Section II : Présentation de la commune
rurale de Koumban
La commune rurale de Koumban est l'une des 12 communes rurales
de la préfecture de Kankan; elle est située à 35 Km
à l'Ouest du chef lieu de la préfecture et est
limitée à l'Est par la commune urbaine de Kankan, à
l'Ouest par la Sous Préfecture de Kiniéro, au Nord par la Sous
Préfecture de Gbéredou-Baranama au Sud par celle de Moribaya.
Située entre 10°13' de latitude Nord et 9°28' de longitude
Ouest (Archives CR, 2010). Elle est située sur la route nationale
N°6 Kissidougou-Kankan. La sous préfecture a été
crée par le décret No 517/ PRG du 4 novembre 1976, sous la
première république (TRAORE, 1987).
La CR couvre une superficie d'environ 600 Km² (3,03%, de
Kankan) et compte une population estimée à 16 614 habitants
(6,33%, de la population totale de la préfecture de Kankan) dont 10.267
femmes, repartie dans 24 secteurs groupés en cinq (5) districts qui
sont : Koumban I, Koumban II, Kandaya, Lani-ninki et Makonon.,
érigé en CRD en 1992 (PACV-2009). Et depuis 2010, à
l'instar des autres CRD du pays, elle est devenue commune rurale avec
l'adoption, pendant la transition, de la nouvelle constitution et le nouveau
code des collectivités décentralisées. Le premier
responsable élu à la tête de la CRD qui portait jadis le
titre de président est désormais le maire de la commune
rurale.
Le relief de Koumban se présente sous forme d'un
ensemble de plateaux et de plaine dont l'altitude moyenne est de 400m, le mont
Koumban-Kourou est le point culminant de la localité, situé
à l'ouest du village de Koumban. Le paysage est monotone avec quelques
collines éparses. On distingue une basse terrasse rarement atteinte par
les eaux d'inondation. Le climat est de type tropical sec ou continental
tropical. Les précipitations sont inférieures à celles des
localités du sud, diminuées par les actions anthropiques de la
destruction de la couverture végétale. Les températures
sont élevées et fort changeantes au cours de l'année.
L'année se divise en deux saisons d'inégale durée :
une saison sèche qui s'étend de Novembre à Avril et une
saison pluvieuse couvrant tout le reste de l'année. Il faut signaler que
la saison sèche devient de plus en plus longue, qui est le
résultat de la perturbation climatique (DOUKOURE, 1990).
La CR de Koumban est l'une des plus arrosées de la
préfecture. En plus des fleuves Milo et Niandan qui la ceinturent elle
compte près d'une vingtaine de rivière à
l'intérieur. Parmi lesquelles on peut citer : Dyèdè,
Sédékou, Sombi et Ninki... L'hydrographie de Koumban est
constituée de cours d'eau dont l'alimentation est en partie
assurée par les précipitations qui sont saisonnières,
connaissant leurs crues en hivernage précisément en
Août-Septembre et leurs basse eaux et étiage en saison
sèche de Janvier à Avril. Le réseau hydrologique est
composé de deux (2) principaux cours d'eau, tous affluents du
Milo : le Sombi et le Dyèdè, qui reçoivent à
leur tour des sous affluents qui augmentent le débit vers l'aval. Ils
prennent tous deux leurs sources au pied du mont Koumban-Kourou, au nord-ouest
du village. Le premier passant par l'Ouest rejoint le Milo aux environ du
village de Kassa ; le second se jette dans le Milo autour de Sakorola
à l'Est. Il coule du Nord-Ouest vers le Nord, reçoit le
Yarakörö à gauche et le Sédékoun à droite
(DOUKOURE, 1990).
Les sols de Koumban est en deux groupes : les sols
ferralitiques peu fertiles et rencontrés sur des surfaces planes et des
plateaux ; et les sols alluvionnaires caractérisés par les
sols hydro-morphes rencontrés le long des fleuves qui sont relativement
plus riches que les premiers. La couverture végétale
présente les vestiges d'une forêt dégradée, mais
elle se range dans la savane herbacée où les reliques des grands
arbres montrent l'action de l'homme sur le couvert végétal. Les
essences végétales s'adaptent à la longue
sécheresse ; pour puiser de l'eau en profondeur du sol, les troncs
sont recouverts d'une écorce épaisse, les feuilles sont
étroites et caduques : ce qui entraine la diminution de la perte
d'eau par évaporation physiologique. Il faut signaler également
l'existence des forêts galeries le long des cours d'eau et un
développement du couvert végétal sur les flancs de
montagnes, ces forêts sont généralement verdoyantes en
hivernage et desséchantes particulièrement en saison
sèche. Les principaux arbres sont : le Karité, le
Néré, le Baobab, le Tali, le Kobi....
La faune était très riche et variée dans
le Koumban traditionnel, mais de nos jours elle devient de moins en moins riche
par la suite de la chasse incontrôlée et les feux de brousse.
