2.1.2.3. La structure de l'attitude
Des différentes définitions, il ressort qu'une
attitude est acquise, qu'elle oriente le comportement à l'égard
d'objets dans une direction donnée, que c'est une sorte de disposition
mentale. Cette définition reflète le point de vue mentaliste qui
considère que les attitudes ont une structure multidimensionnelle
comprenant des composantes cognitives, affectives et conatives, qu'elles
influencent le comportement mais qu'elles ne peuvent être
observées directement et que, par conséquent, elles sont
inférées à partir des observations (Rosenberg et Hovland,
1960) :
En bref, le domaine affectif correspond à la
réponse émotive (positive ou négative) qu'une personne
ressent lorsqu'elle est en présence réelle ou
évoquée de l'objet. Cette personne probablement a acquis un
ensemble de connaissances ou de croyances envers cet objet : domaine
cognitif. C'est ici que les représentations sociales,
partagées par le sujet, trouvent leur point d'ancrage dans les
attitudes. La personne a aussi acquis un ensemble de comportements ou
d'habitudes se rapportant à cet objet : domaine comportemental
ou psychomoteur. Pour Rosenberg et Hovland (op.cit.), par exemple si une
attitude comporte ces trois composantes, il devrait exister une certaine
consistance entre elles. Aussi, pour changer une attitude il faudrait
intervenir sur les trois composantes. Un schéma dû à ces
deux auteurs résume les effets d'un stimulus sur ces différentes
composantes de l'attitude :
Fig.1 : Conception schématique des
attitudes d'après Rosenberg et Hovland (1960).
Variables dépendantes
mesurables
Variables intermédiaires
Variables indépendantes mesurables
Réponses nerveuses du système nerveux
sympathique.
Déclarations verbales au sujet des affects
Affects
Stimuli :
Individu, situations, conséquences sociales, groupes
sociaux et autres « objets d'attitudes »
Réponses perceptibles.
Déclarations verbales sur les croyances
Cognitions
Attitudes
Actions manifestes. Déclarations verbales concernant le
comportement
Comportement
Source : Thomas et Alaphilippe,
1993 : 21
Par opposition à l'approche précédente,
une autre approche représentée par Ajzen et Fishbein (1975 ;
2000) et Ajzen (2001) propose une structure unidimensionnelle. Tout en
reconnaissant cette multidimensionnalité dans la relation
attitude-comportement, ces auteurs limitent la mesure de l'attitude à la
seule composante affective et /ou évaluative la considérant comme
un concept relativement simple. Plutôt que de voir les croyances et les
intentions comportementales comme une partie de l'attitude, ils
préfèrent les voir comme des phénomènes qui sont
reliés aux attitudes. Ainsi, selon leur modèle, la composante
conative est définie par l'intention de comportement alors que la
composante cognitive est définie par les croyances; enfin la composante
affective est définie par les attitudes. Cette relation peut être
schématisée comme suit :
Fig.2 : Conception schématique des
attitudes d'après Ajzen et Fishbein
Source : Fishbein et Ajzen,
1975 : 13
Cette distinction a été établie dans un
contexte de mesure des attitudes, en ces termes : «The
concept " attitude" should be used only when there is strong evidence
that the measure employed places an individual on a bipolar affective
dimension» (Fishbein et Ajzen 1975 : 13).
En fait, dans les deux approches on infère
l'idée que les attitudes sont corrélées avec les
comportements.
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