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L'impact de l'exploitation artisanale de l'or : cas du site de Fofora dans la province du Poni.

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par Edith SAWADOGO
Université de Ouagadougou - Maà®trise 2011
  

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III. PERSPECTIVES ET SUGGESTIONS

L'orpaillage est une activité qui prend de l'ampleur dans le département de Kampti. La découverte d'un site d'orpaillage dans une localité engendre l'abandon de l'école par la majorité des élèves, une dépravation des moeurs, des divorces, un taux d'infection à VIH élevé. L'état sanitaire des orpailleurs et des populations se détériore à cause de la pollution progressive de l'environnement. Cette détérioration progressive compromet le développement socio-économique durable du département. De nouveaux sites sont fréquemment découverts et aussitôt abandonnés quand les gains sont faibles. Ces sites, du fait du retournement du sol et de l'usage des produits chimiques, restent durant des années inaptes à l'agriculture. Un usage des bio-accumulateurs comme le mercure et les métaux lourds polluent l'environnement à court, moyen et long terme. A la longue, la pollution de l'environnement peut favoriser l'apparition de maladies liées aux bio-accumulateurs comme le saturnisme. Après l'orpaillage, une grande partie du site de Fofora sera inapte à toute activité agricole si aucune action de désinfection n'est entreprise. Les populations autochtones seront sans doute exposées à la consommation d'eaux souillées par les polluants fécaux, les métaux lourds et les produits chimiques. L'après orpaillage sur les différents sites pourrait être une catastrophe pour les autochtones si aucune précaution n'est prise. Pour cela, il est urgent de trouver des solutions appropriées.

En effet, des mesures urgentes sont à envisager afin de préserver l'avenir du site de Fofora et du département. Toute amélioration des conditions sanitaires et environnementales est conditionnée par une sensibilisation des orpailleurs et des habitants des villages voisins ainsi

que du chef-lieu de département de Kampti surtout. Une simple sensibilisation des orpailleurs sans les autochtones serait vaine du fait de l'interaction qui existe entre eux.

Pour réduire les problèmes de santé sur le site, une prise de décision juridique de la part des autorités étatiques serait bénéfique. L'octroi d'un permis d'exploitation artisanale devrait être conditionné par la réalisation d'une étude d'impact environnemental et social. Une décentralisation du contrôle des sites d'orpaillage vers les départements par la mise en place d'un comité de suivi du respect des normes sur les sites d'orpaillage minimiserait les conséquences de l'orpaillage.

Le respect des normes de fonçage de 1,5 m entre deux puits consécutifs et une restauration des puits après fonçage et lavage du stérile devraient être exigé. Cela favoriserait la baisse des risques d'accidents par effondrement puis la pollution des eaux de surface par les métaux lourds et les produits chimiques. La restauration des puits empêchera aussi la stagnation des eaux servant de nids de vecteurs pathologiques. Après la fermeture, les puits doivent être recouverts de terre arable puis d'un éventuel reboisement des zones dénudées. Sur cette lancée les orpailleurs doivent s'organiser à faire des campagnes de reboisement annuelle durant les mois de fermeture du site d'or. Pour ce reboisement, il serait souhaitable d'utiliser des espèces dépolluantes, c'est-à-dire des plantes consommatrices de métaux lourds et d'autres produits chimiques.

Il faudrait récupérer les branches les plus résistantes ayant servi au soutènement des puits abandonnés ne serait-ce qu'au bord pour les utiliser dans les nouveaux puits, et recycler celles qui ne servent plus au soutènement pour des fins de bois de chauffe.

Il est nécessaire d'interdire l'usage de la dynamite afin de réduire la fragilisation du substratum et donc des éboulements. De même l'usage de la motopompe pour l'exhaure doit être fait avec plus de précaution en vu de diminuer la pollution directe des nappes par les hydrocarbures. Un temps minimum de 20 mn doit passer avant l'entrée des ouvriers dans les puits après l'exhaure ou le dynamitage afin d'éviter d'éventuelles asphyxies.

Le traitement au cyanure doit être purement et simplement interdit sur le site de Fofora. Depuis juin 2010, le cyanure est interdit sur le site. Ce qui est une belle initiative. Afin de parfaire cela, les rejets de minerai traité chimiquement doivent être neutralisés. Cette neutralisation consiste à arroser le tas avec une solution basique pendant 24h et le rejeter au bout de 4 à 6 mois. Le cyanure résiduel peut être éliminé par de l'hypochlorite de calcium avant tout rejet dans la nature.

