Paragraphe 2: Le modèle ISLM-BP et les dilemmes
de politique économique
A- Le modèle IS-LM en économie ouverte
Le modèle IS-LM de HICKS et HANSEN décrit
l'équilibre de sous emploi afin de rendre compte de la théorie
keynésienne. La courbe IS présente les
conditions d'équilibre sur le marché des
produits et LM présente les conditions d'équilibre sur le
marché de la monnaie.
Le modèle ISLM-BP élaboré par Mundell et
Fleming a étendu ce raisonnement au cas d'une économie ouverte
avec les hypothèses sur la nature du change et le degré de
mobilité des capitaux. La droite représentative de
l'équilibre externe est BP. Elle est fonction du revenu et du taux
d'intérêt (i). La balance globale est composée de la
balance des transactions courantes qui est fonction du revenu (Y) et de la
balance des capitaux qui est fonction du taux d'intérêt.
La droite BP dont la pente dépend de la propension
marginale à importer et du degré de mobilité des capitaux
est croissante dans le système d'axe (i ; y). Une augmentation de Y
(revenu) entraîne une augmentation des importations, ce qui suscite un
solde négatif de la balance commerciale obligeant à relever le
taux afin que l'entrée des capitaux compense les sorties dues aux
importations de marchandises. L'équilibre externe (BP) peut-être
au dessous (excédent externe), ou au dessus (déficit externe) de
l'équilibre interne (ISLM). En retenant comme objectif de politique
économique le plein emploi et l'équilibre externe, nous pouvons
graphiquement représenter quatre situations de
déséquilibre : inflation et déficit externe ;
inflation et excédent externe ; chômage et déficit
externe ; et enfin chômage et excédent externe.
La maîtrise des mécanismes de politique
économique et la connaissance de la portée réelle des
instruments utilisés sont nécessaires. Cela implique une
adéquation entre le choix des types d'instruments et celui des types
d'objectifs à atteindre. Pour avoir un équilibre interne et
externe il est nécessaire de faire recours aux instruments comme la
politique monétaire et celle budgétaire d'où naît le
dilemme de politique économique car en tenant compte du régime
de change la résolution d'un déséquilibre peut
entraîner un autre.
B- Dilemmes de politique économique
Les dilemmes de politique économique résultent
de la possible contradiction entre l'équilibre interne et
l'équilibre externe. Les différentes combinaisons des
déséquilibres (interne et externe) conduisent à l'une des
quatre situations ci-dessus évoquées. Ainsi donc, il y a dilemme
de politique économique lorsque la politique pour corriger un
déséquilibre conduit à l'aggravation de l'autre. Ceci pose
le problème lié au choix, à l'affectation et à la
combinaison des politiques conjoncturelles en économie ouverte. Les
travaux du professeur ALBERT ONDO
OSSA (2001) sur les dilemmes de politique économique en
pays sous développé nous aideront à étayer nos
réflexions sur la pertinence du modèle de Mundell et de Fleming
dans la présente étude.
En effet, à en croire l'auteur, les politiques
initiées dans le cadre des Programmes d'Ajustement Structurel (PAS) sont
source de dilemmes. Ceci est dû au fait que les objectifs de politique
économique sont mal ordonnés et l'affectation des instruments aux
objectifs est non rationnelle. Selon le principe de cohérence de
Tinbergen que la politique économique consiste en la manipulation
délibérée d'un certain nombre d'instruments à des
fins précises. Cette théorie préconise autant
d'instruments que d'objectifs. En ce qui concerne le choix des instruments
à en croire ALBERT ONDO OSSA (2001) trois types de politiques sont
envisageables en vue d'obtenir des équilibres interne et externe. Il
s'agit de : politique budgétaire restrictive, politique
monétaire restrictive et politique de change axée sur la
dévaluation. Etant donné que les mêmes instruments peuvent
autant servir à la stabilisation interne (lutte contre l'inflation et le
chômage) qu'à l'ajustement externe (l'équilibre de la
balance extérieure), il se pose inévitablement un problème
de choix que pouvait élucider le modèle théorique de
Mundell Fleming. Ce modèle encore appelé principe d'efficience
montre qu'en cas de change fixe et en tenant compte des avantages comparatifs,
les instruments de politique économique à savoir politique
budgétaire et politique monétaire sont envisageables. Ainsi il
revient à affecter la politique budgétaire à la
stabilité (équilibre interne) et la politique monétaire
à la maîtrise de la balance des
paiements (équilibre externe). La politique
monétaire permet d'attendre le plein emploi si les capitaux sont
internationalement mobiles et sensibles aux taux d'intérêt. Ce qui
n'est toujours pas vérifié dans les pays en développement.
Ainsi à partir du modèle de Mundell Fleming on comprend la
manipulation que l'on peut faire du taux de change surtout en change fixe.
De tout ce qui précède, s'il est vrai que la
détermination du taux de change réel d'équilibre n'est
chose facile en raison des nouveaux facteurs non quantifiables tels que les
psychologiques ; un consensus est retrouvé au sein des
économistes et qui atteste que les déterminants fondamentaux tels
que les termes de l'échange,le degré d'ouverture de
l'économie, l'afflux des capitaux ,le taux international
d'intérêt, les dépenses publiques en biens non
échangeables, le prix international de biens importables, le taux des
droits de douane ,l'absorption totale peuvent mieux expliquer le niveau de taux
de change d'équilibre au sein d'une économie toutes chose
égale par ailleurs.
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