2.1.1.1.2. La diversité linguistique comme
patrimoine de l'humanité
Si une langue n'est pas juste un simple contenant, elle a
aussi un contenu culturel et artistique particulier. Ainsi comme la
biodiversité, la diversité linguistique est une
caractéristique importante des richesses de l'humanité.
« Une langue vaut bien une cathédrale, un château,
une épopée, une symphonie, une théorie
philosophique... » (Launey, op.cit. : e-text). Ceci veut
dire en particulier que toute langue a droit à être
valorisée mais aussi et surtout que vouloir éradiquer une langue
est une forme de vandalisme, et que l'absence de toute politique de
préservation ou de valorisation ressemble à ce qui se passe quand
on laisse un monument tomber en ruine. Il incombe donc aux États
nationaux de se donner les moyens de préserver ce patrimoine en donnant
à l'ensemble des langues parlées par leurs citoyens les moyens de
continuer à vivre en tant que langue : c'est-à-dire,
à permettre aux locuteurs d'assurer la transmission
intergénérationnelle sans avoir l'impression de rendre un mauvais
service à leurs enfants, et à adopter des politiques
d'aménagement linguistique qui permettent entre autres à ces
langues de prendre le tournant de la modernité.
2.1.1.1.3. La langue maternelle comme socle de
l'acquisition des connaissances.
D'après Launey (op.cit.), si la langue maternelle est
la première expérience qu'un être humain fait du langage en
général, alors le bon sens pédagogique veut que cette
expérience soit menée jusqu'au bout, et même soit soutenue
par l'institution scolaire. Une persécution ouverte ou larvée des
langues maternelles dans le cadre scolaire est notoirement contre-productive
car elle crée un mal-être cognitif et identitaire (puisque cela
est une façon de dire en gros à l'enfant : "tout le travail
intellectuel que tu as accompli dans l'acquisition de ta langue n'a servi
à rien, ce n'est pas une vraie langue, tu dois tout recommencer à
zéro !"), et surtout elle crée un mal-être
vis-à-vis du langage en général, si l'enfant est
amené à concevoir la diversité linguistique comme un
domaine conflictuel, dans lequel sa naissance l'a mis du côté des
perdants. De ce point de vue, selon Launey (2006 : e-text), «
la persécution de la langue maternelle est beaucoup plus grave, car
elle a probablement des conséquences cognitives plus critiques ; et
l'institution scolaire devrait accepter l'idée qu'en développant
une langue maternelle autre que le français, les futurs citoyens ne
menacent pas plus la République que ceux qui écrivent de la main
gauche... » En tout état de cause, il faut assurer une
présence scolaire des langues maternelles chaque fois que cela est
possible, et ce, surtout dans les petites classes, c'est-à-dire à
l'âge où le langage n'est pas complètement
stabilisé, avec comme perspective de former, non des
néo-francophones mal à l'aise dans leur bilinguisme, mais des
bilingues équilibrés sachant développer harmonieusement
une double compétence.
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