Cependant on rencontre des gros gibiers (buffles ; lions ;
hippopotames...), les petits gibiers (biches ; phacochères ;
porcs-épics ; écureuils ;...) les reptiles et les
Oiseaux.
A l'image de la préfecture de Kankan, la population de
Koumban s'est elle aussi installée suite aux
pérégrinations successives des populations que l'Afrique
occidentale a connu au cours du Moyen Age.
Les Korogba furent les premiers à
occuper cette zone vers le Xème siècle, cette population
primitive n'existe plus dans le Koumban actuel elle a été soit
assimilée ou repoussée par les nouveaux venus. Seul les couteaux
appelés `'Korogba-muru'' attestent leur passage par là.
Les Bamanan venus probablement entre le
Xème et XIIème siècle du Ghana sous la direction de
Djigbrisara et Aridyiama fuyant le prosélytisme islamique et la
sécheresse, trouvant là une terre propice à l'agriculture
ils s'y sont installés mais ils n'ont jamais édifié un
pouvoir centralisé. Eux aussi ne se rencontrent plus de nos jours.
Les Maninka : venus au XVème
siècle du vieux Manding. Ils y constituent le substratum ethnique. Ils
ont pour activité principale l'agriculture. A sein de cette population,
les familles rencontrées sont : les Condé, les Camara, les
Kourouma et les Traoré tous venus de par petites vagues de peuplement de
Toron (Faraban) et de Ségou (République du Mali). Les raisons de
l'immigration Maninka dans la localité seraient liées à
l'instabilité que connaissait l'empire Manding, les populations ont
cherché asile dans le Sud, certains ont occupé le Nord-est du
pays dont Koumban ; donc l'occupation de Koumban est l'une des
séquences de migration mandingue en direction du Sud.
· Les Condé : fondateurs du village,
originaires de Ségou (République du Mali) d'où ils sont
partis suite à la mort de Fininkrimba Condé. Ses fils se sont
exilé dans le Batè, ils se sont installés d'abord à
Sanankoroni situé entre l'actuel Sèkoro et Dalala ; puis
à Béréla-Dana ensuite Sakorola et plus tard ils finiront
par occuper temporairement Solitu avant que Soma, l'ainé, et ses
frères découvrent la terre de Koumban jugée plus propice
à l'agriculture et la chasse.
· Les Camara : venus de Faraban (Toron) sous la
direction de Faraban Camara et de Bandyan Camara au début du
XVIIIème siècle attirés par les terres agricoles.
· Les Traoré : qui s'y installeront vers la
seconde moitié du XVIIIème siècle, eux aussi sont
agriculteurs originaires de Faraban.
· Les Kourouma : ces talentueux forgerons
quittèrent Solitu à la seconde moitié du XVIIIème
siècle. Ils furent les dernières populations à habiter
Solitu. Ce sont les ancêtres des forgerons de Koumban.
Les peulhs : arrivés vers la
première moitié du XXème siècle, ces peulhs
éleveurs seraient venus du Fouta Djallon et du Macina. En effet,
menacés par les voisins cultivateurs dont les champs étaient
fréquemment dévastés par les troupeaux, ces hommes ont
été repoussés en direction du Nord Est. Un autre
contingent est venu du Fouta Djallon s'installer à Koumban à un
moment relativement récent dont la principale activité est le
commerce, (Traoré, 1987).
Nous retiendrons que l'occupation de Koumban par ces
différentes populations s'est faite par vagues successives de peuplement
et qu'il est fort probable qu'elle ait débuté au Xè
siècle pour se poursuivre jusqu'au XVIIème siècle (date de
l'installation des Maninka) et prit fin au XXème siècle, avec
l'arrivé des Peulhs. (DOUKOURE, 1990).
L'activité principale de la CR est l'agriculture
caractérisée par le nomadisme agricole. La terre est une
propriété collective. Les instruments de production sont assez
rudimentaires. Deux types de cultures y sont adoptés : la culture
extensive et la culture intensive. Les principales cultures sont les
céréales (riz, fonio, maïs...), les tubercules comme le
manioc et l'igname qui sont les habitudes alimentaires de la population, et la
patate ; les oléagineux (arachides), les cultures potagères
(oignons). (PACV, 2009).
