2.1.3. LA NOTION D'ATTITUDE
2.1.2.1. Définition et
caractéristiques
Thurstone (1931, cité par Dufresne, 1992 : 8)
définit l'attitude de la façon suivante :
« L'attitude est la disposition pour ou contre un objet
psychologique. La disposition dans sa forme primitive est décrite comme
une attirance ou une aversion. L'attirance est la forme positive de la
disposition, laquelle dans plusieurs situations compliquées
apparaît comme aimant l'objet psychologique, le justifiant, le
préférant de différentes façons. L'aversion est la
forme négative de la disposition, laquelle est décrite comme
détestant l'objet psychologique, le dénigrant, le
détruisant, ou par ailleurs réagissant contre
lui. »
Dans ce sens, l'attitude ainsi décrite par Thurstone se
définit avant tout par la perception positive ou négative
à l'égard d'un objet psychologique. Être favorable ou
défavorable, être pour ou contre. Elle serait donc
constituée selon lui de la somme des sensations, des idées, des
convictions, des sentiments relatifs à un objet déterminé.
L'attitude peut aussi se définir comme une tendance
relativement stable à répondre à quelqu'un ou à
quelque chose de manière qui reflète une évaluation
(positive ou négative) de cette personne ou chose. Ce sont des tendances
à évaluer une entité avec un certain degré de
faveur ou de défaveur, habituellement exprimées dans des
réponses cognitives, affectives et comportementales.
Cette définition peut être
complétée par un certain nombre de précisions sur la
nature et les caractéristiques des attitudes telle que notées par
Tapia et Roussay (1991 : 15) :
- les attitudes sont dans tous les cas le fruit de
l'expérience au sens d'une confrontation entre la personnalité et
le milieu social, et sont dont pour l'essentiel acquises ;
- elles sont relativement stables ou durables ce qui n'exclut
toutefois pas, des possibilités de changements, de transformations sous
l'influence de certains facteurs ;
- elles sont polarisées, c'est-à-dire soit
positives, soit négatives selon l'objet considéré ou la
stimulation perçue ;
- Il faut enfin noter que l'attitude est une construction
hypothétique ; elle ne peut être directement
appréhendée, de sorte que la mesure nécessite le recours
à un instrument, dit échelle d'attitude, composée d'un
ensemble de questions permettant d'en explorer les différentes
facettes.
2.1.2.2. Formation de l'attitude
Selon certains auteurs (Thomas & Alaphilippe, 1993), la
formation de l'attitude traite des interactions entre organismes sociaux et
milieu. Deux types de conceptions sur la formation des attitudes se sont
développés : d'une part, l'attitude serait
intériorisée dès l'enfance au titre des composantes
stables de la personnalité (origine intrinsèque des attitudes),
d'autre part, les théories soulignent l'importance des groupes de
référence auxquels l'individu est confronté et qu'il va
devoir choisir (origine extrinsèque des attitudes). Dans ce dernier cas,
le développement de l'attitude peut être tributaire de
l'observation des résultats des conduites de tierces personnes dans des
contextes déterminés (apprentissage par observation ou modelage)
ou encore peut dépendre de l'exposition à un discours social dont
le vecteur aura une valeur affective positive pour le sujet.
Généralement, on considère que la construction des
attitudes se fait à la fois à partir des expériences
directes et indirectes des individus et à partir d'apprentissages
à caractère symbolique fondés sur du discours à
caractère formel et informel (Ajzen, 2001). Cette façon de
concevoir la dynamique de construction des attitudes et les relations entre ces
dernières d'une part et, d'autre part, les probabilités de
structuration de conduites stables en fonction tant des expériences
antérieures que des apprentissages symboliques informels que l'individu
réalise tout au cours de son existence s'avère cohérente
avec le modèle sociocognitif de l'apprentissage social (Bandura, 1976,
1982). Si l'attitude peut se définir comme une préparation
à l'action, le comportement relève d'une intention du
sujet qui dépend à la fois de sa propre évaluation
à l'égard de sa conduite et de celle qu'il prête à
son entourage (Fishbein et Ajzen, 1975).
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