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Environnement psychosocial et attitudes vis-à -vis de la langue maternelle : le cas des adolescents "balengs " de la ville de Yaoundé

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par Heritt Bertran NEMBOT TATIO
Université de Yaoundé I - Maà®trise 2007
  

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5.1.2. Interprétation de l'hypothèse de recherche 2

Notre deuxième l'hypothèse de recherche s'est intéressée à vérifier s'il existe un lien entre l'irrégularité des contacts avec la communauté linguistique  et  l'attitude négative des adolescents balengs de la ville de Yaoundé vis-à-vis de leur LM. Il faut dire qu'il s'est agit de voir si les attitudes des adolescents balengs vis-à-vis de leur LM pouvaient varier en fonction des contacts avec leur communauté.

Le test de corrélation Point-Bisérial nous a permis de parvenir à la conclusion selon laquelle il existe une forte corrélation entre la qualité de contacts avec la communauté linguistique chez nos sujets et leurs attitudes vis-à-vis de la LM. C'est-à-dire que le soit. Le coefficient de détermination indique une proportion de variabilité commune de 70% entre ces deux variables.

Ainsi des séjours réguliers dans son village et les fréquentations des associations culturelles de sa communauté donnent à l'adolescent des occasions de se confronter à sa langue. Car, c'est dans ces différents milieux qu'il aura des occasions de parler cette langue avec les membres de son groupe d'appartenance.

Selon Landry (2001), un vécu langagier qui assure plus de contacts avec la culture et la langue du groupe d'appartenance aura des effets positifs sur le maintien de leur identité ethnolinguistique. Les contacts sociaux ainsi que langagiers en milieu urbain sont essentiellement en langue seconde mais avec une présence forte de la langue maternelle dans certains domaines culturels, celle-ci ne court aucun risque de disparition.

Aussi, Clément (1996) a découvert dans ses recherches qu'il existe un lien entre les variables affectives et contextuelles qui semblent influencer directement les attitudes et les comportements langagiers de l'individu. Selon cet auteur, la confiance langagière est le déterminant immédiat de la motivation individuelle à apprendre et à utiliser tel ou tel code langagier. Cette confiance s'acquiert via les contacts avec l'ingroup.

De même, Landry et Allard (1990), Hamers et Blanc (2000) parlent du réseau individuel de contacts linguistiques comme étant celui qui représente le niveau où s'actualise la majorité des expériences ethnolinguistiques de l'individu. Il consiste en toutes les occasions où les individus peuvent utiliser leur langue maternelle: dans les interactions avec les membres de leur famille, les amis, les voisins, les camarades d'école et les collègues de travail.

5.1.3. Interprétation de l'hypothèse de recherche 3

Notre troisième hypothèse de recherche se proposait de vérifier s'il existe une corrélation entre la mauvaise promotion de la LM et l'attitude négative des adolescents balengs vis-à-vis de cette langue. Les résultats obtenus à l'aide du test de corrélation Point-Bisérial, nous montre qu'il existe une corrélation significative entre les deux variables, car nous avons ou avec une proportion de variabilité commune de 0,53. Cela dit, les attitudes des adolescents balengs de la ville de Yaoundé vis-à-vis de leur LM à 53% de cas varient en fonction de la qualité de la promotion de cette langue.

Ces résultats corroborent avec les propos de Landry (1994) qui fait remarquer qu'un nombre restreint des membres de la communauté sur le plan démographique, un faible capital économique, un nombre limité d'institutions culturelles (écoles, médias, organisations culturelles), un faible capital politique (c'est-à-dire le groupe est peu représenté au sein des institutions politiques) risquent d'enfreindre ou de délimiter grandement le réseau individuel des contacts linguistiques et, par conséquent, l'utilisation de la langue première comme véhicule de la culture d'un groupe ethnolinguistique devient presque impossible.

Ainsi, la promotion sociale d'une langue est une manière efficace de la valoriser. Cette valorisation motive les individus à apprendre la langue, les amène à avoir une perception positive de cette langue. Notons que le plus souvent, les individus aimeraient apprendre une langue pour son utilité. Gardner (2001) dans ses travaux parle de l'orientation instrumentale qui réfère à un besoin chez l'apprenant d'apprendre la langue dans un but pragmatique. Hamers et Blanc (2000) soulignent en effet que, le comportement langagier du bilingue varie suivant un certain nombre de paramètres tels que le statut de la langue, son domaine d'utilisation, le statut des groupes, etc.

Tout ce qui précède s'inscrit en droite ligne avec les recherches de Deci (1975) sur la motivation extrinsèque. Celle-ci survient lorsque l'individu tente d'obtenir quelque chose en échange de la pratique de l'activité. L'activité n'est pas pratiquée pour le plaisir qu'elle apporte, mais pour des raisons souvent totalement externes à l'individu, c'est-à-dire pour ce qu'elle lui rapporte et ceci doit correspondre aux attentes de son entourage.

Des études (Clément, 1984 ; Gardner, 1985) ont effectivement montré que les individus ont une perception positive envers une langue et sont motivés à l'apprendre si elle donne facilement accès à l'emploi et assure la promotion sociale de ses détenteurs. La maîtrise du français apparaît donc indispensable sur le plan économique et social. Cette valorisation du français motive les jeunes à améliorer leur maîtrise de cette langue. Dans notre contexte, la maîtrise de la LM n'assure pas l'épanouissement intellectuel ni économique et social de ses détenteurs. L'épanouissement intellectuel passe par la maîtrise des langues officielles puisque l'école n'autorise pas les LM. Le tableau numéro 30 nous rapporte que 53,4% des enquêtés affirment que lorsqu'il faut faire des choses importantes comme les sciences, la langue baleng devient inutile. Seuls 23,6% affirment le contraire. Aussi, la nécessité de connaître et d'utiliser les langues officielles est souvent en relation avec la possibilité de gagner sa vie. Il n'existe pas de métiers désirables qu'on pourrait exercer avec la langue locale seulement. C'est aussi les langues officielles qui permettent la mobilité géographique des individus. L'appartenance à un groupe de semblables ainsi que la participation à un réseau de communication au sein de ce groupe ne suffisent pas aux individus bien que ce soit très important.

La théorie des motivations de Maslow (1970) établit une hiérarchie de besoins : des besoins physiologiques aux besoins de réalisation de soi en passant par les besoins de sécurité, d'appartenance et d'estime de soi. Dans notre contexte, la LM ne permet pas de satisfaire ces principaux besoins. Il s'agit aussi des besoins d'appartenances. Tout cet ensemble de besoins conditionne ainsi les attitudes des individus vis-à-vis des langues.

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