2.1.1.2.2. La politique linguistique du Cameroun
La politique linguistique d'un pays est la manière dont
l'État gère l'utilisation des langues présentes dans tous
les secteurs de la vie nationale conformément à l'idéal
gouvernemental et aux objectifs socio-économiques et culturels à
atteindre.
Pour Ngalasso (1981: 281), « avoir une politique
linguistique, c'est d'abord prendre conscience que la langue est un fait de
culture et un facteur de développement économique et social tout
à fait primordial, c'est ensuite chercher à harmoniser les
objectifs de communication et d'éducation en langues nationales avec le
projet général de développement. »
L'idée d'un État - Nation sur le modèle
européen (une nation = une ethnie = une langue) fut importée au
Cameroun vers la fin du 19ème siècle par le
gouvernement colonial allemand. Elle fut ensuite consolidée sous le
mandat français, puis reçue comme un précieux
héritage par le gouvernement du Cameroun nouvellement
indépendant. Sur le plan linguistique, l'objectif visé dans la
création de l'État - Nation était l'imposition d'une seule
langue à l'ensemble du pays. Sous le mandat puis la tutelle
française (1916 -1960) par exemple, la politique linguistique a
été celle de la francisation sans équivoque contre une
marginalisation sans exception des langues locales des domaines
générateurs de prestige et de revenus économiques, afin de
tenir ces langues et leurs locuteurs à l'écart de toute
participation au développement du pays (Bitjaa Kody, 2001). Les
Constitutions de la République Fédérale (1961) et de la
République Unie (2 juin 1972) furent adoptées dans le même
esprit, mais dans le but déclaré de préserver l'Etat -
Nation et l'unité nationale si durement acquis.
La Constitution de la République du Cameroun du 18
janvier 1996 est la première depuis l'indépendance du pays en
1960, à porter une mention des langues nationales en son titre premier,
article premier, alinéa 3 qui stipule que:
° La République du Cameroun adopte l'anglais
et le français comme langues officielles d'égale valeur.
° Elle garantit la promotion du bilinguisme sur toute
l'étendue du territoire.
° Elle oeuvre pour la protection et la
promotion des langues nationales.
La Loi No 98/004 du 14 avril 1998 d'Orientation de
l'Éducation au Cameroun, consécutive à la Constitution de
1996, préconise l'insertion de l'enseignement des langues nationales
dans le système éducatif camerounais, dans le but d'assurer leur
survie propre et celle des cultures qu'elles expriment d'une part, et dans
l'objectif de (Titre I, Article 5) «former des citoyens
enracinés dans leur culture, mais ouverts au monde d'autre
part. »
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