Conclusion générale : synthèse et
recommandations
Synthèse globale...
Cette étude avait pour objectif global d'établir
un état des lieux détaillé sur les conditions de travail
des enfants issus des ménages agricoles. Le point sur les
théories et travaux empiriques entourant la problématique du
travail des enfants a permis de cerner les contours des questions qui ont
été traitées par la suite.
L'analyse de la participation des enfants aux
différentes activités économiques, et plus
généralement de l'allocation de leur temps, a permis
d'établir les faits stylisés du travail des enfants au Burkina
Faso, en Côte d'Ivoire et au Mali. L'écrasante majorité des
enfants issus des ménages agricoles est active. Le Burkina Faso et le
Mali se distinguent de la Côte d'Ivoire, s'agissant des taux
d'activités : plus de neuf enfants (respectivement huit enfants) sur dix
travaillent dans ces deux premiers pays (respectivement en Côte
d'Ivoire). Les secteurs d'activités concernés sont divers.
L'agriculture vient en première position, occupant près d'un
enfant sur huit (8) dans les trois pays. Ensuite vient le secteur des
activités domestiques qui occupe à peu près la
moitié des enfants. Le secteur des activités économiques
autres qu'agricoles reste peu sollicité, avec toutefois, une relative
prépondérance en Côte d'Ivoire où près d'un
enfant sur trois y est actif.
La typologie qui s'en est suivie a permis d'aboutir à
certains résultats essentiels. En fait, l'écrasante
majorité des enfants travaille en violation des normes internationales
telles qu'édictées par l'OIT. Le taux de non-conformité
est particulièrement élevé au Burkina Faso (99%), la
Côte d'Ivoire et le Mali n'étant toutefois pas bien loin (95%). La
non-conformité des travaux pratiqués par les enfants est le plus
souvent inhérente à la précocité des âges de
début d'activité, mais aussi au caractère pénible,
forcé ou obligatoire de ces travaux. Aussi, le taux d'enfants astreint
aux pires formes de travail reste à des niveaux non négligeables
: le Mali vient première position (un enfant sur cinq), suivi par la
Côte d'Ivoire (19%) et le Burkina Faso (13%). Cependant, c'est surtout la
dangerosité du travail que ce défaut de conformité met en
évidence. Les fortes proportions d'enfants s'adonnant à des
activités dangereuses sont révélatrices de cet état
de fait : plus de 96% au Burkina Faso et en Côte d'Ivoire, et près
de 87% au Mali.
L'essentiel de ces résultats a été soumis
à une évaluation empirique par des
méthodes économétriques. La mise en oeuvre d'une
série de modèles a permis de se rendre compte en ce qui
concerne, en particulier, le travail non "léger", que la
nationalité de l'enfant, sa perception
de l'éducation, son lieu de naissance et son lien de
parenté, mais aussi le niveau d'instruction de ses parents, le sexe du
chef de ménage et le mode décision sur les finances au sein du
ménage n'impactent pas significativement la probabilité qu'un
enfant a de travailler.
Au terme de cette étude, et au regard des
résultats obtenus, il apparait que les objectifs ont été
globalement atteints. La pertinence des hypothèses de recherche a pu
faire l'objet d'une évaluation a posteriori.
- Conformément à la première
hypothèse que l'étude de l'ampleur et des caractéristiques
du phénomène de travail des enfants dans les trois (03) pays,
permet de procéder à posteriori à une classification en
deux (02) groupes : la Côte d'Ivoire d'une part, et le groupe Burkina
Faso - Mali, d'autre part. Ce résultat semble prévisible, car il
obéit à la structure socioéconomique de ces pays qui fait
ressortir, a priori, cette classification.
- Le niveau de pauvreté n'influence le travail (non
léger) des enfants qu'en Côte d'Ivoire. Le sens de cette influence
permet de confirmer l'axiome du luxe (Basu & Van, 1998) puisque les
ménages pauvres semblent faire participer relativement plus leurs
enfants à la force de travail. Toutefois, au Burkina Faso et au Mali, la
pauvreté semble avoir un impact négatif sur la prévalence
du travail des enfants. Ce résultat qui semble contredire l'axiome de
luxe doit tout de méme être fortement nuancé voir
délaissé. En effet, la pauvreté ne joue pas dans ces deux
(02) pays un rôle explicatif significatif du phénomène du
travail des enfants. La deuxième hypothèse n'a donc pu être
validée que pour le cas particulier de la Côte d'Ivoire.
- La propension d'un enfant à travailler ne
dépend pas du niveau de scolarisation du chef de ménage. La
troisième hypothèse n'est donc pas validée. Quel que soit
le niveau d'instruction du chef de ménage, l'entrée
précoce des enfants dans le marché de travail semble demeurer une
donne stable impactée par d'autres facteurs.
- Dans les trois pays, les choix de participation aux trois
(03) types d'activités sont interdépendants. Ces décisions
sont liées, des liens de complémentarité ayant pu
être mis en évidence. La quatrième hypothèse est
ainsi confirmée.
Plus globalement, il apparait du point de vue des facteurs
explicatifs du travail des enfants, que la réalité du travail des
enfants est beaucoup plus étroitement lié aux normes
socioculturelles au Burkina-Faso et au Mali alors qu'en Côte d'Ivoire,
c'est surtout des facteurs économiques qui en sont la cause.
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