CONCLUSION DU CHAPITRE III
Le chapitre qui s'achève avait pour objectif de
présenter les enjeux théoriques du tandem stabilité des
prix croissance économique afin de mieux cerner ladite relation. A cet
effet, le chapitre s'ouvre par les explications théoriques et les
conséquences de l'inflation. L'inflation doit être
maîtrisée par les autorités monétaires, ce qui
participe de la stabilité du cadre macroéconomique, condition
nécessaire à une croissance économique forte et soutenue.
Justement, la deuxième section de ce chapitre a pour objet
d'étudier la spécificité de la relation
inflation-croissance. Si l'on relève que théoriquement, à
court terme l'inflation a une influence négative sur la croissance,
qu'en est-il à la lumière de l'expérience des pays de la
CEMAC. Ceci nous amène à nous interroger sur l'évidence
empirique de la relation inflation croissance économique en zone
CEMAC.
Introduction
La mise en oeuvre des programmes d'ajustement structurel, les
réformes monétaires entreprises et le changement de parité
du franc CFA par rapport au franc français, ont induit une reprise de la
croissance économique dans la zone CEMAC. Il convient de soutenir et
d'accélérer cette reprise par des mesures macroéconomiques
et sectorielles appropriées.
Le graphique ci-dessous tend à montrer une
évolution comparable du produit réel et de l'indice des prix
à la consommation.
Le présent chapitre analyse au plan empirique la
relation stabilité des prix et activité économique dans
les pays de la CEMAC et tire quelques enseignements utiles à la conduite
de la politique monétaire dans ces pays.
La première section est consacrée au choix et
à la spécification du modèle empirique tandis que la
deuxième analyse les résultats obtenus avant d'en
présenter les principales conclusions et recommandations.
Graphique 2: Evolution du PIB et de l'indice des
prix à la consommation (IPC)
-100
150
100
-50
50
19861988 19901992 1994 19961998 20002002 2004 2006
0
PIB IPC
Source:Construit par l'auteur à partir
des données du World Development Indicators (2008)
SECTION 1 : CHOIX ET SPECIFICATION DU MODELE
Il est question dans cette section de spécifier le
modèle et les variables avant de décrire la procédure
d'estimation.
1-1) Présentation du modèle et des
variables
Le modèle empirique à estimer s'inspire de la
version modifiée du modèle de Grauwe et Polan (2005),
étant donné que celle-ci a fait l'objet de travaux empiriques,
notamment pour les pays en développement.
En principe, la spécification du modèle devrait
refléter la structure d'un modèle théorique de
référence, cependant, la multiplicité des formalisations
théoriques, quelquefois en contradiction avec l'une ou l'autre,
complique le choix et pousse certains auteurs à effectuer des analyses
rendant le choix des regresseurs ad hoc . On note plusieurs
problèmes liés à ce type d'investigation, à savoir
entre autres :
- qu'une mauvaise spécification due par exemple à
l'omission de certaines variables peut réduire la fiabilité des
résultats de l'estimation.
- Que les résultats relatifs à une variable
changent quand la spécification de la régression change. par
exemple le coefficient d'une variable x est positif et significatif si la
régression inclut les autres variables y, z, et w ; mais le même
coefficient devient non significatif ou même change de signe si on
remplace la variable w par une variable h. on parle dans ce cas de
résultats qui ne sont pas robustes. C'est ainsi que
Levine et Renelt (1992) montrent que la grande majorité des
résultats de la littérature économétrique sur la
croissance ne le sont pas.
- Qu'il y a un problème de multicolinéarité
des regresseurs. En effet, si la corrélation entre les regresseurs est
élevée, les estimations ne sont plus fiables.
Face aux éventuels problèmes susceptibles
d'être rencontrés au cours de notre investigation empirique,
nous nous sommes proposés de renforcer le lien entre la
spécification économétrique et la modélisation
théorique, d'intégrer dans la modélisation certaines
variables clés en évitant d'y mettre les
variables avec coefficient de corrélation bilatérale
élevé et adopter une méthodologie d'estimation qui prend
en compte l'omission des variables. Nous utiliserons une approche en
données de panel, cette dernière intègre à la fois
une dimension temporelle et une dimension spatiale ce permet de tenir compte de
l'hétérogénéité pays. Cette dernière
approche est devenue commune pour les déterminants de la croissance.
Ainsi Barro et Sala-i-Martin (1995) régressent une équation de la
croissance pour un groupe de pays sur vingt ans. Ils utilisent des
données calculées comme moyenne de dix ans (il y a donc deux
observations par pays), données auxquelles ils appliquent des variables
instrumentales. Il à noter que cette méthodologie est
appropriée seulement dans l'hypothèse que les effets
spécifiques pays sont aléatoires, c'est-à-dire que ces
derniers ne sont pas corrélés avec les autres regresseurs.
En effet, le recours aux panels régionaux ou
internationaux avec introduction d'effets spécifiques fixes ou
aléatoires propres aux pays ou aux régions concernées
permet de résoudre un certain nombre de problèmes à
travers les avantages liés à son utilisation.
L'avantage fondamental des données de panel est
qu'elles permettent au chercheur d'avoir une grande flexibilité dans la
modélisation des différences entre les individus. Entre elles
permettent :
· d'obtenir des séries temporelles longues à
moindre coût ;
· de capter les effets dynamiques dans le comportement des
agents ;
· de contrôler
l'hétérogéité individuelle et/ou temporelle ;
· d'obtenir beaucoup d'informations sur les populations
;
· d'obtenir un gain d'efficacité dans les
observations puisqu'elles sont basées sur (nx1) observations ;
· d'engendrer un faible niveau de colinéarité
entre les variables grâce aux deux indices ;
Cependant, leur utilisation peut comporter quelques
inconvénients à savoir : le coût élevé du
maintient de plusieurs période ; la difficulté à capter
les effets temporels lorsque l'horizon temporel est faible.