Après l'agriculture l'élevage est la seconde
activité qui occupe la population et chaque famille dispose d'un moyen
de bovins, de caprins, d'ovins et de volailles Il se pratique
traditionnellement et la production est essentiellement destinée
à la consommation et à la commercialisation. Les boeufs sont
utilisés pour le labour. L'élevage est une
activité très importante à Koumban, l'élevage du
petit bétail est l'affaire de toute la population. Par contre le gros
bétail revient surtout aux Peulhs du Fouta qui sont numériquement
très faibles. Toutefois il faut signaler que l'élevage a un
caractère extensif et caractérisé par le nomadisme
pastoral. Les problèmes rencontrés dans ce
secteur sont, les maladies animales et les conflits récurrents entre les
éleveurs et les agriculteurs de la localité. La
chasse est pratiquée de façon traditionnelle à Koumban et
on note l'existence des confréries de chasseurs qui veillent sur
l'organisation des Battues. Cependant les techniques et les méthodes de
chasse pratiquée sont néfastes pour la faune et l'environnement
(DOUKOURE, 1990).
Chaque district dispose des artisans (forgerons, potiers,
tisserands etc....) et fabriquent couramment la houe, la hache, la charrue, les
mortiers, les vans les lits en raphia et sont parfois érigés en
groupement. L'augmentation du rendement agricole, les besoins en
matière d'infrastructures de base reste un problème majeur pour
la CR de Koumban (PACV, 2009).
Aujourd'hui, bien qu'étant une activité
récente dans la CR, la mine devient de plus en plus importante car elle
est devenue de nos jours la seconde activité des populations
après l'agriculture. Elle est basée sur l'extraction artisanale
de l'or des mines qui se trouvent dans la vallée Ouest de la chaine du
mont Koumban Kourou. La population et particulièrement les femmes,
s'adonne à l'exploitation artisanale de l'or. Cette recherche de l'or
est pratiquée essentiellement en saison sèche ;
d'après les informations recueillies sur place, cette exploitation a
commencé à l'époque Samoryenne. Et après une longue
interruption de plusieurs générations et après avoir
tombée dans l'oublie, elle a repris vers le milieu des années 80'
par les femmes le long des ruisseaux qui coulent du mont Koumban Kourou. Cette
situation a continué jusqu'en 2009, l'année à laquelle les
hommes se sont intéressés à cette activité. Les
sondages se sont élargis dans toute la vallée située sur
la partie ouest de la montagne, dans une mine au milieu d'une forêt
anthropique très dégradée et peu sécurisée.
La mine a attiré des orpailleurs des autres contrés comme
Mandiana, Kérouané, Siguiri et de Kankan ville.
Dans la société traditionnelle de Koumban, la
gérontocratie reste la forme du pouvoir. Un ensemble de
vieux sages dirigeaient toutes les activités politiques. Ces vieux
forment ce qu'ont appelle « le conseil du village » avec
à sa tête le SOTI KEMO. Toutes les décisions provenaient
d'eux concernant la bonne marche de la communauté. Ils détenaient
le pouvoir politique et même juridique. Le `' Kabila'' ou tribu et la
famille sont les principaux recours du Koumban-Ka. (DOUKOURE, 1990).
La participation de l'ensemble de la population aux prises de
décision, à l'élaboration et au suivi-évaluation
des projets de développement n'est pas effective. Mais de nos jours ce
pouvoir traditionnel côtoie avec ceux de la décentralisation et de
l'administration déconcentrée dans une harmonie quasi
parfaite.
La toponymie de Koumban est sujette de controverse, plusieurs
thèses sont avancées pour expliquer la source du mot
« KOUMBAN », mais nous retiendrons celles qui
affirment : que le village tire son nom de la montagne qui surplombe le
village appelée Koumban-Kourou suite à l'altération du mot
`'Kourouba-Körö `'qui signifie sous « la grande
grotte » ; ou une espèce d'oiseaux
`'Kouman-Könö'' qui abondait sur la montagne qui fut appelée
«Kuman-Kuru » qui veut dire la colline des Kuman. Cette
dernière est soutenue par DOUKOURE (1990) et TRAORE (1987). Mais celle
qui semble être la plus plausible est celle qui est avancée par le
doyen Fadouba CONDE (81 ans), qui conteste les premières assertions et
affirme que: le nom de Koumban vient de deux mots Mandingue, KOUN=
résider et BEN= seoir ou convenance ; c'est-à-dire lieu de
résidence convenable pour une vie humaine providentielle par sa richesse
naturelle et la compatibilité avec le monde invisible; et le mot
KOUNBEN, devint plus tard Koumban par altération pour le nom la
localité.
Tableau 3.1
Division Politico-Administrative de la CR de
Koumban
DISTRICTS
|
SECTEURS
|
Koumban I
|
Koumban I, Yarakörö, Gbéléma.
|
Koumban II
|
Koumban II, Koumban Koura.
|
Makonon
|
Djomakaba, Dalala, Sakoröla, Sanankorö,
Sèkorö, Kassa, Kökoudouma, Morigbèdou, Sonnadamang, et
Talikourani.
|
Kandaya
|
Kandaya Centre, Maramoriah, Yarakorö, Laninkorö,
Soumairy.
|
Lani-Ninki
|
Lani-Ninki, Folon, Férédou, Brassa.
|
Source : Enquête de terrain, 2011
|