III. LES RISQUES LIES AUX CONDITIONS DE VIE
En fonction des conditions de vie, on identifie le risque
d'incendie, les risques liés à l'eau et à l'alimentation
et le risque lié à la consommation d'amphétamines.
III-1 Les risques d'incendie
Le caractère mobile des orpailleurs fait qu'ils se
construisent des habitats de fortune leur permettant de se déplacer sans
avoir à laisser de bien matériel sur le site. En effet, bien
qu'étant recouvert par du plastique (photo n°16), ces habitats de
Seko restent fragiles et exposent ainsi ses occupants aux vents froids. Ce type
d'habitat, dans une zone où la pluviométrie est abondante,
confronte ses occupants aux vents froids des périodes fraîches,
à la poussière de l'harmattan ainsi qu'aux pluies
accompagnées de vents violents des saisons pluvieuses. En outre, le
risque d'incendies est très élevé surtout pendant la
saison sèche en raison des vents et de la nature des matériaux de
construction.
Photo n° 16 : l'habitat orpaileur
Cliché : SAWADOGO Edith, décembre 2009
Le site d'orpaillage de Fofora est connu pour les incendies
criminels qui font beaucoup de victimes. Dans la plupart des cas, les incendies
font des victimes sur le plan vital et financier. C'est le cas de l'incendie de
janvier 2006 qui à causé la perte d'environ 100 millions de
francs CFA. Les incendies sont soit volontaires soit involontaires. Les
incendies volontaires sont souvent dus à des règlements de compte
entre hommes pour des questions de rivalité. Le
garçon malheureux avec l'aide de ses amis mettent le
feu au domicile de la fille en question. Quant aux incendies involontaires, ils
sont causés à des moments d'inattention des
ménagères lors de la préparation des repas, ou par
l'explosion de bouteilles de gaz servant à l'alimentation des
congélateurs. Sous l'effet du vent, le feu non maîtrisé se
propage rapidement dans les autres habitats.
III-2 Les risques liés à l'alimentation
Il s'agit du risque lié à l'utilisation de l'eau et
à la consommation des aliments.
III-2.1 le risque lié à l'eau
L'eau est un élément indispensable à la
vie. Par la variation de sa qualité, elle peut être un facteur de
maladie. Sur les sites d'or où le problème d'eau potable est
crucial, les populations sont contraintes à la consommation d'eau
souillée pouvant engendrer des pathologies. A travers le mode de vie et
les activités sur le site, les eaux de puits sont infectées par
les organismes microbiologiques, physicochimiques et les éléments
métalliques.
L'absence d'infrastructures hygiéniques, la
proximité des douches publiques par rapport aux puits augmentent le
risque de contamination microbiologique. Pour avoir une protection optimale des
puits d'eau de boisson contre les eaux de toilettes, une distance minimale est
exigée. Selon TANDIA A. et al. (1999) cités par YAMEOGO S.
(2008), cette distance minimale puits/latrines est de 48 mètres.
Cependant, la plupart des toilettes publiques du site sont à une moyenne
de 4 mètres des puits (EPY2 photo n°17). Cette pollution s'explique
aussi par la mauvaise gestion des ordures ménagères,
l'état non protégé des puits et l'absence
d'infrastructures d'aisance amenant les individus à se soulager non loin
du site.
Photo n° 17 : puits alimentaire
à proximité des douches de fortune
Photo n° 18 : eaux de puits servant au lavage
des haldes et à la boisson
Puits
Cliché : SAWADOGO Edith, février 2010
En effet, les déchets sont transportés par le
vent et les eaux de pluie dans les puits d'approvisionnement situées
dans le campement et dans la zone d'extraction. La plupart des puits en zone
d'extraction servent à la fois au lavage du minerai et à la
boisson (photo n°18). Cela facilite le drainage d'un grand nombre de
polluants microbiologiques par l'eau de lavage. La présence de plusieurs
microorganismes augmente le risque d'infection d'origine hydrique. Selon
PETELON J.L ZYSMAN K. (1993), la présence d'un petit nombre de
coliformes (1- 10/100 ml) dans les eaux souterraines non traitées n'a
une signification réduite sur le plan sanitaire, que lorsqu'elle
s'accompagne de coliformes fécaux ou thermo-tolérants. Pourtant,
l'analyse microbiologique révèle à la fois une
présence de coliformes totaux, de coliformes thermo-tolérants et
d'Escherichia coli. La présence de ces différentes
bactéries est souvent indicatrice de la présence de certains
virus nocif pour la santé. Une seule absorption de l'eau infectée
par ces bactéries peut entraîner la contamination.
Dans leur composition physicochimique et métallique,
les eaux du site sont impures à la consommation. Ces eaux contiennent
des éléments chimiques issus du traitement, des différents
hydrocarbures et des piles usées. Elles contiennent aussi des
métaux lourds dont l'accumulation à long terme dans l'organisme
peut entraîner des cancers.
Les eaux analysées sont impropres et consommées
par la majeure partie des orpailleurs. A titre d'illustration, sur les 35
ouvriers enquêtés, 26 creuseurs soit 81,3% consomment l'eau de
puits sur les sites d'extraction et d'habitation. Par contre, 2
préparateurs mécaniques sur 35 soit 6,7% seulement consomment ces
eaux. Concernant les laveurs, environ 18 individus soit 58,1% boivent l'eau des
puits. Plus de 8,6% soit 8 sur 35 personnes enquêtées hors de leur
lieu de travail, consomment l'eau des puits. Quant aux acheteurs
installés dans le comptoir, 6 personnes sur 10 affirment boire l'eau
minérale vendue sur le site en provenance de Gaoua. Cependant la
réalité est tout autre sur le terrain. Car selon les
observations, excepté les raffineurs, presque 96% des orpailleurs
utilisent régulièrement l'eau de puits pour la boisson, les
travaux domestiques et la restauration.
En plus du risque sanitaire hydrique lié à la
consommation, la stagnation des eaux de toilette (photo n°19), constitue
également des comportements à risque, car elles constituent des
nids de larves de moustiques, vecteurs de nombre de pathologies comme le
paludisme, la dengue et la fièvre jaune. Le risque lié à
la stagnation de l'eau est l'apparition et la persistance des maladies
vectorielles.
65 Photo n° 19: eau de toilette favorable au
développement des moustiques
Cliché : SAWADOGO Edith, juillet 2009
En plus des eaux de toilette, les puits d'orpaillage
abandonnés après le fonçage, constituent des nids de
vecteurs pathologiques. Ces puits retiennent les eaux de pluies et de la nappe
phréatique, constituant de ce fait des nids d'anophèles
femelles.
La pollution des nappes souterraines en microorganismes, en
éléments physicochimiques et en métaux lourds, affecte les
puits des villages voisins. Cela expose aussi les autochtones d'une
manière ou d'une autre aux risques sanitaires hydriques.
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