Il faudrait veiller au respect de la parcellisation du site d'habitation et, à travers la police économique, à son respect rigoureux. Cela doit contribuer à délimiter les zones de traitement,

de logement, de restauration et de commerce. Un respect du réaménagement environnemental aura sans doute des conséquences positives sur la santé des orpailleurs et des populations des villages voisins.

Malgré la fermeture du site d'extraction pendant les mois de juillet, août et septembre, les efforts de soutènement des puits et galeries, les orpailleurs restent victimes d'éboulement. Une meilleure organisation des activités pendant cette période pourrait éviter certains dégâts. Cette organisation va consister en une surveillance et une alerte générale en cas de pluie ou de danger externe.

Sur le plan hygiénique, il faudrait conscientiser les orpailleurs sur l'importance de l'hygiène individuelle et collective. Ils devraient faire bouillir l'eau des puits avant toute consommation directe. Ce comportement contribuera à la baisse de l'infection bactérienne et parasitaire liée à l'eau. Les responsables du site devraient procéder à un traitement des eaux de puits pour éliminer certains métaux lourds.

Les creuseurs devraient emporter avec eux, sur les lieux de l'extraction, le matériel nécessaire à la vaisselle. Chaque individu devrait veiller à avoir une bonne hygiène corporelle. Cinq ans après l'organisation du site de Fofora, une organisation structurelle pertinente permettra une circulation plus aisée. La construction des habitats à au moins 2 mètres d'intervalle permettra d'éviter les incendies d'ampleur. Cette réorganisation doit tenir compte d'un dépotoir unique des ordures en aval du site. Une construction des logements et des toilettes en banco amélioré contribuerait à minimiser les incendies et la contamination des eaux souterraines. La construction des toilettes devrait se faire en aval du site et loin des puits alimentaires. Il faudrait creuser des puits et les couvrir afin d'éviter leur contamination par les eaux de ruissellement et le vent.

Pour l'usage du mercure, il faudrait faire comprendre ses méfaits et ses modes d'absorption dans le corps humain. Par la sensibilisation, on devrait amener les orpailleurs à éviter l'amalgamation par une personne ayant des blessures sur les mains. Cela pourrait amoindrir l'absorption cutanée du mercure à travers la main. Une amalgamation par frottement avec des instruments plus adaptés pourrait annuler cette absorption. Une proposition d'utilisation du « retort » à déjà été faite par M. ZONOU S.E en 2005 sur le site de MaménaFofora sans effet. Jusqu'à présent cet instrument reste inconnu par les raffineurs. Pour cela, il faudrait sensibiliser les acheteurs et insister sur les conséquences sanitaires et environnementales du mercure puis sur les bienfaits économiques et sanitaires du « retort ». Le « retort » est un instrument qui sert à brûler l'amalgame or-mercure dans un circuit fermé. Le gaz de mercure ne s'échappe pas dans la nature donc n'est pas absorbé par les raffineurs et

n'est pas emporté par l'air. Le mercure condensé dans est réutilisé pour d'autres amalgamations. Les entrées et les sorties de mercure doivent être contrôlées par un comité de gestion. Son stockage et sa vente devraient être canalisés.

Pour un meilleur suivi des maladies sur les sites d'orpaillage, il faudrait renforcer les capacités du Centre Médical (CM/Kampti) en moyens financier et matériel nécessaire au suivi et à la prise en charge des patients. Une notation du nom du site d'origine des patients orpailleurs permettra de suivre finement l'évolution des maladies sur les sites afin de prendre des décisions appropriées pour chaque site. Il faudrait faire cas de l'origine précis des orpailleurs dans le registre mensuel. Afin de faciliter l'accès à la médication, la mise en place d'une pharmacie ambulante par le CM/Kampti contribuerait à la baisse de l'automédication.

Dans le cadre de la lutte contre les IST/SIDA, des sensibilisations sont déjà faites sur le site d'or de Fofora par la PROMACO et d'autres structures oeuvrant dans ce sens. Une extension dans les villages voisins et dans le chef-lieu Kampti, permettra de toucher plus de personnes. Dans cette même logique, il serait nécessaire d'instaurer dans les écoles et le lycée de Kampti, un programme sur les inconvénients de l'orpaillage sur la santé et sur l'avenir du milieu physique et humain.

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"Enrichissons-nous de nos différences mutuelles "   Paul Valery