II. L'IMPACT ENVIRONNEMENTAL
L'impact de l'orpaillage sur l'environnement s'observe sous deux
volets. Il s'agit de la pollution et la déforestation.
II.1 La pollution
La pollution se répercute sur les sols, les eaux et
l'environnement. Les minerais traités sont pollués par les
détergents, les hydrocarbures ainsi que le mercure, le cyanure et les
acides utilisés lors des différents traitements. Les sols
analysés révèlent une pollution du sol en chrome et en
cadmium. Ces métaux ont pour origine la roche mère. Ces
échantillons contiennent aussi du mercure et du cyanure issus des
traitements chimiques de l'or. Ces métaux lourds contenus dans les
minerais polluent et rendent le sol inapte à l'agriculture.
En plus de l'usage des détergents, du cyanure, des
acides sulfuriques et nitriques, la mauvaise gestion des hydrocarbures
contribuent à la pollution des sols. L'utilisation non
contrôlée des produits chimiques entraîne la pollution de
l'air par évaporation, des eaux de surfaces par ruissellement et des
eaux souterraines par infiltration. Cette contamination des
eaux se répercute sur les végétaux par
l'absorption des polluants par les plantes. De ce fait, la faune est
contaminée par la consommation des végétaux
infectés. La pollution de la nature a pour origine principale
l'orpaillage à travers l'usage des produits chimiques et du retournement
du sol. Les eaux évacuées après traitement ne
répondent pas aux normes d'évacuation des eaux dans les cours
d'eau. Les analyses d'eau de traitement après cyanuration CYN2 (tableau
4) révèlent une forte pollution en nitrates, nitrites, sodium, en
cyanure totaux, en cuivre, en nickel. Ces différentes valeurs sont
respectivement supérieures aux normes d'évacuation des eaux dans
les cours d'eau. Les eaux de rivière ER1, ER2, l'eau de l'amalgamation
or-mercure (E1) et l'eau de cyanuration CYN2 contiennent toutes une
concentration excessive en mercure (tableau n°5). La présence du
mercure dans les cours d'eau s'explique en partie par sa présence
naturelle dans les roches, mais surtout par l'usage
généralisé du produit dans les sites artisanaux du
département. Les deux cours d'eau reçoivent l'eau de
ruissellement du site de Fofora. Ce site et les autres du département
sont à l'origine de la pollution chimique des rivières.
II.2 La déforestation
Elle est caractérisée par des poches de
clairière définies par des lignes de puits d'orpaillage. Certains
arbres sont déracinés de suite des travaux (photo n° 20).
Autour du campement, on observe des arbres dépourvus de leurs branches.
Il s'agit essentiellement du néré et du karité. Ces
plantes restent ainsi durant un long temps infructueux. Après le passage
des orpailleurs un environnement artificiel et inculte se crée. En
effet, la concentration du minerai ou des haldes sépare les
éléments grossiers des éléments fins. Les rejets
fins sont compacts et imperméables à l'eau donc inaptes à
l'agriculture tandis que les éléments grossiers ne retiennent pas
l'eau et ne permettent pas le développement des végétaux
(photo n° 21).
Photo n° 20 : karité déraciné
par Photo n° 21: rejets de lavage des
l'orpaillage haldes incultes
Cliché : SAWADOGO Edith décembre 2009
La déforestation évolue avec la
découverte de nouvelles lignes d'orpaillage. De même, à
travers la coupe du bois pour la construction des habitats, la cuisine,
l'agriculture et le soutènement, le site de Fofora favorise non
seulement la déforestation dans les villages voisins mais aussi dans
tout le département. Seule la cyanuration est considérée
comme dangereuse pour l'environnement et la santé par les orpailleurs.
Par conséquent, aucune action de préservation et de
réhabilitation de l'environnement n'est entreprise. En plus, l'ignorance
de certains autochtones traduit une certaine tolérance des actions sur
la coupe du bois et l'usage des produits chimiques. Selon le conseiller du
village de Gbelféléla, le retournement des sols et la cyanuration
fertilisent le sol. Seul le coté économique de l'activité
est perçu. Néanmoins, il reconnaît leur danger pour la
santé humaine et faunique.
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