soutiennent que la création monétaire suit
les mouvements de la production et des prix et ne les précède
pas. Elle est en bonne partie endogène.
Pour les keynésiens, l'inflation est due aux variations
des salaires nominaux, à la productivitéou des marges de profit.
Il en est de même pour les écrivains socialistes radicaux tels
que
Galbraith. Ce type d'inflation apparaît à la
suite de la hausse des coûts au cours des périodes de
chômage important.
Ici on considère que les salaires sont les principaux
facteurs affectant l'offre globale. La modification des salaires peut
être considérée comme un choc d'offre, en ce sens qu'elle
entraîne un déplacement de la courbe d'offre. Au fur et à
mesure que les prix augmentent, les revenus réels des salariés
baissent, ces derniers vont ensuite revendiquer la hausse des salaires pour
faire face à la modification des prix. Le processus va ainsi continuer
car les employeurs, cherchant à maintenir des profits
élevés, auront tendance à augmenter les prix de nouveau.
Dans la réalité, on constate tout de même que les prix
augmentent plus vite que les salaires, de plus la baisse des salaires
n'implique pas nécessairement une diminution des prix.
Même comme certains analystes ont remis en cause cette
interprétation, en évoquant le fait que les chocs sont souvent
exogènes alors que les salaires nominaux sont des variables
endogènes. Outre les coûts salariaux, les facteurs tels que
l'augmentation des prix des matières premières et des intrants
(une illustration est celle des chocs pétroliers de 1973 et 1979) les
catastrophes naturelles, la technologie peuvent également conduire
à l'augmentation du niveau général des prix.
Les périodes d'inflation continue et persistante sont
de moins en moins expliquées par les chocs d'offre, d'où
l'explication par la demande.
· approche par la demande
excédentaire
Cette deuxième catégorie d'explications des
origines de l'inflation relative aux théories monétaires regroupe
des courants hétérogènes. On y retrouve la réponse
monétariste standard, la réponse ultra monétariste et
enfin les autres critiques du monétarisme standard.
L'analyse de l'inflation par la demande excédentaire a
fait l'objet d'un débat au XIXe siècle entre la « Currency
school » (école favorable à la couverture métallique
de la monnaie) et la
« Banking school » (école favorable au
principe de régulation de la création de monnaie par les
banques).
Pour la Currency school, toute émission excessive de
billets augmenterait les prix nationaux par rapport aux prix étrangers
et serait convertie en or pour réaliser des achats moins onéreux
à l'étranger. La perte en réserves qui en
résulterait contraindrait les banques à réduire leurs
émissions de billets, éliminant ainsi l'inflation attendue
à cet effet. Toutefois les crises monétaires des années
1820 et 1830 remirent en cause cette thèse dans la mesure où la
convertibilité seule ne suffisait plus pour protéger la monnaie
de l'inflation. La conclusion principale de cette école est que
l'inflation résulte, tout au moins en grande partie, du gonflement
excessif de la masse monétaire.
Au contraire, les partisans de la Banking school, refusaient
catégoriquement la nécessité d'un contrôle des
billets, soutenant que l'émission des billets est automatiquement
régulée par les besoins du commerce. Ce courant de pensée
soutenait que l'émission excessive de billets est impossible parce que
l'offre de billets est déterminée par la demande. D'après
l'hypothèse de l'enchaînement causal inversé, une variation
du niveau des prix et de l'activité économique induit une
variation concomitante de la demande de prêts bancaires. De cette
façon les prix déterminent le stock de monnaie, dont le
gonflement est le résultat et non la cause de l'inflation. Ici l'offre
de monnaie apparaît passive contrairement à ce que soutenait la
Currency school, qui craignait un gonflement excessif et inflationniste de la
masse monétaire au cas où les billets convertibles ne seraient
pas couverts à 100% par l'or. La Banking school soutenait en outre que
les mouvements internationaux d'or sont absorbés par les encaisses
oisives et n'ont pas d'effet sur la masse monétaire en circulation, et
qu'une sortie d'espèce est due à des chocs réels qui
s'exercent sur la balance des paiements et non à l'inflation
intérieure.
L'inflation s'explique dans ce cas par des facteurs tels que
la désépargne, le seigneuriage (mise en circulation de la monnaie
sans contrepartie). L'inflation par la demande trouve son explication chez les
auteurs classiques et monétaristes grâce à la
Théorie Quantitative de la Monnaie (TQM). Cette dernière explique
les relations entre la monnaie, les prix et les revenus. Toutefois la politique
des bas taux d'intérêt prônée par les
keynésiens n'a pas permis de réduire l'inflation dans beaucoup de
pays, comparativement à ceux qui ont pu le faire dans les années
1950, en limitant la croissance de la masse monétaire. Par opposition
à l'approche qui considère que l'augmentation des salaires
provoque l'augmentation des prix et vice-versa,
la TQM estime que les processus de détermination des
salaires et des prix sont des processus réels et non des processus
arbitraires. L'hypothèse fondamentale ici est qu'il y a une fonction de
demande de monnaie stable dans laquelle le taux d'inflation entre comme un
coût de détention des encaisses réelles (Johnson, 1963).
Pour cette théorie, l'inflation est fondamentalement un
phénomène monétaire et pour lutter contre celle-ci, il
faut limiter l'expansion de la quantité de monnaie.
L'inflation par la demande excédentaire se traduit par
le fait que la croissance de l'offre de monnaie fait augmenter la demande
globale qui à son tour élève le niveau des prix.
Il existe néanmoins d'autres facteurs explicatifs de
l'inflation tels que les structures politiques, économiques et sociales
mais aussi les facteurs psychologiques sur lesquels nous ne nous attarderons
pas ici. Par contre il est intéressant de revenir sur les
conséquences de l `inflation dans l'économie.
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