Section 4. De l'analyse les facteurs d'exclusion au
sein de la population de Koumban
Le facteur socio-culturel d'exclusion est de l'ordre de la
survivance de certaines pratiques liées à la croyance
traditionnelle locale. Ainsi, la chefferie est un privilège exclusif des
familles fondatrices du village particulièrement les Condé, comme
l'affirme un agriculteur : « ici ne peuvent être chef que
ceux qui sont Condé, et tous les autres en sont exclus » et
Doukouré (1990) nous dit : « Pour atteindre ce premier
rang, il fallait remplir certaines conditions : être
âgé, avoir de l'expérience, être sage et
mériter la confiance collective, être franc et surtout impartial.
Le chef du village était choisi au sein de la lignée
fondatrice ». Les Djéli sont eux aussi exclus des
cérémonies de sacrifice des mines, pour des raisons de croyances
locales.
Par ailleurs, nous constatons que 76,92% des femmes
enquêtées ne participent pas à la prise de décision
dont 53,84% pour la raison du genre, et 46,16% pour des raisons diverses,
comme l'origine familiale et l'analphabétisme. Cela est dû au
poids de la tradition qui pèse encore sur la communauté, comme le
dit une femme « nous n'avons pas vu cela avec nos parents, ici ce
sont les hommes qui décident » et un chef coutumier de 90
ans, d'expliquer que « c'est une affaire d'hommes, les femmes et
les enfants n'ont rien à y faire ou dire, si les chefs des cinq clans
décident, c'est ce que tout le monde doit accepter et
obéir ». Les cinq clans sont les principales familles
fondatrices du village ; elles ont une origine commune, ce sont Niamana,
Djinkono, Missassila, Saladou et Döyan. Djinkono est le clan le plus
âgé.
Nous voyons aussi, pour la même raison que la
majorité des hommes qui se déclarent exclus aux prises de
décisions, estiment qu'ils le sont à cause de leur origine
familiale et de leur jeune âge. Cette affirmation est appuyée par
DOUKOURE, 1990 « Dans la société traditionnelle de
Koumban, la gérontocratie reste la politique du pouvoir. Un ensemble de
vieux sages dirigeait toutes les activités politiques. Ces vieux
formaient ce qu'on appelle le conseil du village. Toutes les décisions
provenaient d'eux concernant la bonne marche de la communauté. Ils
détenaient le pouvoir politique et même juridique ».
Le déplacement des querelles politiques sur le terrain
social provoque des dissensions et favorise l'exclusion de certains groupes
ethniques et sociaux serait dû au manque de la maturité politique
de la population, qui est quelque fois instrumentalisée par les hommes
politiques qui consciemment ou inconsciemment véhiculent leur message
dans un langage quelque fois tendancieux réveillant des vielles
querelles sociales.
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