CHAPITRE 5: INTERPRÉTATION DES RÉSULTATS
ET SUGGESTIONS
5.1. INTERPRÉTATION DES RÉSULTATS DES
HYPOTHÈSES DE RECHERCHE
Avant d'amorcer cette discussion, il nous semble utile de
rappeler que le but de notre recherche est de savoir si l'on peut
établir une relation significative entre l'environnement psychosocial
des adolescents balengs de la ville de Yaoundé et leur attitude
négative vis-à-vis de la langue maternelle.
A partir de nos questions de recherche, ainsi que des
hypothèses qui en découlaient, nous discuterons dans le
présent chapitre des principaux résultats. Dans le but de rendre
plus claire la discussion relative à la vérification des
hypothèses, et aussi afin d'éviter l'effet de redondance, nous
avons décidé de procéder hypothèse par
hypothèse telles qu'elles étaient présentées dans
le chapitre précédent.
5.1.1. Interprétation de l'hypothèse de
recherche 1
Rappelons qu'il s'est agit pour nous dans cette
hypothèse de mesurer la relation qui existe entre l'attitude des
adolescents balengs de la ville de Yaoundé vis-à-vis de leur LM
et la manière dont celle-ci est pratiquée au sein de la famille.
En d'autres termes, il s'agit de répondre à la question de savoir
si la manière dont la langue maternelle est pratiquée au sein de
la famille prédispose les adolescents balengs à une attitude
négative vis-à-vis d'elle.
A partir du test de corrélation Point-Bisérial,
nous sommes parvenus à la conclusion selon laquelle il existe une
corrélation significative entre la manière dont la langue
maternelle est pratiquée au sein de la famille et les attitudes de nos
sujets vis-à-vis d'elle. C'est-à-dire que, le soit. Le coefficient de détermination quant à lui, indique qu'il y a une proportion de
variabilité commune de 50% entre ces deux variables. Partant, moins la
langue maternelle est utilisée par les membres de la famille, en
occurrence les parents, plus l'attitude de nos sujets est négative
envers elle et vice versa. Le milieu familial est le lieu principal en dehors
duquel l'individu ne pourrait acquérir sa langue maternelle. Surtout
dans le contexte urbain où les enfants passent plus de temps avec leurs
pairs qu'avec leurs parents à cause de nombreuses préoccupations
de ces derniers. C'est ainsi que d'après nos statistiques, les attitudes
des adolescents qui en famille ont été plus confrontés
à la LM sont positives à 78,12% des cas alors que celles de ceux
qui ont été moins confrontés ne le sont qu'à 55,65%
donc une différence de 22,47%.
En effet, une étude de Landry et Allard (2000) a
montré dans ce sens que lorsqu'un individu ou un groupe est en situation
de contact des langues, l'attitude positive vis-à-vis des deux langues
(LM et L2 ou) sera privilégié si la LM est largement
favorisée dans le milieu familial et le milieu social étant
donné que l'enfant est fortement scolarisé en L2. Ainsi, la
scolarisation en L2, langue dominante (sur le plan démographique) aura
peu d'effets négatifs sur la compétence cognitive en LM, langue
dominée en raison du haut degré d'interdépendance
LM/L2.
Ainsi, si les enfants qui se trouvent dans un contexte
minoritaire à faible vitalité ethnolinguistique sont fortement
confrontés à la LM et ont des contacts fréquents avec
cette langue dans le milieu familial ils auront non seulement des scores de
compétence langagière plus élevés mais aussi des
attitudes très positives envers l'utilisation de cette langue (Landry et
Allard, op.cit.).
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