Comme variables de notre modèle on
a :
- La variable à expliquer qui est la croissance
économique dont l'indicateur est le taux de croissance annuel du produit
intérieur brut (PIB) ;
Et les variables explicatives suivantes :
- La dette publique dont l'indicateur est le taux de
croissance annuel de la dette publique. Cette variable permet de capter
l'influence de l'endettement du gouvernement sur l'activité
économique. C'est une variable importante vu le rôle et le poids
de l'Etat dans les économies en développement de façon
général et dans celles des pays de la CEMAC en particulier.
(DETPUB)
- L'inflation qui a pour indicateur le taux de croissance annuel
de l'IPC (INFLA)
L'inflation est aujourd'hui l'objectif final de la politique
monétaire dans la plupart des pays du globe, cette variable nous
permettra de capter l'effet de la stabilité des prix sur la croissance
économique.
- La masse monétaire au sens large (M2), avec pour
indicateur le taux de croissance annuel de la masse monétaire (M2).
C'est la variable qui prend en compte les effets de la politique
monétaire à travers l'offre de monnaie sur la croissance
économique.
- Les réserves (y compris l'or) qui ont pour indicateur
le taux de croissance annuel du total des réserves (RESERV). Cette
variable permet de tenir compte des effets des avoirs extérieurs des
Etats sur l'évolution de l'activité économique. En outre
les réserves permettent à la Banque Centrale de garantir la
stabilité externe de la monnaie.
- Le crédit domestique fourni par le secteur bancaire
dont l'indicateur est le pourcentage du crédit domestique dans le PIB
(CREDIT). C'est une variable qui permet d'apprécier le poids du
crédit distribué par le secteur bancaire dans l'évolution
du PIB.
- Les exportations qui ont pour indicateur le taux de
croissance des exportations de biens et services (EXP). Les économies de
la zone CEMAC étant fortement dépendantes de leurs exportations
qui ont un effet positif sur la croissance économique comme le
soulignent Cline (1984), Riedel (1988), et Collombatto (1988). Par
conséquent il est important d'avoir cette variable dans notre
modèle.
- Le taux d'intérêt qui est capté par le taux
débiteur réel des banques (TXDEBT).
Cette variable permet de capter les impulsions de la politique
monétaires sur l'activité économique à travers le
canal du taux d'intérêt. Puisqu'elle dépend du taux
directeur de la Banque Centrale.
- L'investissement privé dont l'indicateur est le taux
de croissance annuel de la formation brute du capital fixe (INVEST). C'est une
variable clef de la croissance économique puisque c'est par elle que
transitent les impulsions de la politique économique pour atteindre la
production, elle doit avoir un fort effet positif sur cette dernière.
Ainsi, le modèle à estimer s'écrit sous la
forme suivante :
lnPIBit =â0it +â1it lnDETPUBit + â2it
lnINFLA it + â3it lnM2 it + â4it lnRESERV it
+ â5it lnCREDIT it + â6it lnEXP it +
â7it lnTXDEBT it + â8it lnINVEST it + it
Où la perturbation 1it = á i +
çit
Avec á i l'effet spécifique individuel
et çit le reste de la perturbation.
Si á i n'est pas corrélé avec les
variables explicatives alors un modèle à effets aléatoires
est indiqué.
Si á i est corrélé les variables
explicatives, dans ce cas c'est le modèle à effets fixes qui sera
plus indiqué.
Le résumé des variables choisies, les
définitions, les signes attendus et leurs sources sont
présentés dans le tableau ci-dessous :
Tableau 5 : Description des variables,
signes attendus et source des données du modèle 2.
variables
|
Définitions
|
Signes attendus
|
Source
|
ln DETPUB
|
Logarithme du taux de croissance de la dette publique
|
_
|
WDI (2008)30
|
ln INFLA
|
Logarithme du taux d'inflation
|
_
|
WDI (2008)
|
lnM2
|
Logarithme du taux de croissance de la masse monétaire
|
+
|
WDI (2008)
|
ln RESERV
|
Logarithme du taux de croissance des réserves
|
+
|
WDI (2008)
|
ln CREDIT
|
Logarithme du crédit domestique
|
+
|
WDI (2008)
|
ln EXP
|
Logarithme du taux de croissance des exportations
|
+
|
WDI (2008)
|
ln TXDEBT
|
Logarithme du taux débiteur réel des banques
|
_
|
WDI (2008)
|
ln INVEST
|
Logarithme du taux de croissance des investissements
|
+
|
WDI (2008)
|
Source : Construit par
l'auteur.
Notre population d'étude est
composée des pays de la zone CEMAC à savoir : le Cameroun, la
RCA, le Congo, le Gabon la Guinée-équatoriale et le Tchad. C'est
un échantillon relativement homogène en ce qui concerne les
caractéristiques de fond tel que le niveau de développement des
pays ou leur situation géographique.
Nos données proviennent essentiellement
de la banque mondiale et des bulletins et statistiques de la BEAC.
Par souci d'homogénéité et pour avoir un
panel cylindré, notre période d'étude ira
de 1986 à 2006. La Guinée-équatoriale intègre la
zone CEMAC en 1985 et c'est à partir de 1986 qu'on dispose de certaines
données concernant ce pays aujourd'hui l'un des moteurs de la croissance
dans la sous-région.
30 CD-ROM du world Development indicators (2008)
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