IV.3 Facteurs explicatifs des pires formes de travail
: mise en oeuvre d'un modèle séquentiel
IV.3.1 Explication de la démarche analytique
L'objet de cette section est de procéder à une
explication sur des bases empiriques, de la typologie des enfants travailleurs
non légers suivant qu'ils effectuent ou pas, un travail sous les pires
formes.
Pour ce faire, il faudra procéder à une
stratification séquentielle de la population d'étude afin de
tenir compte des états successifs qui prévalent à la
classification sur des bases de pires formes de travail. Le Graphique
18 (en annexe) montre l'"arbre de décision obtenu" et fait
ressortir les différents niveaux de séquences. Les chances pour
un enfant d'effectuer un travail sous les pires formes vont en grandissant, en
descendant de l'arbre60 (du haut vers le bas). L'étude
s'intéresse particulièrement au dernier niveau et tentera
d'identifier les facteurs qui favorisent les pires formes de travail des
enfants dans les trois (03) pays. A chaque noeud de l'arbre, la
"décision" de participation est estimée selon un modèle
logistique. Cela revient donc à estimer des modèles logistiques
en tenant compte des biais de sélection introduits par
60 De (1) à (4).
la décomposition de la population en sous-groupes
agencés de manière séquentielle (Gourieroux,
1989)61.
IV.3.2 Interprétation et discussion des
résultats
Le Tableau 39 (en annexe) synthétise
les résultats obtenus sur le dernier niveau des séquences
précédemment définies. Il porte sur les facteurs
explicatifs des pires formes de travail des enfants en tenant compte des effets
induits par les différentes transitions constatées.
A travers l'analyse des variables significatives, plusieurs
enseignements peuvent être tirés. Les plus importants sont les
suivants :
· Au Burkina Faso, les enfants dont les parents tirent
principalement leur revenu d'un travail salarié ont 15 fois plus de
chance d'être astreints à un travail sous ses pires formes
(travail forcé). Ceci peut être expliqué par le fait que
ces parents obligent leur enfant à travailler dans les champs,
puisqu'ils n'ont pas assez de temps à consacrer aux activités
champêtres, l'essentiel de leur revenu provenant d'autres types de
travail. Par ailleurs, le phénomène des pires formes de travail
serait beaucoup plus fréquent dans les zones de moyennes
intensités d'émigration.
· En Côte d'Ivoire, les enfants âgés
de 10 à 14 ans ont environ 45% de chance de moins d'être
contraints aux pires formes de travail qui touchent surtout les 15-17 ans. Il
en est de même pour les enfants vivant seulement avec leur mère.
Par ailleurs, les enfants issus de ménages dont le revenu principal
vient d'une profession libérale semblent moins exposés.
· Au Mali, le fait pour un enfant de ne vivre ni avec
son père ni avec sa mère, le préserve des pires formes de
travail. Par ailleurs, lorsque leurs parents tirent leur revenu principalement
d'une profession libérale, les enfants ont moins de chance d'être
soumis à aux pires formes de travail.
En clair, les facteurs explicatifs de l'exposition des enfants
aux pires formes de travail ne sont pas les même d'un pays à
l'autre. Par ailleurs, il apparait que le niveau de pauvreté ne semble
pas être une cause des pires formes de travail des enfants dans ces trois
(03) pays. En effet, les ménages pauvres ne semblent pas être plus
exposés à ces formes de travail comme le suggère la non
significativité de la variable "classe de pauvreté" dans les
trois (03) pays étudiés.
61 La procédure seqlogit sous
stata 10.0 sera utilisée (Maarten, 2007). Seule l'analyse du dernier
niveau de noeud (identifiant les facteurs explicatifs des pires formes de
travail des enfants) sera faite. Les résultats d'estimations sur les
noeuds antérieurs sont mieux pris en compte dans les modèles
logistiques globaux.
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