II. LES MALADIES LIEES AUX CONDITIONS DE VIE
Le manque d'infrastructures d'aisance, d'eau potables, la
nature des habitats et la consommation d'amphétamines concourent
à l'apparition et à la propagation de certaines maladies
liées à l'eau et des maladies comportementales.
II.1 les maladies liées à l'eau
L'eau est un élément vital, mais peut aussi
être à l'origine de plusieurs types de maladies. On distingue les
maladies digestives dues à la consommation d'eau souillée et le
paludisme dû à la stagnation de l'eau.
II.1.1 Les maladies digestives
Il s'agit de toutes maladies pouvant entraîner des
troubles de l'appareil digestif et engendrant une évacuation anormale
des selles. Elles sont causées par des bactéries, des virus ou
des parasites qui vivent le plus souvent dans l'eau. On distingue les
diarrhées non sanglantes, les diarrhées sanglantes, les
parasitoses, les gastrites et les ulcères.
Le registre de santé révèle que les
affections digestives les plus fréquentes sont respectivement les
parasitoses, les diarrhées non sanglantes, les gastrites, les
ulcères et les diarrhées sanglantes qui touchent aussi bien les
orpailleurs que les non orpailleurs.
Ces maladies sont observées chez les différents
acteurs du site. Sur les 131 enquêtés, 10 personnes soit 7,6 %
souffrent régulièrement de problèmes digestives. Parmi les
10 personnes, 2 soit 20 % sont des ouvriers de puits, 10 % des transformateurs
mécaniques, 40 % des laveurs de minerai et 30 % sont des personnes
enquêtées hors de leur lieu de travail. En effet, ces maladies
occupent une seconde place par rapport aux maladies traumatiques et les
infections respiratoires. Ils sont exposés aux maladies digestives
à cause du manque d'hygiène. Durant les travaux, les eaux
malsaines des puits sont consommées et utilisées pour la cuisine
par les creuseurs et les laveurs de stérile. Dans le campement, les eaux
de puits infectées par les coliformes totaux, les coliformes
termotolérants, les Escherichia coli, les streptocoques fécaux
etc. (Tableau n°11 en annexe) sont aussi consommées. Aucun
acteur du site n'est épargné par ces maladies. Dans une moindre
mesure, les raffineurs qui consomment l'eau minérale sont les moins
exposés. L'eau souillée apparaît ainsi comme un vecteur de
transmission des maladies.
II.1.2 Le paludisme
L'eau stagnante insalubre est propice au développement
de vecteurs du paludisme. En effet, le paludisme est une maladie parasitaire,
la plus fréquente et la plus mortelle dans le monde. L'agent causal est
le plasmodium, un parasite unicellulaire. C'est une maladie vectorielle dont le
vecteur est un moustique, l'anophèle. L'agent pathogène accomplit
une partie de son évolution dans l'anophèle et une partie dans le
corps humain. L'anophèle femelle est un réservoir indispensable
à la transmission et à la propagation du paludisme. Elle à
deux cycles de vie. Une phase aquatique de 7 jours à 5 semaines selon
les espèces, et une phase aérienne d'environ une semaine chez le
mal, d'une à deux semaines pour la femelle. La majeure partie de la vie
de l'anophèle se passe donc en milieu aquatique. La présence de
retenues d'eau insalubre favorise sa prolifération. La population du
site participe à leur prolifération à travers le
dépôt de déchets ménagers, la stagnation des eaux de
toilettes de fortune et celle des eaux de puits d'orpaillage abandonnés.
L'ensemble des problèmes sanitaires rencontrés sur le site
fragilise les orpailleurs et les expose au paludisme. Ce dernier est le premier
motif de consultation des orpailleurs dans le Centre Médical de Kampti.
Sur l'ensemble des enquêtés, 18,3% soit 24 individus souffrent
fréquemment de paludisme. Les individus enquêtés hors de
leurs lieux de travail représentent 54,2 % (13 personnes) des 18,3%, les
laveurs 25% (6 personnes), les creuseurs 16,7 % (4 personnes) et 4,2% (1
personnes) de transformateurs mécaniques (tableau n°14 en annexe).
L'usage d'une moustiquaire n'est pas un souci pour les orpailleurs. Les
insecticides pouvant provoquer des incendies sont utilisés en lieu et
place des moustiquaires.
|