5.1.2. Interprétation de l'hypothèse de
recherche 2
Notre deuxième l'hypothèse de
recherche s'est intéressée à vérifier s'il existe
un lien entre l'irrégularité des contacts avec la
communauté linguistique et l'attitude
négative des adolescents balengs de la ville de Yaoundé
vis-à-vis de leur LM. Il faut dire qu'il s'est agit de voir si les
attitudes des adolescents balengs vis-à-vis de leur LM pouvaient varier
en fonction des contacts avec leur communauté.
Le test de corrélation Point-Bisérial nous a
permis de parvenir à la conclusion selon laquelle il existe une forte
corrélation entre la qualité de contacts avec la
communauté linguistique chez nos sujets et leurs attitudes
vis-à-vis de la LM. C'est-à-dire que le soit. Le coefficient de détermination indique une proportion de variabilité commune de 70% entre
ces deux variables.
Ainsi des séjours réguliers dans son village et
les fréquentations des associations culturelles de sa communauté
donnent à l'adolescent des occasions de se confronter à sa
langue. Car, c'est dans ces différents milieux qu'il aura des occasions
de parler cette langue avec les membres de son groupe d'appartenance.
Selon Landry (2001), un vécu langagier qui assure plus
de contacts avec la culture et la langue du groupe d'appartenance aura des
effets positifs sur le maintien de leur identité ethnolinguistique. Les
contacts sociaux ainsi que langagiers en milieu urbain sont essentiellement en
langue seconde mais avec une présence forte de la langue maternelle dans
certains domaines culturels, celle-ci ne court aucun risque de disparition.
Aussi, Clément (1996) a découvert dans ses
recherches qu'il existe un lien entre les variables affectives et
contextuelles qui semblent influencer directement les attitudes et les
comportements langagiers de l'individu. Selon cet auteur, la confiance
langagière est le déterminant immédiat de la motivation
individuelle à apprendre et à utiliser tel ou tel code langagier.
Cette confiance s'acquiert via les contacts avec l'ingroup.
De même, Landry et Allard (1990), Hamers et Blanc (2000)
parlent du réseau individuel de contacts linguistiques comme
étant celui qui représente le niveau où s'actualise la
majorité des expériences ethnolinguistiques de l'individu. Il
consiste en toutes les occasions où les individus peuvent utiliser leur
langue maternelle: dans les interactions avec les membres de leur famille, les
amis, les voisins, les camarades d'école et les collègues de
travail.
5.1.3. Interprétation de l'hypothèse de
recherche 3
Notre troisième hypothèse de
recherche se proposait de vérifier s'il existe une corrélation
entre la mauvaise promotion de la LM et l'attitude négative des
adolescents balengs vis-à-vis de cette langue. Les résultats
obtenus à l'aide du test de corrélation Point-Bisérial,
nous montre qu'il existe une corrélation significative entre les deux
variables, car nous avons ou avec une proportion de variabilité commune de 0,53. Cela
dit, les attitudes des adolescents balengs de la ville de Yaoundé
vis-à-vis de leur LM à 53% de cas varient en fonction de la
qualité de la promotion de cette langue.
Ces résultats corroborent avec les propos de Landry
(1994) qui fait remarquer qu'un nombre restreint des membres de la
communauté sur le plan démographique, un faible capital
économique, un nombre limité d'institutions culturelles
(écoles, médias, organisations culturelles), un faible capital
politique (c'est-à-dire le groupe est peu représenté au
sein des institutions politiques) risquent d'enfreindre ou de délimiter
grandement le réseau individuel des contacts linguistiques et, par
conséquent, l'utilisation de la langue première comme
véhicule de la culture d'un groupe ethnolinguistique devient presque
impossible.
Ainsi, la promotion sociale d'une langue est une
manière efficace de la valoriser. Cette valorisation motive les
individus à apprendre la langue, les amène à avoir une
perception positive de cette langue. Notons que le plus souvent, les individus
aimeraient apprendre une langue pour son utilité. Gardner (2001) dans
ses travaux parle de l'orientation instrumentale qui réfère
à un besoin chez l'apprenant d'apprendre la langue dans un but
pragmatique. Hamers et Blanc (2000) soulignent en effet que, le comportement
langagier du bilingue varie suivant un certain nombre de paramètres tels
que le statut de la langue, son domaine d'utilisation, le statut des groupes,
etc.
Tout ce qui précède s'inscrit en droite ligne
avec les recherches de Deci (1975) sur la motivation extrinsèque.
Celle-ci survient lorsque l'individu tente d'obtenir quelque chose en
échange de la pratique de l'activité. L'activité n'est pas
pratiquée pour le plaisir qu'elle apporte, mais pour des raisons souvent
totalement externes à l'individu, c'est-à-dire pour ce qu'elle
lui rapporte et ceci doit correspondre aux attentes de son entourage.
Des études (Clément, 1984 ; Gardner, 1985)
ont effectivement montré que les individus ont une perception positive
envers une langue et sont motivés à l'apprendre si elle donne
facilement accès à l'emploi et assure la promotion sociale de ses
détenteurs. La maîtrise du français apparaît donc
indispensable sur le plan économique et social. Cette valorisation du
français motive les jeunes à améliorer leur maîtrise
de cette langue. Dans notre contexte, la maîtrise de la LM n'assure pas
l'épanouissement intellectuel ni économique et social de ses
détenteurs. L'épanouissement intellectuel passe par la
maîtrise des langues officielles puisque l'école n'autorise pas
les LM. Le tableau numéro 30 nous rapporte que 53,4%
des enquêtés affirment que lorsqu'il faut faire des
choses importantes comme les sciences, la langue baleng devient
inutile. Seuls 23,6% affirment le contraire. Aussi, la nécessité
de connaître et d'utiliser les langues officielles est souvent en
relation avec la possibilité de gagner sa vie. Il n'existe pas de
métiers désirables qu'on pourrait exercer avec la langue locale
seulement. C'est aussi les langues officielles qui permettent la
mobilité géographique des individus. L'appartenance à un
groupe de semblables ainsi que la participation à un réseau de
communication au sein de ce groupe ne suffisent pas aux individus bien que ce
soit très important.
La théorie des motivations de Maslow (1970)
établit une hiérarchie de besoins : des besoins
physiologiques aux besoins de réalisation de soi en passant par les
besoins de sécurité, d'appartenance et d'estime de soi. Dans
notre contexte, la LM ne permet pas de satisfaire ces principaux besoins. Il
s'agit aussi des besoins d'appartenances. Tout cet ensemble de besoins
conditionne ainsi les attitudes des individus vis-à-vis des langues.
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