II. LES RISQUES SANITAIRES LIES A L'ORPAILLAGE
L'orpaillage expose ses acteurs à des risques divers.
Selon l'étape de l'exploitation, on distingue les risques encourus par
les « creuseurs », les transformateurs mécaniques, les laveurs
et raffineurs, ainsi que les risques encourus par les employés de la
cyanuration.
II.1 : les risques encourus par les « creuseurs »
de puits
Les moyens d'extraction utilisés par les «
creuseurs » les exposent à des menaces. Les dangers physiques
majeurs des creuseurs sont les risques d'asphyxie par gaz de motopompes ou de
dynamite et les risques d'éboulement de puits et de galeries. En effet,
l'usage de la motopompe et de la dynamite dégage des gaz toxiques
polluants comme le gaz carbonique (CO2) et l'azote qui appauvrissent la
qualité de l'air et de l'eau des puits. En zone de montagne où
les roches sont généralement plus dures, les éboulements
sont facilités par le dynamitage qui fragilise le substrat. Dans les
zones basses par contre, ils sont dus à la tendresse des roches. Ces
accidents font plus de victimes pendant et en fin de saison pluvieuse pour
cause du non respect des dates de fermeture officielle des sites d'orpaillage.
Généralement, ceux qui perdent la vie dans les éboulements
sont les « Topomanes ». Ces derniers sont des orpailleurs qui entrent
dans les puits, souvent abandonnés, en l'absence de cordes de secours.
Ils sont considérés par les autres comme des pilleurs de filon.
L'asphyxie quant à elle touche tous les « creuseurs ». Elle
est plus fréquente car l'usage de la motopompe est régulier. Les
individus les plus touchés par les asphyxies sont ceux qui mettent en
marche la motopompe dans le puits et ceux qui y entrent quelques minutes
seulement après son arrêt. Les cas d'asphyxie sont souvent
bénins, mais peuvent entraîner des pertes en vie humaine. C'est le
cas en 2009 où 6 personnes ont perdues la vie sur une même ligne
(ligne de Dagara) par asphyxie. Les victimes d'accidents bénins sont
soignées en les faisant boire du lait concentré sucré.
Les victimes d'asphyxie et d'éboulement sont
gardées secret depuis la noyade des 35 « creuseurs » sur le
site de Konkera dans le Noumbiel en août 2008. Ces accidents ne sont
observés que chez les creuseurs, mais il peut arriver que des visiteurs
(vendeurs ambulants)
fassent partie de ces victimes d'éboulement. Le poids
exercé par ces derniers sur les parties externes des galeries peut
engendrer l'effondrement des puits en entraînant les visiteurs au fond du
gouffre.
Outre ces accidents, les creuseurs sont confrontés
à la poussière et à l'humidité. La faiblesse des
moyens de protection (figure n°5) facilite l'absorption de cette
poussière.
Figure n° 5: moyen de protection des
creuseurs
% 100
60
40
20
80
0
Cache-nez
gans
Moyens de protection
pas de protection
Source : enquêtes de terrain
Pour les enquêtés, l'état des puits
(manque de lumière et d'aération) ne les encourage pas à
utiliser des moyens de protection. Les seuls moyens sur le site d'extraction
restent le cache-nez et les gans. Les taux d'usage sont respectivement de 2,9%
soit 1 personne sur 35 enquêtés et 14,3% soit 5 personnes. Ces
moyens ne sont utilisés qu'à l'extérieur des puits.
La poussière absorbée et l'humidité
constante dans les puits les exposent à des maladies respiratoires
aiguës. Cette poussière dégagée par le fonçage
des puits est directement inspirée par les creuseurs. Les particules
grossières se déposent dans les poumons et entraînent des
maladies respiratoires. En plus de la poussière du fonçage, les
ouvriers de puits travaillent souvent dans la boue ou dans l'eau de la nappe
phréatique. Après 12 heures de travail dans l'humidité,
ils se reposent au bord des puits, à même le sol et dans la
fraicheur par manque d'habitat à proximité. La constance du
travail dans la boue les expose à une absorption cutanée des
éléments chimiques constitutifs des roches. Aussi, sont
exposés les « creuseurs » aux piqures des bestioles qui ont
pour refuge les puits et les galeries pendant la saison des pluies.
En somme, les « creuseurs » de puits sont
exposés aux éboulements, aux asphyxies, à l'absorption
cutanée des éléments constitutifs des roches, à la
fraicheur, à la poussière du minerai et aux morsures de
reptiles.
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