II.2 les risques encourus par les transformateurs
mécaniques
A l'image des creuseurs, très peu sont les
préparateurs mécaniques qui utilisent un moyen de protection. Sur
les 30 enquêtées, seulement 4 personnes soit 13,4% se
protègent avec des lunettes ou un cache-nez. Ce pourcentage ne concerne
que les meuniers, la protection chez les concasseurs étant nulle. La
poussière soulevée lors du concassage est directement
inspirée par les concasseurs. Ils sont sujets de blessures par marteau
ou par projection du minerai concassé. Les jets de pierre, bien que
prévenus par l'usage de noeud de sac, entraînent souvent des
blessures des membres et des yeux. Le faible taux de protection des meuniers
favorise une absorption continue de la poussière et du mercure venant du
minerai. Aussi, sontils sujets d'une exposition continue à la
fumée de la machine et du polissage de certaines de ses pièces.
En effet, la fumée du polissage de certaines pièces « la
melle », dégage une fumée très toxique causant des
problèmes de respiration chez les mouliniers.
Les concasseurs sont surtout exposés à la
poussière et aux projections de pierres. Quant aux mouliniers, en plus
de la poussière, ils sont exposés à la fumée, aux
vapeurs mercuriques qui se dégagent lors du broyage des rejets et aux
blessures dues aux accidents de démarrage.
II.3 les risques encourus par les laveurs du minerai et les
raffineurs
C'est dans la concentration que le mercure est utilisé
pour la première fois dans la chaîne d'extraction de l'or
filonien. Le risque majeur à ce niveau, est l'absorption cutanée
et orale du mercure lors de l'amalgamation or-mercure. L'usage prolongé
de l'eau, les petites blessures sur les mains des suites d'accidents de travail
et le fait de frotter l'amalgame ormercure à main nue (photo n°13),
fragilisent les mains de l'amalgameur et augmente le degré d'absorption
cutanée du mercure.
60 Photo n° 13: amalgamation or-mercure du
concentré à main nue
Cliché : SAWADOGO Edith, décembre 2009
Avant de le brûler au chalumeau, l'amalgame est
pressé à l'aide d'un mouchoir afin d'éliminer l'eau qu'il
contient. Cette eau est aspirée par certains laveurs, d'où une
absorption orale du mercure. Le mélange soulève de la
poussière qui est respirée par ces acteurs. Le seul moyen de
protection est le foulard. Le taux de protection reste aussi faible dans cette
étape du traitement. Il s'élève à seulement 3,2%
soit 1 personne sur un total de 31 enquêtés. Dans les hangars de
traitement, les laveurs ne sont pas les seuls exposés au mercure. En
effet, les détentrices de hangar qui aident les laveurs avec de l'eau et
du matériel, travaillent avec leurs enfants à bas âge
(moins de 5 ans). Ces femmes disposent, sous leurs hangars, de boules de
mercure dans des sachets plastiques qu'elles donnent aux clients en cas de
déficit. Ces boules constituent un danger pour les enfants qui peuvent
les avoir accidentellement à leur portée. Les rejets qui sont la
propriété de ces femmes et les concentrés obtenu du lavage
des haldes sont additionnés à du mercure qu'elles
mélangent à mains nues avant la mouture. Ces actions exposent les
laveurs, les femmes et leurs enfants ainsi que les riverains à
l'absorption cutanée et nasale du mercure. Il arrive parfois que les
détentrices de hangars utilisent les bassines qui ont servi à
l'amalgamation pour la vaisselle. Cette pratique entraîne aussi
accidentellement une absorption orale et cutanée du mercure par les
propriétaires de hangar et les riverains.
L'amalgamation est généralement suivie du
raffinage par les acheteurs. Les propriétaires de l'or extrait,
assistent au raffinage pour éviter tout vol. Ces personnes (acheteurs et
vendeurs) sans aucune protection, sont exposées à la vapeur
mercurique qui s'échappe. Ce gaz mercurique dégagé sous
l'effet de la chaleur est très nocif pour les hommes, les animaux et
l'environnement. Les raffineurs sont les plus exposés du fait de leur
proximité avec le gaz.
L'absorption nasale est souvent à long terme la cause de
troubles comportementaux chez les raffineurs surtout.
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